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Naissance d’un auteur

Retour à Dôle en 1925 où sa sœur Camille lui propose d’écrire l’histoire de Brulebois, un ivrogne porteur de bagages à la gare. Marcel Aymé accepte et termine le roman en avril 1926. Sa sœur, membre du comité de rédaction des Cahiers de France à Poitiers, soutient l’ouvrage qui est édité en août 1926. Le livre est très bien accueilli et connaît de très favorables critiques, ce qui décide la tante Léa à laisser son neveu partir habiter Paris, sans rien faire d’autre qu’écrire, en lui allouant une petite mensualité jusqu’à ce que sa plume puisse lui permettre de se suffire à lui même. Jusqu’en 1930, sa famille l’aide matériellement, en plus des petits métiers qu’il exerce sporadiquement, car il est gêné d’être tributaire de sa tante. Il est notamment agent d’assurances, « baron » à la foire de la République, manœuvre à Issy-les-Moulineaux, figurant de cinéma et journaliste à l’agence Radio, enfin comptable dans une affaire de courtage.

Carte de presse de Marcel Aymé
Carte de presse de Marcel Aymé - 1925
Collection A.R.T.

Il fréquente également, dès que l’occasion se présente, les gens de lettre. En mars 1927, Gaston Gallimard lui propose de rééditer Brulebois. Marcel Aymé apporte alors à son éditeur son dernier roman refusé par Grasset, La chimère poussive qui est accepté et publié sous le titre Aller-Retour. Le livre paraît en octobre 1927 avec un succès mitigé. C’est ensuite Les Jumeaux du Diable dont Marcel Aymé s’est toujours déclaré insatisfait : « J’ai l’impression d’avoir gâché un sujet qui aurait pu être intéressant ». Ce livre est le remords de sa vie. Il est accueilli avec réserve par la presse. Pris de doute, il cesse d’écrire, mais est relancé par Gallimard avec qui il a un contrat. Le Puits aux images (ex Les Amants du Puits) paraîtra dans la N R F en décembre 1927.

Il l'avait connue à Dôle en 1921. Marie-Antoinette dont le mari Gustave était employé de banque. Elle est mère d’une petite fille, Colette. Aventure guère appréciée par la famille, mais Marcel est très épris. C’est la femme forte dont il a besoin, réaliste et décidée. Très volubile également et douée pour faire rire autour d’elle. En 1929, ils décident de vivre ensemble. Elle obtient le divorce et épouse Marcel le 16 avril 1931. Ils s’installent 9 rue du square Carpeaux, toujours dans le 18ème. En juin 1929, Aymé remet à Gallimard La Table aux crevés. Le livre est immédiatement accepté, mais le titre suscite une polémique et est sauvé par Gide qui le trouve excellent. Il est question du Goncourt. Ce sera le Renaudot. Grâce aux 10 000 lecteurs assurés par le prix – plus les mensualités accordées par Gallimard à partir de mars 1931 - et aux articles et nouvelles dans différents journaux, il peut assurer lui-même sa vie matérielle. Il se lie d’amitié avec Emmanuel Bove, homme de lettre comme lui. Les deux familles passent leurs vacances ensemble. À la mort d’Emmanuel Bove, Louise, sa femme, désignera Aymé comme mandataire des œuvres de son mari. Puis c’est La Rue sans nom, roman bien accueilli par la critique, suivi du Vaurien, qui est tout juste un demi-succès.

Mais, après deux ans de silence, Marcel Aymé va prendre sa revanche, en 1933, avec la publication de La Jument Verte. C’est un énorme succès, mais certains esprits chagrins s’en prirent aux audaces de l’auteur qui va passer à leurs yeux pour un auteur licencieux, pour ne pas dire pornographique: « Une complaisance dans la crudité qui finit par devenir insupportable ». Une rude polémique s’ensuit entre Gaston Gallimard et les tenants de l’hypocrite morale bourgeoise. On faillit aller au procès. La demande d’interdiction n’aboutit pas et toute cette agitation a pour effet de faire vendre 76 000 exemplaires en 1933-34.

Beaucoup plus à l’aise financièrement, Marcel Aymé quitte le square Carpeaux pour la rue Paul Féval, au 9ter, derrière le Lapin agile. Pierre Chenal, metteur en scène de cinéma, qui avait beaucoup aimé La rue sans nom tourne le film, après avoir demandé à Marcel Aymé d’en écrire les dialogues, lequel avait imposé son ami Robert Le Vigandans la distribution. Pierre Chenal reviendra à la charge en 1935, en chargeant Marcel Aymé d’écrire les dialogues additionnels de Crime et Châtiment. Le cinéma commence à s’intéresser à lui. Il part à Berlin pour les dialogues du Domino vert et revient à Paris pour Les Mutinés de l’Elseneur d’après Jack London, toujours avec Pierre Chenal comme metteur en scène. Il est alors très connu.

 

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