Le parcours d'une vie au service du Théâtre
par Danielle Mathieu-Bouillon
Jeunesse et vocation théâtrale
Serge Bouillon auprès de Jacques Hébertot 1952-1967
Une nouvelle vie, de nouvelles expériences 1967-1980
Les missions officielles et autres activités
L'aventure du CFPTS (1980-1996)
Parallèlement : Bobino, Compagnie Cochet, Le TEP (1980 à 1990)
Depuis 1997
Les hommages
Les distinctions
Bibliographie
Les débuts et le développement d'une vocation théâtrale

Serge Bouillon à l'âge de 16 ans
Serge Bouillon est né à Épernay le 25 décembre 1926, au sein d'une famille où rien ne pouvait le prédisposer au théâtre. Son père, André Bouillon, né à Charleville, entrepreneur de peinture et fervent gaulliste, fut parmi les fondateur du R.P.F dans le département de la Marne ; sa mère Raymonde Bouillon, rémoise de naissance, occupait d'importantes fonctions à la Banque de France d’Épernay.
Passionné de poésie et de grands textes, Serge fait ses études secondaires au Collège d’Épernay ; c'est la guerre et il s'active très vite pour saboter systématiquement l'écoute des discours du Maréchal Pétain dans le préau du collège de l'avenue de Champagne, au grand dam des autorités allemandes, puis s'engage dans la défense passive d'une région particulièrement bombardée, avant de rejoindre, à 17 ans, les Forces Françaises de l'Intérieur ( FFI). Il appartient au groupe « Centaine André » sous le commandement du Capitaine Servagnat. Il participe ainsi à la libération de la région marnaise, en étant chargé du balisage des terrains pour les parachutages nocturnes, puis du nettoyage des poches de résistance allemandes, lors de l'avancée des troupes alliées.

Photographie extraite du journal L"Union
C’est au groupe artistique du Collège d’Épernay qu’avec son ami de toujours Jean Menjoz, que sa vocation s'affirme. Lors du montage d'une pièce de Molière, il comprend d'une maniére irrépressible que sa vie sera consacrée au Théâtre.

Le groupe théâtral du Lycée d'Epernay au fond Serge Bouillon, à gauche son ami Jean Menjoz
L'un de ses camarades est le fils de la célèbre Musidora (héroïne des Vampires, film muet, qui fut, grâce à sa beauté plastique, à l'origine du mot «vamp») laquelle lui trouvant un air romantique, lui donne des cours de comédie et écrit une pièce sur George Sand et Alfred de Musset, où il incarne le poète. Il participe d'ailleurs au tournage d'un film réalisé par la fameuse comédienne sur les bords de la Marne, à Port à Binson, d'après un scénario de Paul Claudel, dont il fait alors la connaissance.

Musidora et Paul Claudel
Après la guerre, en 1946, il convainc ses parents de l'envoyer à Paris étudier le Théâtre. Sa mère compte, parmi ses clients de la Banque de France d'Epernay, le dramaturge Armand Salacroux, qui lui conseille le cours de Charles Dullin, dont Serge Bouillon va devenir l'élève. Parmi ses camarades de l'époque, Loleh Bellon, Charles Charras, Charles Denner, Roger Vadim, le mime Marceau...

Comme tous, il conserve un souvenir admiratif et ému pour le grand homme de théâtre, à l'époque déjà âgé et fatigué, qu'ils apercevaient depuis les fenêtres de la coupole du théâtre Sarah Bernhardt, sortant difficilement d'un taxi, aidé par trois personnes, puis, un peu plus tard, jaillissant en scène, comme un jeune homme.
Suit, une tournée, avec ses camarades du cours, dans les bases navales de Méditerranée où il joue Cocteau, Giraudoux, Courteline, Feydeau, ce qui lui donne l'occasion, un beau soir, d'avoir un brillant officier pour lever le rideau : il s'agit du futur amiral Philippe de Gaulle...
De retour à Paris, il poursuit sa carrière de comédien en créant notamment, en 1949, La Place de l’Étoile de Desnos et interprétant Les Mamelles de Tirésias d'Apollinaire, au Théâtre des Noctambules sous la direction de Clément Harari avec Loleh Bellon et Charles Denner.

Place de l’Étoile de Robert Desnos à droite Serge Bouillon au fond, Clément Harari
On l'apercevra aussi dans quelques films de cette époque Rendez-vous de Juillet de Jacques Becker, Les Bataillons du ciel, D'Homme pour Hommes de Christian-Jaque, etc.…)

Marié très jeune en février 1947, avec une jeune fille de la région d'Epernay, Josette Ouy, il est père, à 20 ans seulement, de Didier Bouillon, né le 25 mai 1947, il aura bientôt deux autre enfants, Martine née le 27 août 1948 et Stéphane né le 31 mai 1951. Son activité doit donc se démultiplier pour faire vivre sa famille. Outre le théâtre, il consacre trois années aux films publicitaires et d'animation, ainsi qu’aux marionnettes, notamment celles du Luxembourg avec Robert Desartys.

Serge Bouillon et l’une de ses marionnettes
Ce sera pour lui l'occasion d'élargir son imaginaire et sa créativité pour la réalisation d'idées, d'images, d'objets. Cette curiosité demeurera, tout au long de sa vie. Il adorera jusqu'au bout flâner dans des magasins de bricolage, tel le sous-sol, magique à l'époque, du Bazar de l'Hôtel de Ville.
Début 1952, vient alors la proposition d'une longue tournée organisée par Noël Vincent au cours de laquelle il interprète Racine et Montherlant ; c'est là qu'il a, pour la première fois l'occasion de rencontrer cet auteur qu'il admire intensément et qu'il trouve aimable, en dépit de sa froideur légendaire. Il doit ajouter à sa participation artistique – il a une famille à nourrir et le système des intermittents n'existe pas - la régie générale des spectacles, de manière à obtenir un salaire suffisant.
Il en apprend donc le métier, comme il le dit lui-même, « sur le tas ». À son retour, après un passage à la régie du Théâtre de la Huchette, il est engagé au Théâtre des Champs-Élysées, et devient l'un des quatorze régisseurs recrutés pour servir les spectacles les plus prestigieux du moment, tout au long du Festival du XXème siècle, qui accueille du 30 avril au 1er juin 1952 les plus grands noms internationaux de la musique, de la danse et de l'opéra... Woyzeck, Stravinsky, Boulez, Ballet de Georges Balanchine ou du Marquis de Cuevas...
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Serge Bouillon auprès de Jacques Hébertot (1952-1967)

Jacques Hébertot
Juillet 1952 marque une date importante de sa vie, celle de sa rencontre avec Jacques Hébertot, qui l'engage d'abord comme régisseur remplaçant pour le seul mois de Juillet. À la fin de ce mois, alors que Jacques Hébertot ne s'est guère montré aimable avec lui, pendant ce mois de remplacement, il s'apprête à rejoindre la Michodière où l'attend Pierre Fresnay. Au moment de prendre congé, Jacques Hébertot lui signale qu'il entend bien le garder auprès de lui et finit, pour le convaincre, par lui propose de le loger, lui et sa famille, tout près du théâtre au 74 du boulevard des Batignolles. Il faut se souvenir que c'est l'époque où trouver un appartement ressemble à un parcours du combattant. Conscient de pouvoir ainsi mieux installer sa femme et ses enfants, Serge accepte l'engagement proposé. Sur le plateau, l'équipe technique est importante, puisque les décors sont construits sur place, dans l'atelier situé dans la rue privée à l'arrière, (aujourd'hui Petit Théâtre Hébertot). Les paris sont ouverts, plus d'une dizaine de régisseurs n'ont pas fait long feu, les collègues du plateau observent. Ce n’est pas assez compter sur ses qualités de sérieux, son inventivité, sa gentillesse dans le travail et le respect de l'équipe qu'il pratique déjà. Très vite, il commence à comprendre l'homme étonnant qu'est Jacques Hébertot, qui prend conscience qu'il a désormais auprès de lui quelqu'un sur qui il peut compter : Serge devient, à dater de Septembre 1953, le Directeur de la scène.

Serge Bouillon sur le plateau
Ses fonctions sont multiples ; c'est l’époque où Jacques Hébertot vient de racheter le Casino de Forges les Eaux dont il envisage de faire un vaste centre culturel international, et où les tournées officielles du théâtre Hébertot parcourent la France avec de multiples spectacles.

Tableau représentant Serge Bouillon et Jacques Hébertot d’après une photographie de 1959, réalisé par Vincent Parot
Serge Bouillon devient aussi l'assistant de tous les metteurs en scène qui vont travailler sur ce plateau illustre, étant ainsi au plus près de la création des spectacles.
C'est l'occasion, pour lui, de coopérer étroitement avec des personnalités aussi affirmées que celles de Henry de Montherlant, André Gide, Albert Camus, Maurice Clavel, André Malraux, Thierry Maulnier, Jules Romains, Samuel Beckett, Marguerite Duras, Georges Semprun, Diego Fabbri, Harold Pinter, et les metteurs en scène André Barsacq, Michel Vitold, Marcelle Tassencourt, Marguerite Jamois, Roger Blin, Roger Coggio, Jean-Pierre Darras, Claude Régy, Laurent Terzieff, Raymond Rouleau, etc.…
Lire le témoignage de Serge Bouillon sur la représentation corporative d'En attendant Godot au Théâtre Hébertot en 1953
Se souvenant cependant qu'il est marionnettiste, le rideau tombé, il rejoindra longtemps, chaque soir pendant plusieurs saisons, le Crazy Horse saloon, pour y participer à un de ces numéros d'objets animés de classe internationale, dont Georges Lafaille avait le secret et qu'Alain Bernardin affectionnait particulièrement.
La loi sur la mensualisation n'existant pas alors, les théâtres débauchent leurs équipes techniques dès la fin de la saison. Donc, tous les ans, il assure, durant la saison d'été, la direction artistique et/ou technique de nombreux festivals. ( Festival du Marais, Festival de Fougères, Festivals d'Annecy, Festival de Baalbek au Liban, Festival de Sceaux... )

Programmes du Festival d’Annecy et du Festival de Sceaux des Libérations de Paris
Il participe à la radio aux émissions théâtrales de Philippe Dechartre et de Marianne Monestier.
En 1961, parallèlement à son activité au Théâtre Hébertot, il parcourt la France avec un spectacle mis en scène par Claude Régy qu’il connaît bien pour le 4ème centenaire de Jean Nicot, l’inventeur de la funeste nicotine. Ce spectacle a lieu les jours de relâche, dans des villes successives où siègent, à l’époque les manufactures de tabac, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nice, Nancy et occasionne des déplacements particulièrement exténuants. Dans l’équipe la chanteuse Catherine Sauvage.

Carte de Claude Régy
Au milieu des années 1960, l'aventure de la mise en scène se présente. Pour lui qui assiste depuis des années les plus grands metteurs en scène de l'époque, il va pouvoir développer ses qualités de directeur d'acteur. Ainsi ses mises en scène seront le plus souvent remarquées pour leur élégance et le respect dû à l'auteur.

Serge Bouillon à la table de mise en scène
Après plusieurs festivals, notamment le Festival sacré d'Annecy où il rencontre Renée Faure, il va mettre en scène L'Aigle à deux Têtes de Jean Cocteau, tant en France qu'à l'étranger, dont plusieurs présentations se déplaceront au cours de multiples tournées, Charles Baret entre autres. Il monte également Noces de Sang de Garcia Lorca, pour le Festival du Messidor au Capitole de Toulouse avec Renée Faure, Catherine Rouvel et Yvette Etiévant.

L’Aigle à deux têtes de Jean Cocteau avec Renée Faure et Michel Paulin (Tournée Baret)
En 1965, il s'éloigne un moment d'Hébertot pour fonder sa propre compagnie Les Heures Théâtrales de France et entreprend de longues tournées en France en Europe, en Afrique du Nord et, pour le compte du Ministère de la Coopération, en Afrique Noire. C’est ainsi qu’il met en scène plusieurs spectacles : Bérénice de Racine, ainsi qu’un spectacle composé de trois comédies La Jalousie de Barbouillé de Molière, Le Carrosse du Saint-Sacrement de Prosper Mérimée et Feu la Mère de Madame, auquel s’ajoute un montage poétique dont il est l’auteur, sur le thème de Paris. La tournée dure un mois et demi entre Mars et Avril 1965. troupe rassemble autour de Renée Faure, Sociétaire de la Comédie-Française, Inès Nazaris, Paul Ecoffard, Pascal Tersou, Jean-Pierre Helber. Ils vont ainsi parcourir dix pays d’Afrique francophone, lesquels ont tous pratiquement recouvré leur indépendance en 1960. Le Tchad, la République de Centre Afrique, le Congo, le Gabon, la Cameroun, le Bénin, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Niger.
Dans des conditions parfois précaires, ils bénéficient toujours d’un accueil très chaleureux. Serge est particulièrement touché de voir des enfants découvrir le théâtre et suivre Bérénice comme un Western. Les rires fusent aussi car tous les publics s’amusent beaucoup aux trois comédies et c’est avec une grande concentration qu’ils écoutent les poèmes sélectionnés. Cet apport du théâtre, dans la fraîcheur des esprits de ces enfants, engendre une émotion belle à partager. L’expérience lui laisse en mémoire de nombreuses anecdotes, tissées d’aventures humaines, de douleurs parfois (il s’est fracturé un orteil et le port de chaussures d’époque en scène s’avère un supplice), d’amusements aussi, outre des baignades dans l’Oubangui ou dans le fleuve Congo, non loin des crocodiles, des déplacements folkloriques dans de petits avions, notamment au Cameroun, où les gens prennent ces appareils brinquebalants, comme d’autres, sous d’autres latitudes, prennent l’autobus, avec les paniers remplis de victuailles. Mais la plus marquante pour lui est celle de l’arrivée à Lambaréné, par bateau, pour y rencontrer, lors d’un déjeuner le Docteur Albert Schweitzer, Prix Nobel de la Paix, dans son village hôpital, entouré d’un village de cases, abritant les familles de ses patients.

Dédicace d'Albert Schweitzer à Serge Bouillon
Ils découvrent sur l’embarcadère, le docteur Schweitzer tel qu’en sa légende, lavallière nouée autour du cou, casque colonial sur la tête, entouré de deux immenses infirmières allemandes. Il est particulièrement disert et aimable, très heureux de recevoir une sociétaire de la Comédie-Française qu’il conviera dans sa chambre… pour lui dédicacer une photo. Il est d’autant plus joyeux que l’Ambassadeur de France doit lui remettre une décoration au dessert. Serge l’interrogera sur ses méthodes : Il insiste sur la nécessité de rassembler les familles autour de l’hôpital afin de rassurer les patients qui sans cela ne viendraient pas. Serge est frappé quand il énonce clairement que pour lui, « la folie se soigne par le travail ! » Quant à son orteil, il lui donnera une pommade. C’est de retour à Libreville qu’il consultera et qu’une radio, constatant une fracture, contredira le grand maître. Il revient fasciné par les couleurs des marchés, notamment celui d’Abidjan et la chaleur humaine qui régnait alors.

Renée Faure, Serge Bouillon, Inès Nazaris, Georges Vanet, Paul Ecoffard, en Afrique 1965
Il participera à deux festivals Corneille de Barentin en montant Pulchérie de Pierre Corneille en 1966 et Laodice de Thomas Corneille en 1967 avec Renée Faure, Christiane Tissot et Jean-Marie Bernicat dans des décors et costumes de Michel Juncar
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Article de Jean-Jacques Gautier Le Figaro 1966
Jacques Hébertot le rappelle fin 1967 à l'occasion de la nouvelle présentation de la pièce américaine de Thornton Wilder, Notre Petite Ville, dans une mise en scène de Raymond Rouleau, pièce qu'ils avaient découverte, Jacques Hébertot et lui-même, lors de sa création, sous l'égide de la Communauté Théâtrale, automne 1965 au Théâtre Mouffetard - l’Épée de Bois.

Affiche de la création octobre 1965 et celle de la nouvelle présentation au Théâtre Hébertot en janvier 1968
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Une nouvelle vie, des nouvelles expériences 1967-1980
Il fait alors, le 14 décembre 1967, la rencontre de l'assistante de Raymond Rouleau, Danielle Mathieu, laquelle joue également dans la pièce de Wilder. C'est le coup de foudre. Elle partagera dès lors, sa vie, clandestinement d’abord. Ils habiteront ensemble dès juin 1969 et ne se marieront qu’en 1996. « Elle deviendra » dit-il dans le film qui lui est consacré par l’Association des Administrateurs de Théâtres et de Spectacles de France « ...bien plus tard, Danielle Mathieu-Bouillon, car nous avons vécu plus de vingt-neuf ans, dans le pêché ! »
En 1968, il prend en charge, jusqu'en 1970, l'administration du Théâtre du Vieux-Colombier et partage avec les Directeurs d'alors, Bernard Jenny et Hélène Sauvaneix, la direction artistique et la programmation. Le Théâtre a connu bien des difficultés et doit faire face à un concordat et à une dette de 150 millions de francs, bien difficile à récupérer, dans une salle dont la jauge est modeste.

C'est le moment de la création de pièces américaines de ce qu'il est convenu d'appeler le nouveau théâtre anglo-saxon, avec James Saunders, Edward Albee, Murray Schisgall… Le pensionnaire quasi attitré de l'époque s'appelle Laurent Terzieff.


Photo de la reprise de Zoo Story avec Laurent Terzieff et Yves Gasc
Revenue d'une tournée au Moyen Orient organisée par les Tréteaux de France et le Ministère de la Culture, Danielle Mathieu le rejoint fin 1968 ; elle devient son assistante, à la fois technique et artistique pour les spectacles, et intègre, bénévolement, l'équipe administrative, dont sa fille Martine, qui poursuit parallèlement ses études, fait déjà partie. Cette dernière fera, plus tard, toute sa carrière dans la magistrature. Quant à son fils Didier Bouillon, toujours passionné par le théâtre ( ne joua-t-il pas le rôle de l'enfant dans En attendant Godot de Beckett à Hébertot en 1956), il interviendra, un temps, avec Pierre Roudy, futur Proviseur de l'ENSATT, dans une opération tendant à unir Théâtre et Université, le tout avant d'entamer une carrière multiple de Professeur de Philosophie, d'ethnologue, (il collaborera un temps avec Claude Levi-Strauss au Collège de France), de linguiste, d'anthropologue, de courir le vaste monde notamment avec des missions en Iran et en Afghanistan, de travailler sous l'égide du CNRS et du CNAM, de créer et gérer des parcs régionaux, puis de devenir Professeur à l’École Nationale du Paysage de Versailles.
Mais en cette année 1969, au Vieux Colombier, si l'activité est débordante, l'ambiance demeure joyeuse, à la fois angoissante et passionnante. Les représentations se multiplient encore avec deux matinées classiques, la création des spectacles de 18h30, notamment plusieurs avec Mouloudji, et même des spectacles à minuit.

En même temps qu'il gère l'administration complexe de ce lieu, il y met également en scène plusieurs spectacles :
Horace de Pierre Corneille avec Robert Benoît, Benoist Brionne, Monique Nevers, Annick Jarry, André Thorent

Vincent Gauthier, Monique Nevers, Florence Guerfy, André Thorent, Jean-José Fleury, Benoist Brionne dans Horace de Pierre Corneille
Les Femmes Savantes de Molière, avec Jean-Luc Tardieu, Nicole Chomo, Annette Pavy, Robert Bazil, Andréa Ferréol
Baroques et Précieux du XVIIème, qu'il écrit et met en scène avec Laurence Valton, François Catala, Annette Pavy.
Une tentative d'unir plusieurs théâtres sous la rubrique Art et Essai renforce la coopération notamment avec la Gaîté Montparnasse, où il montera en matinée classique, fin du printemps 1970, Cinna de Pierre Corneille avec Guy Kerner, Rosine Proust, Christian Buhr, Danielle Mathieu
Parallèlement, au printemps 1969, il signe la mise en scène de Noces de Sang de Garcia Lorca au Théâtre de l’Athénée, avec Renée Faure, Annick Jarry, Monique Nevers, Robert Benoît.
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Critique de Cinna par Maurice Mercier dans Paris-Théâtre

Mais les dettes envers l'URSSAF sont trop lourdes et Bernard Jenny doit abandonner les lieux. C'est la fin d'une aventure exaltante. Le Théâtre sera repris quelques temps, avant de fermer définitivement ses portes. Il ne reviendra au jour que grâce à l'acharnement de Jean Le Poulain, devenu administrateur de la Comédie-Française, qui se battra pour faire de ce lieu qu'il aimait, en souvenir de «sa période bleue» la deuxième salle du Théâtre Français. Malheureusement, sa mort subite l'empêchera de voir l'aboutissement de son rêve.
De 1971 à 1974, Serge Bouillon va se consacrer plus spécialement à l'animation théâtrale à la fois en milieu scolaire et, en matinée, dans plusieurs théâtres parisiens, avec l'Animation Culturelle Théâtrale aux côtés de Christian Grau-Steff ( futur Ecla-Théâtre ) avec comme secrétaire, Nadine Massé, qui collaborera plus tard avec lui lors d’Interspectacles et demeurera une amie fidèle.

L’équipe de l’Animation Culturelle Théâtrale, on reconnaît Serge Bouillon et Christian Grau-Stef
Ayant acquis la réputation d’être un administrateur qui sait assumer les difficultés, l’été 1972, il se voit confier la Direction Administrative de la tournée de Johnny Hallyday avec le Johnny Hallyday Circus. Rien n’est simple dans cette gestion du chapiteau rouge et jaune loué par les Bouglione. C’est une sorte de ruche étrange où circulent monteurs, techniciens, amuseurs de toutes sortes, caravanes multiples. Elle est nantie d’un service d’ordre capable de gérer les 4 à 5000 personnes attendues chaque soir et qui devront rester debout. Johnny dispose de sa propre caravane et d’un camion qui transporte ses motos, lesquelles suivent le cirque.
Cet étrange village de quelques 170 personnes est un nouveau concept en accord avec les années 70, puisque des gens suivent la tournée dont l’animation se poursuit tard après le spectacle. L’animateur chauffeur de salle est Sam Bernett. En première partie la chanteuse noire Madeline Bell précède Johnny Hallyday qui assure la seconde partie avec ses musiciens et choristes parmi lesquelles, à l’époque, Nanette Workmann. Sylvie Vartan s’est éloignée aux Etats-Unis avec leur fils David.
Le travail n’est guère de tout repos, car la population est difficile à gérer. Serge a compris très vite que les difficultés ne vont pas tarder. Comment en effet remplir un cirque de 4000 places en parcourant des villes de 6 à 10.000 habitants, distantes seulement d’une cinquantaine de kilomètres ? Les organisateurs ont été engagés par la production et ont touché une commission pour chaque ville vendue ; leur objectif était atteint, celui du producteur ne le serait jamais, et derrière le producteur, il y avait Johnny. Ce calendrier ne permet pas d’atteindre le public nécessaire pour faire tourner décemment l’entreprise. Il eut fallu des distances plus importantes entre les villes visitées, afin d’attirer un public suffisant. Jean-Jacques Vital auprès de qui Serge Bouillon a pris le relais s’avère un compagnon extrêmement agréable. Grand producteur de Radio (la célèbre Famille Duraton), il a connu un désastre financier avec L’Homme de la Mancha avec Jacques Brel, mais semble encore joyeux. (Il se suicidera quelques années plus tard.). Serge, ses vacances étant terminées, devra abandonner l’aventure, après la représentation d’Arcachon, pour rejoindre son bureau de l’Animation Culturelle Théâtrale. Ce fut un été mouvementé, avec une participation ponctuelle à la seule tournée de Johnny qui n’ait pas marché, mais ce en raison de l’organisation structurelle du départ.

Serge Bouillon et Jean-Jacques Vital devant les caisses du Johnny Circus et carton d’invitation
De 1974 à 1975, il occupe les fonctions d'attaché de presse et de production au Théâtre Antoine, se charge de l'épée d'Académicien pour l'entrée d'André Roussin sous la coupole, au moment de la reprise de la pièce Le Mari, la Femme et la Mort avec Jacqueline Gauthier, Jacques Morel et Odette Laure.


Lors du montage de Vol au dessus d'un nid de Coucou de Dale Wassermann adaptation de Jacques Sigurd, dans la mise en scène de Pierre Mondy, ce dernier lui demande de l’aider en se chargeant de la « direction d'acteur », de Johnny Hallyday qu'il prépare à la représentation. Michel Auclair, Françoise Christophe, Maurice Barrier, Patrick Bouchitey, entre autres, sont à l’affiche.
Johnny Hallyday, dont les talents d’acteur se révèlent prometteurs, abandonnera le projet pour des raisons de santé. Le rôle sera repris par Michel Creton que Serge Bouillon préparera dans cette difficile reprise du personnage phare de la pièce.

Michel Creton et Serge Bouillon au Théâtre Antoine
Il administre aussi les productions extérieures du Théâtre Antoine, notamment au Théâtre des Mathurins pour Le Voyageur sans Bagage de Jean Anouilh. Puis viendront Jeux de la Nuit au Théâtre Fontaine mise en scène d'Andréas Voutsinas, avec Claude Brasseur et Tanya Lopert, Le Prince Travesti et Britannicus à la Potinière, mis en scène par Daniel Mesguish.
Au Théâtre des Mathurins avec Radifé Harry-Baur
Pour Antigone dans la mise en scène de Nicole Anouilh, le budget alloué par Radifé Harry-Baur étant si modeste, il reprend des tissus de ses décors de classiques pour construire, avec l’aide du Régisseur François Sourbieu, selon les plans fournis par Jean-Denis Malclès, le décor. Cette action surprendra Jean Anouilh lui-même qui s’en souviendra.

Pendant le montage de Le Péril Bleu de Victor Lanoux, avec Bernard Alane, Odette Laure, Georges Staquet et Pasquali au Théâtre des Mathurins, il devient l'administrateur de cette salle, alors sous la direction de Radifé-Harry-Baur, veuve d'Harry Baur, dont il assure ensuite la plus grande partie de la programmation.

Affiche et maquette du costume d’Odette Laure par Mario Franceschi
D’autres pièces suivront : Rosencrantz et Guildenstern sont morts de Tom Stoppard avec Pierre Arditi et Jean-Luc Moreau, une première reprise de Les Mains Sales de Jean-Paul Sartre, des récitals avec Alex Métayer ou Les Frères Ennemis.

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Autres activités et missions officielles
Parallèlement, depuis début 1970 il exerce à la SCHOLA CANTORUM, le Professorat d'Art Dramatique.
Interspectacles
Préoccupé par la fréquentation des salles de spectacle, Denis Maurey, Président du Syndicat des Directeurs des Théâtres Privés et du Fonds de Soutien, le charge d'organiser une opération de prospection du public unissant les 52 théâtres privés parisiens, opération qu'il conçoit et dirige de 1976 jusqu'en 1980, pour le compte de l'Association pour le Soutien du Théâtre Privé et sous l'égide du Ministère de la Culture et de la Ville de Paris. C'est le début de l'informatisation, l'opération est ambitieuse ; elle portera ses fruits, notamment auprès des salles moyennes et des petites salles à la programmation plus ambitieuse : « INTERSPECTACLES ».


Serge Bouillon et l’une de ses collaboratrices dans les bureaux d’INTERSPECTACLE 7, rue du Helder 75009 Paris
Le principe de l’opération, qui va rassembler tous les théâtres privés, est que les spectateurs doivent choisir dans une liste de théâtres, trois spectacles de genre différent : théâtres de divertissement, théâtres plus littéraires, théâtres d’art et d’essai, en obtenant ainsi la carte qui, ensuite, leur donnera l’accès, lors des 40 premières représentations à tous les autres théâtres avec une réduction de 40% pendant les quarante premières représentations de chaque pièce. C’est un raisonnement qui consiste à obtenir une participation des spectateurs lors de la période du lancement des pièces. De nombreux théâtres vont ainsi mieux « fonctionner ». D’autres, hélas, ne joueront pas le jeu et renverront le public, l’information passant mal à cette époque entre les directions et le service caisse. A l’époque les agences de Théâtre avaient la part belle et rémunéraient les caissières, sur leur propre marge. Les meilleures places du théâtre leurs étaient allouées. L’informatique n’avait pas encore cours. L’opération sera abandonnée au bout de 3 saisons. Mais elle servira d’expérience à Danielle Mathieu, quand celle-ci lancera, à la demande de Jacques Chirac, Maire de Paris, l’expérience « Paris sur Scène, prenez une place, venez à deux » en 1990. Là encore, Serge Bouillon fut pionnier.

Circulaire d’exemple pour l’opération Interspectacles
Le Conseil des Prudh'Hommes :
Dès 1976, représentant alors, dans le collège « Employeurs » les directeurs et administrateurs de Théâtre, il est élu Conseiller Prud'homme de Paris. Après la réforme, en 1981 il devient Président d'audience de la Section Encadrement, dans la section employeurs. Sa probité et sa manière de diriger les audiences seront saluées par tous ses collègues. Il recevra le diplôme d’honneur du Ministère de la Justice. Il en démissionnera après 30 années de bons et loyaux services, ayant durant l’essentiel de ce temps, non seulement présidé les débats, mais préparé les audiences et rédigés tous les jugements.

Serge Bouillon lors de la remise du diplôme d’honneur du Ministère de la Justice
L'ENSATT : ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES ARTS ET TECHNIQUES DU SPECTACLE 15, rue Blanche 75009 PARIS
En Septembre 1977, Pierre Roudy, Proviseur de L'ENSATT, École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre ( École de la Rue Blanche ) l'engage à ajouter à ses tâches la charge de l'Enseignement de la Régie, et de faire évoluer le cursus préexistant vers le double enseignement de la régie et de l'administration qui seront désormais dissociés, avec d'un côté la Régie générale et de l'autre, l'Administration et la Gestion Théâtrale ; ce qu'il conduira également à l'Institut Théâtral de Censier-Université de Paris.

Façade de l'École de la rue Blanche
Conseiller auprès des Ministères :
Il est nommé en Janvier 1979, Conseiller Technologique auprès du Ministre de l’Éducation, fonction qu'il assurera jusqu'en 1992, participant à toutes les commissions chargées de mettre en place ou de réformer l'enseignement des diverses professions du spectacle.
Commissions concernant l'organisation du Spectacle :
Il sera de 1983 à 1997 membre titulaire de la Commission Nationale de l'attribution des licences de spectacle, il sera également membre du Conseil National des Professions du Spectacle, membre aussi de la Commission paritaire de l'emploi et de la formation dans le spectacle vivant et participera activement aux travaux de ces instances, tant sur la réalisation du rapport final " Prospective, formation, emploi dans le spectacle vivant " (Documentation française), que sur l'harmonisation des nomenclatures d'emploi ou sur la réforme de l'Ordonnance de 1945.
Lorsqu'il sera décidé de créer un Conseil national de la scénographie et de lui donner pour mission de rédiger le "Mémento de la sécurité dans le spectacle vivant", c'est tout naturellement qu'il sera l'un des dix membres choisis par le Ministre de la Culture.
Association de la Régie Théâtrale :
Il est depuis 1952 une figure importante de l'Association de la Régie Théâtrale fondée en 1911 et reconnue d'Utilité Publique, dont la bibliothèque de mises en scènes et de documentation théâtrale est fréquentée par les chercheurs du monde entier. À la fin des années 1960, l'Association a son siège rue Laffitte. Elle vit des cotisations de ses membres, d'une modeste subvention du Ministère de la Culture et de la SACD et a du mal à assumer ses charges. C'est lui qui lancera l'idée, avec Jacques-Louis Antériou, d'entrer en contact avec la Préfecture de Paris. Un accord est conclu, signé en 1969 qui voit l'installation de l'A.R.T. à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, où elle disposera d'un bureau et verra ses précieuses collections prises en charge par des conservateurs professionnels.
C'est une nouvelle aventure pour l'association, dont il devient Président en 1974. Il modifie les statuts et transforme l’Association des Régisseurs de Théâtres en Association de la Régie Théâtrale de manière à en élargir le recrutement. Conscient de la disparition progressive du relevé de mise en scène sur papier, il profite de l’arrivée sur le marché des premières cassettes vidéo, plus faciles à conserver, et crée le nouveau relevé sur support vidéo, fondant ainsi la première « Théâtrothèque » de France. Deux années de négociation avec tous les syndicats concernés seront nécessaires afin de permettre cette nouvelle forme d’archivage.
En l980, il facilite l’accès des archives de l’association à Françoise Karro pour lui permettre d’écrire une thèse sur la vie du relevé de mise en scène à l’A.R.T. de 1911 à 1939. L’universitaire soutiendra sa thèse. Elle sera publiée bien plus tard en 2014, avec une préface signée Serge Bouillon. En 1982, il convainc la conservatrice générale d’alors, Hélène Verlet, d’organiser une exposition sur les collections de l’ART : Avant les Trois Coups, qui fera découvrir à de nombreux professionnels l’étendue et la diversité de ses vastes collections

Il présidera le Prix du Brigadier et participera activement à renouer des liens plus forts avec la Mairie de Paris, qui feront que ce prix soit remis à l’Hôtel de Ville.

Serge Bouillon, Pierre Bas adjoint au Maire de Paris et Jean Le Poulain au Théâtre Marigny

Serge Bouillon, Pierre Bas, Roman Polanski lors de la remise du Prix du Brigadier à l’Hôtel de Ville de Paris
À son départ, il sera élu Président d'Honneur, continuant d’apporter ses précieux conseils au sein du conseil d’administration de l’Association.
Action Syndicale :
Il a renoncé à présider l'A.R.T, car il était, cette même année, porté à la Présidence du SNETS CFE/CGC (Syndicat National des Administrateurs de Théâtre et de l'Encadrement du Spectacle) fonction qu'il assure jusqu'en 1997, participant, là encore, à toutes les instances chargées de réfléchir aussi bien au devenir de la profession qu'aux évolutions des textes qui la régissent.
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L'Aventure du CFPTS de BAGNOLET 02/1980-12/1996
Sous le signe de l'audace et de la novation permanente
En 1979, Denis Maurey, alors Président du Syndicat des Directeurs des Théâtres Privés ainsi que du Fonds de Soutien, demande à Serge Bouillon de trouver un lieu à même de servir de magasin de décors à l’usage de ses confrères. Serge Bouillon se met en quête, et trouve un lieu que des constructeurs ont investi mais dont les charges locatives sont trop lourdes pour eux. Situé de l’autre côté du périphérique, 92, avenue Galliéni, à Bagnolet, cet ancien entrepôt de séchage de bois de plaquage, soit 2750m2 au sol, en fort mauvais état n'est d'abord pas à vendre, puis le devient. On en demande trois millions de francs.
Le Fonds de soutien, après de multiples négociations où Serge Bouillon prend toute sa place, l’acquiert pour un million six cent cinquante mille francs. Denis Maurey, compte tenu de l'importance des locaux a alors l'idée d'y trouver la solution à un autre problème qui touche la profession.
Un centre de formation de techniciens du spectacle a en effet été fondé en 1974 à Saint-Ouen, par toutes les instances syndicales et patronales. Nanti d’une modeste subvention, il forme, à raison de 2 stages de 13 semaines annuelles, une vingtaine de techniciens de la machinerie et de la lumière. Son Directeur, Roger Turban, cadre technique de l'Opéra de Paris, est gravement malade. La ville de Saint-Ouen souhaite récupérer les locaux qui l'abritent.
Denis Maurey envisage là une solution à ce problème et demande à Serge Bouillon de fonder à Bagnolet, le nouveau CFPTS.
Serge Bouillon, nommé en Février 1980 pour diriger le CFPTS ; il s’installe à Bagnolet en Mai 1980.
À l’exception de 2 projecteurs vétustes, le matériel du CFPTS est inexistant ou dangereux. Les locaux qui lui sont attribués se limitent à deux bureaux et à un atelier dont la verrière du toit est brisée.

Photo de l’atelier primitif du centre à Bagnolet
Serge Bouillon comprend aussitôt que la formation des jeunes issus du milieu scolaire, alors seule préoccupation du Centre, exige des locaux, installations et équipements, dont l'établissement est totalement dépourvu. Par ailleurs, son budget global annuel de 580.000F (subvention du Ministère ajoutée à la part de taxe d’apprentissage) affecté, pour sa plus grande part, à des bourses d'études versées aux jeunes stagiaires ne lui permet pas d'en acquérir.
En 1981 après la mise en place des stages habituels, le nouveau directeur comprend que, pour mener à bien la formation initiale, il va devoir proposer à l'AFDAS des stages de formation continue, dans le coût desquels, il inclura la location d’un matériel qu’il utilisera, aussi bien pour la formation continue, que pour la formation initiale.
Parallèlement, cependant, se voulant à l'affût, sur les lieux mêmes, de l'évolution constante des techniques mises en œuvre dans le spectacle, il accepte d'assurer la direction administrative de BOBINO de 1980 à 1983.
Mettant à profit cette expérience du terrain - ainsi que celle de la pédagogie (il enseigne à l’Ensatt et à Censier), il conçoit et propose un stage de formation de « Régisseur général » à l'AFDAS.
Le cursus de ce stage, inédit à l’époque, part du principe qu’un cadre administratif ne peut ignorer les techniques que ses subordonnés mettent en œuvre. C’est un succès. Ce cursus obtient immédiatement l’adhésion et connaît une longue liste d’attente.
Ce cursus, totalement novateur, qui donnera au CFPTS toutes ses chances de réussite, sera repris par l’Éducation Nationale, adopté par tous les autres établissements de formation et lui vaudra d'être fait, quelques années plus tard, Chevalier dans l'Ordre des Palmes Académiques.
Pour le CFPTS c’est le début de la prospérité. D’autres stages ne vont pas tarder à suivre dans toutes les disciplines des différentes techniques du spectacle. C’est l’occasion de rassembler une équipe pédagogique formée essentiellement de professionnels du spectacle en activité, dont la fidélité ne se démentira pas.
La demande de stages est si importante qu’il faut songer à l’aménagement de nouveaux locaux.
Fort heureusement, en 1983, l’Association pour le soutien du Théâtre privé demande à Serge Bouillon de prendre totalement en charge la gestion de l’ensemble immobilier. Il devient le gérant du Centre technique du Théâtre Privé CTTP et de la totalité de son ensemble immobilier.
Il peut ainsi accueillir et installer dans les locaux du CTTP le Greta du spectacle, dirigé alors par Gisèle Valdi, qui vient d'être contraint de quitter les locaux qu'il occupait à l'ENSATT, pour poursuivre ses formations. L'’Éducation Nationale, tutelle du GRETA, accepte la décentralisation que suppose l'installation en Seine St Denis, d'un établissement dépendant de l'Académie de Paris, qui poursuivra désormais à Bagnolet sa formation des personnels administratifs et des costumiers de théâtre.
Le succès d'un établissement qui met à la disposition de ses stagiaires, locaux, équipements et formateurs sélectionnés, ne se fait pas attendre. Il est tel que bientôt, une équipe du bâtiment est engagée, qui tout au long des années suivantes, aménagera les locaux, construira et aménagera de nouveaux lieux adaptés aux futurs projets.

Équipe technique entourant Serge Bouillon dont Marc Simoni, l’électricien, Gilbert Trillard, le maçon, Jean-Pierre Herblin, le menuisier, le soudeur n’est pas sur la photo.
1983-1984 :
Conscient que les plateaux des écoles de théâtre sont le plus souvent occupés par les élèves comédiens, Serge Bouillon décide la construction d’un théâtre à l’italienne avec un plateau de 11 mètres d’ouverture, uniquement réservé aux techniciens.

Plateau de la scène à l'italienne
Sachant aussi que la construction allie désormais le métal au bois, il crée un atelier de métallerie et fait enseigner la soudure aux gaz rares. Il poursuit parallèlement avec son équipe technique, l'aménagement de nouvelles salles de formation, continuant d’appliquer ses idées profondément novatrices à ce secteur :
Avec le concours de ses formateurs son, tels Michel Roy, Patrice Creveux, Etienne Bultinguaire, il procède à la création de trois studios de son, totalement professionnels et interconnectés, permettant à la fois l'enregistrement et la diffusion.

Serge Bouillon dans l’un des trois studios, le 16 pistes, son interconnectés
En 1986, Jérôme Hullot succède, en qualité de Président de l'Association pour le Soutien du Théâtre Privé, à Denis Maurey décédé. Lui même et le Délégué général Luc de Sédano, comprennent l’intérêt du lieu, continuent dans le même esprit synergie et allouent une somme annuelle d’environ 300.000 F destinée à couvrir les frais d’aménagement des espaces réservés aux adhérents du fond de soutien (magasins de décors et de costumes).
Désireux d’accorder aux stagiaires, toutes les formes de scènes existantes alors sur le territoire, Serge Bouillon fait procéder à l’aménagement de deux plateaux techniques, l’un à scène frontale, l’autre en espace modulable avec plafond technique. Ces deux salles serviront essentiellement aux stages d’éclairages, où, là encore, les stagiaires disposeront d’un matériel électronique de pointe.

Scène modulable à plafond technique mobile
Des 26 semaines de stages annuels de 1981, on est passé, en cette année 1986 à 186 semaines. Pour les professions du spectacle, c'est le début d'une belle aventure : 40 stagiaires viendront chaque année à Bagnolet apprendre leur métier, 350 à 500 professionnels s'y perfectionneront ou acquerront de nouvelles qualifications.
Toujours à la pointe du progrès, un stage de mise en œuvre informatique de la machinerie est organisé avec un matériel importé temporairement de Suède, alors qu’il n’existe pas encore en cette année un seul théâtre à Paris qui soit équipé d’un matériel comparable. Plus tard, conscients de l'effort entrepris au bénéfice de la formation, les fournisseurs de matériel scénique se montreront compréhensifs. Pour exemple, la société suédoise Nobel, fabriquant parmi les plus innovants en matière d'équipement de machinerie mue par des moteurs hydrauliques commandés par ordinateur, installeront gracieusement deux modules au CFPTS. C’est d’ailleurs à Bagnolet que les Directeurs techniques de la Comédie-Française et du Théâtre des Champs-Elysées viendront constater l’efficacité de cette nouvelle technologie, avant de l’adopter.
Le premier SIEL salon du matériel verra souvent le CFPTS lui prêter le matériel innovant dont il dispose. Un premier film promotionnel sera réalisé par Stéphanie Latour, Danielle Mathieu et Michel Roy.
En 1987, à l’occasion du Prix du Brigadier remis à Jean-Paul Belmondo, par Jacques Chirac, Maire de Paris et Premier Ministre, Serge Bouillon reçoit de ce dernier la grande médaille de la ville de Paris, en même temps que Danielle Mathieu.

Serge Bouillon, Danielle Mathieu, Jacques Chirac Maire de Paris et Premier Ministre et Jean-Paul Belmondo à l’Hôtel de ville de Paris
À Bagnolet, les constructions de salles et l’élaboration de stages nouveaux se poursuivent, avec en 1988 un atelier de dessin, puis en 1989, un atelier de fabrication d’accessoires avec la collaboration de Marie Potvin et de Gladys Le Bihan.

Stagiaires de l’atelier des accessoires
Danielle Mathieu a été missionnée en 1989 par la ville de Paris pour concevoir et diriger une opération favorisant l'accès du public au Théâtre. Elle tiendra compte de la précédente expérience de Serge Bouillon dans ce domaine. C'est l'opération Paris sur Scène – Prenez une place, venez à deux. Son succès la fait se prolonger. Ne trouvant pas de locaux suffisamment adaptés, c’est à Bagnolet que Serge Bouillon mettra à sa disposition et à celle de son équipe 3 bureaux équipés informatiquement pour organiser les manifestations de 1991 à 1995.
En 1990, il se lance dans l’édification d’un nouveau bâtiment appelé à devenir un studio audiovisuel. Il a pour cela fait raser les locaux vétustes du fond du terrain. La surface en est importante 500m2 sous 9 mètres de hauteur, pour le studio, et 650m2 au sol pour l’ensemble du bâtiment qui comportera en outre une régie de 160m2 et un étage de 650m2. Cette énorme opération est rendue possible grâce à l’intervention de l’Association pour le Soutien du Théâtre Privé pour 1.200.000F et de l’État pour la même somme.

Serge Bouillon surveillant l’édification du bâtiment principal, par une société lyonnaise spécialisée. L’aménagement intérieur sera effectué ensuite par l’équipe permanente de construction.
En 1991, il fait installer, pour ce studio, une climatisation qui, a elle seule coûte quelque 2.200.000 F. Elle est, en revanche totalement silencieuse et capable de distiller le froid ou le chaud.
Cet immense studio met, une fois de plus en évidence, son sens aigu de la novation qu’il n’a cessé de mettre en oeuvre depuis qu’il a refondé le CFPTS. Ce lieu devient privilégié pour de multiples expériences professionnelles qui n’auraient pu avoir lieu ailleurs, expériences aussi marquantes pour les stagiaires, car elles leur permettent d’y trouver les conditions réelles de montage de grands spectacles, voire, de grands événementiels.
Par exemple :
- Festival Banlieues Bleues où 15 jeunes du département de la Seine-Saint-Denis ont pu se familiariser avec les différents métiers du spectacle musical

- Sessions Master avec les plus grands batteurs du monde : Robin di Maggio, Dom Famularo, Felix Lecco Saba, Laurent Bocciti, Rod Morgenstein, John JR Robinson etc...(en accord avec René Guérin rédacteur en chef du journal Batteur magazine)
- Réalisation de la grande photo de famille du théâtre par Bernard Richebé, organisée dans le cadre de l’opération Paris sur Scène dirigée par Danielle Mathieu. Cette photo, produite par l’agence Gamma, rassemble 150 comédiens de premier plan, tous installés sur les gradins que Serge Bouillon a rachetés aux Jeux Olympiques d’Albertville (pour apprendre aux stagiaires à monter des gradins suite à la catastrophe de Furiani) avec l'exclusivité de Paris Match et de l'émission de Michel Drucker .

Cette photo prend date dans l’histoire du théâtre. La veille Bernard Richebé photographie Serge Bouillon au milieu de son équipe.

Autour de Serge Bouillon on peut reconnaître, parmi tant d’autres, Sophie Dunoyer, Marc Morange, Stéphane Leuillet, Thierry Balasse, Eric Benoît, Sophie Cathala-Pradal, Michel Roy, Michèle et Patrick Creveux, Yves Valente, Eric Gaulupeau, Gérard Rocher…
Un grand projet mobilise dans le début des années 1990 Serge Bouillon, celui de faire, avec le concours de la Mairie de Paris un centre international du spectacle vivant à la Gaîté Lyrique. Ce sera d’ailleurs également le projet de la Direction de la Culture à la ville sous l’égide de Bruno Racine. Poursuivi par son successeur, Hélène Macé de Lépinay, devenue à son tour Directrice de la DAC, ce beau projet ne pourra hélas voir le jour. Le temps passera et la nouvelle mandature orientera ce lieu vers les nouvelles technologies. Que d’énergie, que d’ardeur pourtant ont été dépensées dans ce combat, lequel n’exclue pas, outre le déploiement constant de la formation aux novations constantes de la profession, les opérations ponctuelles, tentant toujours de rassembler la Profession à Bagnolet :
- Mise en place d'une étroite collaboration entre le Conservatoire National d'Art Dramatique, l’École Nationale supérieure des Arts Décoratifs et le C.F.P.T.S pour l'organisation des concours de fin d'année de ces trois institutions.
- La Comédie-Française viendra y planter les trois décors du spectacle monté par Dario Fo, ne disposant nulle part ailleurs d'un lieu suffisamment vaste pour une telle opération.
Il fait aménager au premier étage du nouveau bâtiment d’une superbe salle de répétition où de nombreux théâtres, comprenant très vite que Bagnolet est à la fois proche et accessible, seront heureux de répéter.
Serge Bouillon organise la production d'un film de promotion du Centre : À métiers exceptionnels formation exceptionnelles (Réalisation de Xavier de Cassan). De nombreux formateurs participent à cette réalisation, Michel Roy, Eric Gaulupeau, Christian Fourrage, Vincent Mahey... Ce film sera traduit dans plusieurs langues et servira la promotion européenne du CFPTS et l’étendue de son évolution.

Photographie de l’équipe des formateurs dans le grand studio par John Bainbridge
Depuis le printemps 1990, il consacre l'essentiel de son temps au CFPTS de Paris-Bagnolet pour lui conférer la dimension européenne et y assurer la formation de 90 % des professionnels du spectacle de l'hexagone.
Une cellule Europe est créée au sein du CFPTS avec la collaboration de Sophie Cathala-Pradal et France-Line Spielmann, qui multipliera les contacts avec la Communauté européenne et qui, enrichissant l'expérience de chacun, tendra à harmoniser, à partir de référentiels d'emplois élaborés en commun, nos programmes de formation et ceux de nos partenaires.

Programme européen Petra
Le CFPTS obtient pour le diplôme de fin de ses formations de longue durée, l'homologation de niveau III et son Directeur devient rapporteur auprès de la Commission interministérielle des homologations.
Depuis plusieurs années déjà Serge Bouillon également Président d’honneur de l’Association de la Régie Théâtrale apporte son soutien et celui du CFPTS aux expositions théâtrales organisées par la Bibliothèque historique de la ville de Paris. Ce sera particulièrement le car lors de la grande exposition consacrée à Jacques Noël en 1990.


« Cette exposition aura une présentation particulièrement étudiée : en effet, elle se situe dans la nouvelle salle d’exposition et nous avons bénéficié du concours du CFPTS (Centre de Formation Professionnelle des Techniciens du Spectacle). Que dis-je, du concours ! le directeur du CFPTS, Serge Bouillon a pris en charge la réalisation du décor, d’après les maquettes de Jacques Noël, aidé dans la conception de cette scénographie par son fils Philippe. Plus de vingt cinq stagiaires et formateurs ont travaillé pendant plusieurs semaines à la construction de ces coulisses du théâtre où seront présentées les œuvres de Jacques Noël. Leur ingéniosité n’a pas reculé devant la conception et la fabrication d’une extravagante maquette animée, de 2m 60 de côté. »
Jean Dérens
extrait de la préface du livre Jacques Noël « Théâtres »
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La Technique au service de la création
Rien de ce qui ressortit du spectacle n’est étranger au CFPTS. Son ambition est en effet d’apporter une formation toujours plus exhaustive aux techniciens qui demain seront aux commandes des équipements les plus sophistiqués du spectacle européen.
Comment, dans ces conditions, le CFPTS n’aurait-il pas souhaité participer activement à l’hommage rendu au grand professionnel qu’est Jacques Noël ?
La mise en œuvre des techniques du spectacle n’a d’autre but que d’élaborer l’environnement de la performance artistique, de l’encadrer, de la compléter, de l’enrichir, de créer l’atmosphère qui, dès l’envol du rideau, s’emparera du public, et, plus tard, marquera son souvenir.
Toute sa vie, tout son talent, toute son imagination poétique, sa science des effets spéciaux, ses pinceaux, ses crayons, Jacques Noël a-t-il jamais envisagé de les employer à autre chose ?
Serge Bouillon
Directeur du CFPTS
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En Mai 1991, Serge Bouillon est nommé Chevalier de l'Ordre National du Mérite, dont il reçoit les insignes des mains de Robert Alvado du Ministère de la Culture, lors d'une belle cérémonie organisée dans le grand studio avec le concours de l'association de la Régie Théâtrale et de la Bibliothèque historique de la ville de Paris, pour une exposition éphémère.


Autour de Serge Bouillon on reconnaît au premier rang Jean-Denis Malclès, André Acquart, Jacques Noël, Claude Jouen
2ème rang, Yves Valente, Vincent Parot, Jean Dérens, Daniel Louradour, Jacques Marillier
Dans la continuité de l’aménagement du grand studio, il a, entre temps, fait aménager au premier étage une vaste salle de répétition où de nombreux théâtres, comprenant très vite que Bagnolet est à la fois proche et accessible, seront heureux de répéter. Ces nouveaux locaux vont permettre des installations ponctuelles multiples mettant en application des technologies novatrices.
Sollicité par le Ministère de la Justice pour organiser en milieu carcéral des stages de formations qui se poursuivraient à Bagnolet, après libération conditionnelle des détenus, Serge Bouillon répond présent et quelques mois durant les formateurs du CFPTS fréquenteront assidûment Fleury-Mérogis, avant que, reconstruits par l'exigence professionnelle des gens du spectacle, les ex-détenus se retrouvent au CFPTS, puis, leur formation achevée, en milieu théâtral où on peut encore les rencontrer. La Médaille pénitentiaire viendra reconnaître l'effort et le désintéressement que requérait une telle mission.
Bagnolet forme également des stagiaires étrangers avant de les réexpédier dans leurs pays d'origine. Le CFPTS participe au jury d'examen de fin de formation, en Avignon, au Portugal, en Belgique, en Espagne… A l'occasion des différentes manifestations majeures et événementielles, telles le bicentenaire de 1789, le centenaire du général de Gaulle, le 50ème anniversaire de la Libération de Paris, les Jeux Olympiques d'hiver d'Albertville, l'exposition universelle de Séville en 1992… ses formateurs sont présents sur tous les sites.
Fondation de l'OFTSV
Serge Bouillon fonde alors l'Organisation Française des Techniciens du Spectacle Vivant, (l'O.F.T.S.V) qui prendra le relais de la branche française de l'Organisation internationale des Scénographes et à ce titre représentera la France à la quadriennale de Prague en 1992.
Soucieux d'élargir encore ses relations internationales, Serge Bouillon participe aux colloques culturels de Moscou, de Montréal, de Caracas.

Colloque de Moscou, on reconnaît Marcel Bozonnet alors administrateur de la Comédie-Française et Serge Bouillon
À la demande des autorités locales, il se rend au Portugal, en Guyane, en Corse pour jeter les bases d'une implantation d'un établissement de formation aux métiers du spectacle. Il est sollicité par l'Opéra Real de Madrid en pleine reconstruction pour participer à une étude sur ses futures conventions collectives.
Chaque stagiaire de formation initiale clôt sa formation par un stage sur l’une des grandes scènes européennes. Tandis que son Directeur et son attachée de relations publiques sillonnent le monde pour faire connaître la compétence française en matière de techniques du spectacle et trouver des débouchés pour ceux qui les pratiquent.
Les jeunes stagiaires du CFPTS en fin de formation font leurs premières armes à la Scala de Milan, à Convent Garden, au Berliner Ensemble, à l'Opéra de Stockholm etc.
De nouvelles activités sont développées, notamment la conception et le dessin en 3D, assisté par ordinateur…
En 1994, une immense fête réunit dans la soirée 1200 personnes pour fêter les vingt ans du Centre.
En 1995, la première expérience d'une masters class de comédiens sous la direction du grand metteur en scène russe Anatoli Vassiliev qu'il avait rencontré à Moscou.

Au centre, Serge Bouillon et Anatoli Vassiliev entourés des stagiaires comédiens de l’AFDAS
Il met en place une étroite collaboration entre le Conservatoire National d'Art Dramatique, l’École Nationale supérieure des Arts Décoratifs et le CFPTS pour l'organisation des concours de fin d'année de ces trois institutions.
La Comédie-Française viendra y planter les trois décors du spectacle monté par Dario Fo, ne disposant nulle part ailleurs d'un lieu suffisamment vaste pour une telle opération
Il jette les bases, avec les autorités de la Région Île de France de la création du CFA des métiers du spectacle.
En 1996, toujours à la pointe des techniques, Serge Bouillon mettra en œuvre les stages les plus performants stages de projecteurs asservis, stages de Formation de formateurs aux exigences de la sécurité qui lui vaudra la remise de la médaille de la CRAMIF
La synergie entre le fonds de soutien et le CFPTS est totale. Conscient de la modestie du loyer exigé par l’ASTP, Serge Bouillon se charge de l’entretien et de l’aménagement des locaux, engage une équipe d’ouvriers de bâtiments qu’il met aussi ponctuellement à la disposition des Directeurs des Théâtres Privés. Cette équipe, sous sa direction, va constituer l’essentiel des aménagements qui vont en 15 ans faire du lieu un espace de formation aux techniques du spectacle absolument unique en Europe, totalement dévolu au service la vie théâtrale.
L'année 1996 :
Le 24 Février 1996, devant le Maire de Saint-Malo avec pour seuls témoins, les deux parents de Danielle et ses trois enfants Didier, Martine et Stéphane, Serge Bouillon épouse Danielle Mathieu, après plus de 29 années de fiançailles, non sans avoir adressé à leurs amis le faire part suivant :
Le samedi 24 Février 1996
devant Monsieur le Maire de Saint-Malo,
en présence de leurs seuls témoins,
Danielle Mathieu et Serge Bouillon
ont légalisé le lien qui les unit
depuis, qu’à l’initiative
de Jacques Hébertot et de Raymond Rouleau,
ils se sont rencontrés au Théâtre Hébertot
le 14 décembre 1967
Dans des délais encore indéterminés mais sensiblement plus brefs, ils réuniront famille et amis pour fêter l’événement |

En voyage de noces à Venise
En ce même mois de février, après une grosse prise de risque, de longues tribulations qui ont duré une douzaine d’années, il devient le gérant de la Société Immobilière Batignolles-Monceau et de la Fondation Hébertot, et détenteur de 50 % des actions de ces deux entités propriétaires des murs du Théâtre Hébertot. Il est également le détenteur des droits moraux de Jacques Hébertot.
Serge Bouillon, conscient qu'il aura 70 ans le 25 décembre 1996, prépare son départ en retraite le 31/12/96. Il évalue le montant de ses dépenses d’aménagements durant sa direction à environ plus d’une vingtaine de millions de francs et reconnaît volontiers que, sans la modestie du loyer exigé par l’ASTP, ces investissements n’auraient pas été possibles.
Conscient de l’importance de l’audiovisuel et de ce qu’il peut apporter au spectacle vivant, Serge Bouillon, qui vient de lancer, avec les autorités régionales, les bases de la création d’un CFA du Spectacle, accueillera avec espoir la proposition faite par Gérard Mollard son tuteur au Ministère de la Culture, de le faire remplacer lors de son départ à la retraite à l’âge de 70ans, par Serge Beaudouin qui dirige un centre de formation audiovisuel.
Une grande fête surprise viendra saluer son départ et lui apporter une joie profonde. Cette fête verra l'intervention de plusieurs membres du Conseil d'Administration ainsi que la projection d'un film, réalisé par Michel Roy et Danielle Mathieu-Bouillon, agrémentées de multiples surprises, telles une chorale de tous ses collaborateurs.
Dans l'après-midi, Bernard Richebé, aura fixé pour la postérité toute l'équipe autour de son ancien Directeur.

Serge Bouillon au centre du groupe. Outre ses collaborateurs, on reconnaît Gérard Mollard du Ministère de la Culture, Michel Hellec, Jérôme Hullot et Patrick Ferrier, Luc de Sédano Délégué général de l’Association pour le soutien du Théâtre Privé
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De 1981 à 1990 les aventures parallèles :
1980-1983 BOBINO
Avec l’accord de Denis Maurey, Serge Bouillon accepte l’engagement de Bobino en qualité de Directeur administratif. C’est l’occasion pour lui de mieux connaître une structure essentiellement réservée à l’accueil des artistes de Variétés qui viennent y présenter leur spectacle, souvent rôdé en tournée. Il engage François Sourbieu comme régisseur. Les journées de travail deviennent particulièrement longues, puisque, s’il rejoint Bobino toutes les fins d’après-midi jusqu’à Minuit, voire plus, il est le premier arrivé à Bagnolet à 8h le matin. Les expériences vont se succéder et c’est une péripétie sonore assez sérieuse avec Maxime Le Forestier qui lui fera prendre la conscience d’une nécessité absolue de préparer différemment le métier de régisseur général. Durant plus de deux saisons, il aura l’occasion de côtoyer de multiples interprètes avec plus d’une trentaine de spectacles présentés. De Guy Bedos à Francis Lalane, lequel improvisait beaucoup et libérait son public jeune et enthousiaste vers 4 ou 5 heures du matin…
Bobino pour des raisons immobilières cessera son activité rue de la Gaîté pour aller un temps à l’Eldorado. Avant ce déménagement, Serge Bouillon quitte l’entreprise pour une nouvelle aventure, bien théâtrale celle-là.
En 1983, Jean-Laurent Cochet lui demande - mission impossible - de gérer l'alternance de 23 spectacles différents. La ville de Paris a alloué une subvention qui ne peut pas véritablement permettre une entreprise d’une telle envergure. Il faut trouver un théâtre ; après un moment de recherche, il s’avère que le Théâtre Hébertot est alors disponible et vide de personnel, employant seulement un régisseur. Une convention de location est prise entre la Compagnie et le Théâtre. Serge Bouillon retrouve avec bonheur le théâtre Hébertot si cher à son cœur.

Serge Bouillon au deuxième balcon du Théâtre Hébertot
De son côté, avec son charisme habituel, Jean-Laurent Cochet rassemble autour de lui tout un groupe de comédiens, Odette Laure, Claude Giraud et Jacques Eyser (tous deux transfuges de la Comédie-Française), Danielle Ajoret, Jean-Claude Régnier, Danielle Volle, Michèle André, Liliane Sorval, Max Fournel, Catherine Griffoni, Patrick Rollin, Guy Pintat et de nombreux jeunes acteurs parmi ses élèves, pour présenter, en alternance, ce qui ne peut jamais se faire dans un théâtre privé, plus de vingt spectacles.

Devant le Théâtre Hébertot, Jean-Laurent Cochet, Claude Giraud, Odette Laure, Jacques Eyser, Danielle Volle, Michèle André, Liliane Sorval, Danielle Ajoret, Max Fournel et toute la troupe
Afin de lancer sa première saison, Jean-Laurent Cochet, qui tient résolument à présenter à son public des spectacles qu’il aime, se lance dans les répétitions, sans jamais, précise Serge Bouillon, percevoir le moindre salaire. Jean-Laurent Cochet lui donne carte blanche pour tout ce qui concerne l’organisation administrative, technique, ainsi que l’accueil des spectateurs. Serge Bouillon engage toute une équipe autour de lui de manière à remplir tous les postes nécessaires à ces multiples montages. La modestie de la subvention implique une rentrée rapide de recettes ; il faut donc ouvrir au plus vite la location. Il appelle auprès de lui deux de ses anciennes élèves de l’ENSATT Véronique Alter et Marie-Laure Gilbert et charge Jacques Dartus et Catherine Giraud de la presse et de la communication. C’est parmi des formateurs et d’anciens stagiaires du CFPTS qu’il recrutera son équipe technique.
Un logiciel spécifique sera conçu à cet effet, en ces temps où l’informatique n’est pas entrée en vigueur dans les théâtres. Elle est indispensable pour lancer la vente des places des abonnements portant sur 23 spectacles différents joués en alternance. De son côté, Danielle Mathieu, alors administratrice du Théâtre Antoine, conçoit et rédige, gracieusement, l’ensemble de tous les programmes documentés, pour chacun des spectacles, lesquels seront édités par Fischer.

Texte de Serge Bouillon dans le programme du Nouveau testament de Sacha Guitry
en photo : Serge Bouillon, Jean-Laurent Cochet et Jacques Marillier
La Presse comprend très vite l’enjeu de cette entreprise si audacieuse, parlant même d’une Comédie-Française bis. Mais il ne peut être question de comparer les moyens d’existence de la première scène nationale avec cette aventure si aléatoire. Le désir est là, l’envie de donner du plaisir aux spectateurs en renouant avec des textes et des usages un peu oubliés, tout cela donne certes des ailes mais qui sont lourdes à porter. Comme le montre le texte du programme (voir plus haut), tous les participants démontrent leur foi et leur courage. Les 23 spectacles seront près à l’heure dite.
Molière, Marivaux, Labiche, Tchekhov, Henry Becque, Jules Renard, Alfred de Musset, André Obey, Jules Romains, Roger Ferdinand et plusieurs soirées poétiques, sont au programme. Le succès et l’estime sont au rendez-vous, mais les charges sont évidemment très lourdes. Néanmoins, l’aventure se poursuit.
Parmi les multiples spectacles de la deuxième saison :

Pour la deuxième saison, avec la complicité d’un public déjà fidélisé par les abonnements, Jean-Laurent poursuit l’alternance en annonçant une nouvelle saison tout aussi multiple et prometteuse, avec Beaumarchais et Le Mariage de Figaro, Jules Romains et la reprise du rare Donogoo, puis celle de La Reine Morte de Montherlant. Néanmoins les difficultés financières impliquent, si l’on veut continuer, d’arrêter l’alternance, trop lourde pour une si petite entreprise.
À l’affiche donc, en fin de saison, la pièce de Sacha Guitry, Le Nouveau Testament, dans laquelle Jean-Laurent Cochet donne une interprétation très remarquée du rôle créé par Guitry lui-même.

Pour la troisième saison, c’est Edouard Bourdet qui à l’affiche pour Le Sexe faible avec Patachou, Michel Creton, Jane Manson, Philippe Etesse, Odile Mallet, Patrick Rollin…

Ce sera la dernière saison d’une expérience, certes un peu folle, mais si passionnante et enthousiasmante. Cette véritable gageure aura réussi cependant à démontrer que l’impossible est parfois possible, un temps... Pratiquer l’alternance avec une compagnie et un personnel administratif et technique comparable, en nombre, à celui des établissements privés à programmation traditionnelle, fut indéniablement un évènement, d’ailleurs salué en 1984 par le Prix du Brigadier.
Serge Bouillon vante, en même temps que le courage infini et désintéressé de Jean-Laurent Cochet, le magnifique travail du décorateur Jacques Marillier, lequel a conçu un dispositif modulable permettant les rapides changements de décor, estimant que Jacques avait réussit là, « la quintessence de son art ».

Jacques Marillier (1924-2002), huile sur toile 115X162
Pour répondre à une commande de l'A.R.T., Jacques Marillier a choisi de synthétiser son œuvre scénographique, selon la technique italienne du XVIème siècle, par un ensemble de cartouches venant cerner le dispositif de base qu'il avait imaginé pour l'alternance de 23 spectacles présentés par la Compagnie Jean-Laurent Cochet
au Théâtre Hébertot (1983-1986)
photo Gérard Leyris - B.H.V.P.
En cette fin de saison, Jean-Laurent décide de mettre fin à l’aventure. Serge Bouillon, toujours depuis l’aube à Bagnolet à diriger dynamiquement le CFPTS, va pouvoir respirer un peu, mais guère longtemps, car une autre aventure s’annonce.
Le TEP de Guy Rétoré avenue Gambetta (1987- 1990) :
Lors du changement de statut du T.E.P de l'Avenue Gambetta (l’Établissement Public étant transféré avec tout son personnel au Théâtre National de la Colline), Guy Rétoré, qui a permis l’édification de ce Théâtre National, en en surveillant tant les travaux que la conception, aidé dans cette mission par son Directeur Technique Francis Charles, est frappé par la limite d’âge et ne peut prétendre à sa Direction. Jorge Lavelli assumera brillamment cette tâche future.
Néanmoins, Guy Rétoré qui fut d’une certaine manière le grand révélateur du Théâtre dans le XXème arrondissement de Paris, tient à poursuivre son action. Mais le Ministère ne peut lui allouer qu’une subvention diminuée des ¾, laquelle ne sera éventuellement versée qu’en février 1988 et la rentrée de la saison 1987/1988, approche. André Barachin, Directeur administrateur et financier de la Comédie-Française connaît bien Serge Bouillon et ses multiples talents face aux missions impossibles, puisqu’il est le Trésorier du CFPTS. Il conseille à Guy Rétoré de le convaincre de venir l’aider à refonder le TEP dans ces nouvelles conditions.
Ce dernier l’invite donc, en Mars 1987, à remplir une mission en tous points comparable à celle menée aux côtés de Jean Laurent Cochet. Le théâtre est vidé de son matériel et des 56 membres du personnel permanent. Il faut donc, sans financement encore, constituer une nouvelle équipe et, bénéficiant de son crédit personnel auprès des fournisseurs, acheter à crédit les outils techniques et administratifs nécessaires à une semblable entreprise. La première urgence est de lancer les nouveaux abonnements pour faire entrer la trésorerie indispensable. Serge Bouillon engage une nouvelle équipe de douze permanents en réorganisant le travail au sein de ce théâtre de l’avenue Gambetta, situé à deux pas de son appartement personnel.
En dépit des délais de la subvention, très réduite, la nouvelle saison peut commencer à la satisfaction générale. Guy Rétoré dont on connaît la réserve, ne lui écrira-t-il pas après le premier cycle de représentations :« Je ne crois pas trop à la chance, pourtant, elle existe… je vous ai rencontré.» Il ne quittera le T.E.P, restructuré par ses soins, qu'en Mars 1990, pour offrir au programme d'activités du C.F.P.T.S, de nouvelles et ambitieuses perspectives, ce qu’il mettra en action avec son énergie habituelle jusque fin 1996, estimant qu’il a désormais 70 ans et qu’il est raisonnable d’envisager de prendre sa retraite.

Georges Werler
et Guy Rétoré
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Depuis 1997
Si le rideau professionnel semble tomber en cette fin 1996, il ajoute à son activité ordinaire de gérant de société de production, de Trésorier de l'AFDAS et de la Maison du Geste et de l'Image. Toujours Président d'audience à la section encadrement du Conseil de Prud'hommes de Paris, il se lance dans une recherche personnelle en vue de l'écriture d'un ouvrage sur les œuvres théâtrales créées depuis 1950.
Il participe activement aux nombreuses expositions organisées par l'A.R.T à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, notamment celle consacrée en 1998 aux acquisitions majeures de la dernière décennie. Il orchestrera, avec Danielle Mathieu-Bouillon, la conception et la réalisation de l'exposition illustrant le Congrès Mondial Utopie 2000 à Marseille.

Danielle Mathieu-Bouillon devenue Directrice déléguée du Théâtre Comédia en 2002, requiert son aide, pour gérer ce vaste vaisseau. Il participera, avec la société Fondation Hébertot qu'il cogère avec son associé et ami Jean-Charles Rasse, à la production de l'Air de Paris avec Patrick Dupond.

Serge Bouillon travaillant au Théâtre Comédia, au premier plan, sa chienne Dobermann, Romy
En 2004, il reçoit des mains de Jean-Jacques Aillagon, ex-Ministre de la Culture, les insignes de Chevalier de la Légion d'honneur lors d'une réception donnée à la BHVP au cours de laquelle, Danielle Mathieu-Bouillon remet à leur ami de toujours Fred Kiriloff, les insignes de Chevalier de l'Ordre National du mérite.

Jean-Jacques Aillagon remettant la Légion d'honneur à Serge Bouillon
à la Bibliothèque historique de la ville de Paris
En 2005, il coécrit avec Antoine Andrieux-Guytrancourt un livre consacré à Jacques Hébertot qui servira de catalogue à l'exposition éponyme à la Bibliothèque historique de la ville de Paris en 2006, avec l'association de la Régie Théâtrale. Il coproduit avec la Fondation Hébertot, en 2008 de la reprise parisienne de Avec deux ailes, de Danielle Mathieu-Bouillon, créée en tournée en 2007 par Artémis Diffusion. La pièce a bénéficié à sa création en 2007 de l'Aide à la création de la SACD. Il participera activement au montage de Fame, à Comédia, en canalisant les énergies de la nombreuse et jeune équipe d’acteurs, de chanteurs, de danseurs et de musiciens.

Il renonce, en 2006, à présider les audiences du Conseil de Prud'hommes de Paris ainsi qu'à ses autres missions, ne conservant plus que la gestion de la SIBM et de la Fondation Hébertot pour se consacrer à l'écriture.
- Le lexique de la scène de Michel Ladj, auteur du préambule ( Éditions AS-scéno-1998 )
- ENSATT L'ÉCOLE THÉÂTRE ouvrage collectif Les Solitaires Intempestifs ( 2011 )

- CENTENAIRE DU THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES ouvrage collectif de 700 pages sous la coordination de Nathalie Sergent, dans l'équipe d'Armelle Héliot ( Comédie et Studio ), auteur du témoignage sur Jacques Hébertot ( Éditions Verlhac 2013 )

En juin 2013, il participe au Colloque de Cerisy la Salle. C'est une aventure joyeuse au mois de Juin qui rassemble des chercheurs du monde entier. Lui et son épouse représentent l’association de la Régie Théâtrale, sur les documents de laquelle tous les chercheurs ont fondé leur communication.
Ils traiteront du relevé de mise en scène de 1945 à nos jours.

Serge Bouillon et l’équipe du Colloque de Cerisy
En savoir plus sur Cerisy: http://www.ccic-cerisy.asso.fr/accueil.html
L'été 2013, hélas, est plus dramatique, il apprend le 11 août 2013 que son fils benjamin, Stéphane est mort, dans son sommeil, des suites d'une hémorragie cérébrale et que son fils aîné Didier est atteint d'un grave cancer.
Habitant Vincennes depuis peu il continue néanmoins à se passionner pour les conférences historiques du château et pour ses propres écrits.
Promenade Jacques Hébertot : sa dernière joie officielle
Pourtant, au milieu du chagrin qu’il vit au quotidien en tant que père, il va voir aboutir un projet qui lui tient à cœur depuis longtemps : donner le nom de Jacques Hébertot à un lieu parisien. C’est Daniel Schick, le réalisateur, animateur de radio et télévision qui lui conseille de postuler pour le terre-plein face au théâtre, pour lui faire donner le nom de Jacques Hébertot et c’est sur sa recommandation que Serge Bouillon sollicite la Maire du XVIIème arrondissement, Brigitte Kuster, laquelle en fera la proposition à la Mairie de Paris, qui en accepte le principe. Du temps s’écoule et en décembre 2013, Serge Bouillon apprend que l’inauguration est programmée. Il va de son côté en organiser le cocktail avec la complicité de son associé Jean-Charles Rasse, puisque, à eux deux, ils sont propriétaires des murs du Théâtre.
Face au Théâtre Hébertot, il pleut en ce matin du 16 janvier 2014. Francis Lombrail, Directeur du Théâtre, accueille les invités à l’abri de son foyer. Ce sera pour Serge Bouillon l’ultime joie officielle, entre les diverses allocutions, de voir, celui qui fut son maître et son père spirituel, enfin reconnu par Paris. La cérémonie se déroule dans une atmosphère chaleureuse en présence de Bruno Julliard, premier adjoint de la Mairie de Paris.

Inauguration de la Promenade Jacques Hébertot
de gauche à droite : Annick Lepetit Députée de Paris ( 17ème et 18ème ), Valérie Nahmias , adjointe à la Culture ( 17ème ), Bruno Julliard, adjoint au Maire de Paris, chargé de la Culture, Brigitte Kuster, Maire du 17ème, Serge Bouillon, ayant-droit Hébertot
photographie © Laurencine Lot
avec son aimable autorisation
Décès brutal de Serge Bouillon
En 2014, alors qu'il passe l'été dans la nouvelle résidence secondaire acquise par son épouse à Richelieu en Indre et Loire, tout en préparant le colloque de Cerisy d'Octobre avec une communication sur Cyrano de Bergerac, il est victime d'un large infarctus du myocarde et meurt brutalement au centre hospitalier du Chinonais le 31 juillet 2014 à 15h45.
Avec l'aide de sa belle fille Martine, qui les avait visités la veille de sa mort et l'avait rejointe dans la nuit, Danielle Mathieu-Bouillon remonte sur Paris et organise les obsèques à l’Église Saint-Roch le 6 août 2014 avec une messe célébrée par le Père Philippe Desgens, aumônier des artistes, devant une assistance nombreuse et émue en dépit de la date estivale. L'inhumation a lieu au cimetière ancien de Bagnolet, non loin de l'endroit où Serge Bouillon installait en 1980 le Centre de Formation Professionnelle des Techniciens du Spectacle.
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Les hommages sont nombreux
Son épouse Danielle, inconsolable, présentera pourtant la communication à Cerisy la Salle et tente de survivre en rendant hommage à un homme exceptionnel, en tentant de montrer à la face du monde le sourire et l'énergie que son époux aimait tant.
À peine trois mois plus tard, le sort s'acharne à nouveau sur la famille puisque Didier Bouillon, son fils aîné, ethnologue, anthropologue et professeur à l’École Nationale du Paysage de Versailles, décède à son tour des suites de son cancer, le 22 octobre 2014.
À son décès, Serge Bouillon était toujours :
- Gérant de la SARL de production théâtrale Fondation Hébertot ;
- Dirigeant de la Société immobilière Batignolles-Monceau, propriétaire du Théâtre Hébertot ;
- Président d'Honneur de l'A.R.T. (Association de la Régie Théâtrale, reconnue d'utilité publique);
- Membre du Jury du Prix du Brigadier

Le jury du Prix du Brigadier au printemps 2012 :
Au 1er rang :Paul Tabet, Hans-Peter Cloos, Myriam de Colombi, Jean-Marie Rouart de l’Académie Française, Danielle Mathieu-Bouillon, Jacques Crépineau, Catherine Salviat, Didier Long
Au 2ème rang : Jean-Claude Houdinière, Laurence Pascalis, Emmanuel Dechartre, Armelle Héliot, Serge Bouillon, Marie-France Mignal, Eric-Emmanuel Schmitt, Fanny Cottençon, Florian Zeller, Philippe Tesson, Annik Caubert
( photo Raymond Dellalande )
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Distinctions :
- Chevalier de la légion d'Honneur décret du 9 avril 2004 remis par Jean-Jacques Aillagon, ex-Ministre de la Culture, le 9 juin 2004
- Chevalier dans l'Ordre National du Mérite décret du 14 Mai 1991 remise le 27/11/1991
- Chevalier dans l'Ordre des Palmes Académiques décret du 20/02/88
- Chevalier dans l'ordre des Arts et Lettres décret du 28/05/97
- Diplôme d'Honneur du Ministère de la Justice du 19/02/87
- Médaille Pénitentiaire du 14/03/1991
- Médaille d'Honneur du Ministère de la Justice 12/08/1992
- Diplôme et médaille d’argent de la CRAMIF (au titre de la sécurité )18/12/97
- Grande Médaille de la Ville de Paris (reçue des mains de Jacques Chirac alors Maire de Paris et Premier Ministre) 23/12/1987
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Bibliographie :
Jacques Hébertot, le magnifique, coécrit, avec Antoine Andrieu-Guitrancourt (Paris-Bibliothèque / Fondation Hébertot 2006)
Le Lexique de la scène de Michel Ladj, auteur du préambule (Éditions AS-scéno-1998)
Participation à l'ouvrage collectif ENSATT L'ÉCOLE THÉÂTRE Les Solitaires Intempestifs (2011)
CENTENAIRE DU THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES ouvrage collectif de 700 pages sous la coordination de Nathalie Sergent, dans l'équipe d'Armelle Héliot (Comédie et Studio), auteur du témoignage sur Jacques Hébertot (Éditions Verlhac 2013)
Régie théâtrale et mise en scène - L'Association des régisseurs de théâtre 1911-1949 de Françoise Pélisson-Karro, auteur de la préface (Presses Universitaires Septentrion 2014)
Les Archives de la mise en scène - hypermédialités du théâtre - ouvrage collectif sous la direction de Jean-Marc Larrue et Giusy Pisano (Presses Universitaires Septentrion 2014)
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