Il était venu le temps où Jean devait connaître le GRAND SUCCÈS, l’oeuvre dont parlerait le Tout Paris, ce fut La Cage aux folles. Le duo Poiret-Serrault s’était de nouveau réunis et Jean rêvait d’écrire une comédie dont les rôles principaux leur seraient réservés .
Le sujet qui lui vint en tête semblait bien scabreux. En effet l’homosexualité était quelque peu tabou et en faire le thème d’une pièce comique et parfois sentimentale, se montrait très risqué. Néanmoins, il se jeta à l’eau. Lors d’une interview, il s’expliqua : « Les ressorts du comique sont en général des personnages ordinaires dans des situations cocasses. J’ai pris le contre-pied ! ».

Collections A.R.T.
À aucun moment de la pièce, l’auteur ne se moquait du couple homosexuel, au contraire, il chercha à le rendre sympathique et naturel, face à des situations imprévues et parfois hilarantes. Néanmoins, Jean, qui jouait l’un des deux personnages, était si inquiet qu’il n’installa pas confortablement sa loge, pas de tableaux aux murs, pas de meubles inutiles. Quant à Jean-Michel Rouzière, le directeur du Palais Royal, il s’angoissait à tel point qu’il prévoyait déjà de remplacer La Cage aux folles par quelques représentations du Misanthrope. Il avait même établi la distribution : Jean Poiret jouerai Philinthe, Michel Serrault Oronte, François Périer Alceste et Caroline Cellier Célimène.
Avec un immense plaisir il dut renoncer très vite à ce projet. La Cage aux folles fut le TRIOMPHE des triomphes. Le 1er février 1973 restera une date historique dans l’histoire du Théâtre.

La Cage aux folles
Michel Serrault et Jean Poiret
(photo Lipnitski)
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J.M. Rouzière reconnut qu’au « Au départ, la pièce a connu le public traditionnel du théâtre. Puis, il a débordé sur celui de province. Nous avons des demandes de petites bourgades organisant un week-end à Paris dont La Cage aux folles sera « la sortie ». Par ailleurs, il reste difficile d’obtenir des places, et, bien que certains aient réussi à revenir deux fois, avec des amis de passage, d’autres attendent encore ».

La Cage aux folles, décor d'André Levasseur
Maquette reconstituée
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La comédie tint la scène pendant plus de cinq ans, ce qui représente environ 1.500 représentations. Lors de l’une d’entre elles, une spectatrice fut prise d'un tel fou rire inextinguible que, prise d’un malaise, elle mourut dans la salle.
En 1978, une version cinématographique franco-italienne de La Cage aux folles fut tournée par Edouard Molinaro, avec Ugo Togniazzi dans le rôle interprété parJean Poiret.

De 1980 à 1998, La Cage aux folles fut le film étranger le plus programmé aux Etats-Unis
Et comble de bonheur, le 19 novembre 1978, Jean et Caroline eurent la joie de voir naître leur petit garçon Nicolas. « Bon sang ne saurait mentir » dit le proverbe. Nicolas deviendra comédien comme ses parents.
cf Quelques pièces
Jean-Michel Rouzière était à la fois directeur du Théâtre du Palais Royal et des Variétés
Philippe Durant Jean Poiret éditions First document 2015