Emmanuel BERL lui commande pour Marianne un article par semaine, cette collaboration va durer
du 22 mars 1933 à1938. Certains articles anti-hitlériens furent assez violents. Pour Marianne, il
fréquente assidûment les prétoires et commente plusieurs procès, dont celui de Violette Nozière en
s’en prenant aux juges et aux jurés qu’il accuse de légèreté. Dans toute son œuvre, empreinte de
générosité et de fraternité, il s’élèvera contre la peine de mort. La Tête des autres en fournira un
violent témoignage. Il en voudra toujours à la justice de son pays et à son appareil. « À la
Libération, le spectacle sans précédent en France d’une justice d’exception acharnée à la vengeance
et à laquelle une magistrature craintive n’a pas ménagé son concours ».
Quelque peu délaissée, l’œuvre romanesque reparaît en 1935 avec Maison basse, œuvre
différemment accueillie, puis avec Le Moulin de la Sourdine. On reparle du Goncourt,
en pure perte. En 1938, Gustalin n’éveille pas grande curiosité, mais Les Contes du chat
perché reçoivent le prix Chanteclerc (5 000 fr).
La déclaration de guerre le surprend en vacances au Cap-Ferret où il reste jusqu’à l’automne 40.
Retour à Paris occupé. Il collabore alors à Aujourd’hui qu’il abandonnera après le départ d’Henri
Jeanson. Cette reprise du métier de journaliste se poursuit dans Le Matin et Les Nouveaux Temps. Il donne également cinq articles à Je suis partout, sollicité par Robert Brasillach pour
lequel il ressentait amitié et admiration, mais seulement en qualité de critique d’art. L’article très
violent qu’il écrit contre le port de l’étoile jaune est, bien entendu, interdit par la censure allemande.
Il publie Travelingue, satire de la bourgeoisie puis, en 43, Le Passe Muraille, recueil de
ce qui resteront ses meilleures nouvelles. Didier Van Cauwelaert tirera une « comédie chantée »
du Passe Muraille sur une musique de Michel Legrand, qui sera créée le 6 novembre 1996
à la Maison de la Culture de Nantes, et à Paris aux Bouffes-Parisiens le 15 janvier 1997. Le spectacle,
pour des raisons de distribution, ne sera joué que quelques mois, mais remportera un grand succès,
raflant cinq « Molière ».
En juin 1943, Marcel Aymé signe avec Bernard Grasset, qui a déjà tout fait pour l’arracher
à Gallimard, un contrat assurant à l’éditeur l’exclusivité de ses œuvres dramatiques. Il songe en
effet, depuis longtemps, à écrire pour la scène. Comme cela se produit souvent au théâtre, sa première
pièce Lucienne et le boucher est refusée par Jouvet, Dullin et Cocteau. Il écrit ensuite Vogue la galère qui est également refusée par Jouvet. Entre temps, de 40 à 44, il renoue
avec le cinéma et rédige les dialogues de Nous les gosses, Le Voyageur de la Toussaint, Madame et le mort. Malgré ses articles à Je suis partout, il n’est pas mis à l’index à la Libération
par le Comité National des Écrivains, et ne figure pas dans le dossier du Comité National d’Épuration.
Jeune fille de 18 ans accusée d’avoir cherché à assassiner ses parents