La Bibliothèque historique de la ville de Paris dispose de l’un des fonds théâtraux les plus importants, après celui de la B.N.F. Le saviez-vous ?

Il y a quarante ans qu’un accord privilégié fut signé entre l’A.R.T. (Association de la Régie Théâtrale) et la Préfecture de Paris – la Mairie n’existait pas encore – pour que les importantes collections et documents de cette bibliothèque de professionnels, fondée en 1911 et reconnue d’utilité publique en 1924, s’installent au sein de la Bibliothèque historique de la ville de Paris, nouvellement implantée dans ce prestigieux hôtel royal du Marais.
Qui eut cru qu’une telle association entre une Bibliothèque généraliste orientée sur l’histoire de la capitale et une bibliothèque spécialisée sur le spectacle vivant allait engendrer une aussi belle synergie ?
Le fonds théâtral de l’Association de la Régie Théâtrale est devenu depuis 1969 celui de la Bibliothèque historique et… réciproquement.

La Bibliothèque Historique de la Ville Paris

Fondée en 1871, la Bibliothèque historique de la Ville de Paris n'a pas bénéficié des saisies révolutionnaires qui ont constitué les fonds anciens de la plupart des grandes bibliothèques municipales de France. Aussi ne doit-elle rien au hasard, ayant été façonnée par la volonté de ses conservateurs, dans la ligne qu'avait fixée son créateur Jules Cousin: elle est une bibliothèque spécialisée dans l'histoire de Paris. Le sujet est immense, car il ne concerne pas seulement la bibliographie historiographique proprement dite, déjà surabondante depuis le XVIème siècle, mais aussi toutes les sources imprimées ou manuscrites ayant trait à quelque aspect que ce soit de la vie parisienne.

De 1871 à 1914, sous l'autorité de Jules Cousin puis de Marcel Poëte, la Bibliothèque a connu un prodigieux accroissement. Les collections se sont constituées en fonction des crédits accordés, des documents encore disponibles sur le marché, des opportunités, mais aussi suivant les goûts, les intérêts et le travail des conservateurs, et cela, dans un climat général extrêmement favorable: au lendemain de la défaite de 1871, le développement de l'histoire locale est une réponse au pangermanisme de l'historiographie allemande. En 1874, se crée la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile de France, qui regroupe les plus grands érudits de la capitale, d'Auguste Longnon à Léopold Delisle. Dans le dernier quart de siècle, on voit apparaître une douzaine de sociétés locales d'histoire de Paris qui publient, chaque année, de copieux bulletins, au moins jusqu'à la guerre de 1914.

l'Hotel de Lamoignon
en 1898

Tombée en léthargie entre les deux guerres mondiales pour cause d'indifférence de l'administration, la Bibliothèque renaît à parir de 1945 sous la direction de Jean de la Monneraye, puis d'Henri de Surirey de Saint Rémy, de Patrice Roussel et de Mlle Hélène Verlet. En 1968, elle quitte l'hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau, pour s'installer à l'hôtel d'Angoulême-Lamoignon, où avait été ouverte en 1763 la première bibliothèque publique de la Ville en application du legs du procureur Moriau (elle fut confisquée à la révolution et attribuée par le Directoire à l'Institut de France).

Dans ce magnifique hôtel, soigneusement restauré, la Bibliothèque dispose d'une salle de lecture de 100 places -contre 30 places à l'hôtel Le Peletier. C'est dire la volonté de la Ville d'ouvrir ses collections au plus large public et de renouveler l'intérêt pour l'histoire de Paris. Conformément à la décision de la Mairie de Paris et de la Direction des affaires culturelles de la Ville de Paris, la bibliothèque historique est publique et son accès libre pour toute personne munie d'une pièce d'identité. Le succès - de 120 à 160 lecteurs par jour - pose avec acuité le dilemne contemporain entre les deux devoirs du bibliothécaire: conservation et communication. Dans l'attente du développement des moyens de la lecture "technique", microformes, CD Rom, PLAO et autres, la préservation des collections exige du personnel de la Bibliothèque un très important surcroît de travail: vérification des pièces avant et après communication, limitation draconienne de la photocopie, qui, dans la mentalité des lecteurs d'aujourd'hui est considéré comme un droit alors qu'elle n'est pratiquée, à la Bibliothèque, que comme une tolérance.

L'angle de la rue Pavée et de la rue des Francs-Bourgeois
1898

Il appartient enfin à la Bibliothèque de participer à l'action de la Commission des travaux historiques de la Ville de Paris. C'est elle qui suit les dossiers, aide à la préparation des volumes choisis par la Comission et assure leur publication. Depuis qu'en 1983, le Maire de Paris, M. Jacques Chirac a recrée cette institution qui remonte au Second Empire, plus de 40 volumes d'érudition ont ainsi vu le jour.

Ainsi, la bibliothèque reste solidement ancrée dans sa tradition, au service de la mémoire de l'histoire de Paris. Conservation, lise en valeur, communication, enrichissement sont les soucis de ceux qui la servent et qui présentent brièvement dans les pages qui suivent les principaux fonds dont ils ont la charge.

Qu'on me pardonne ma présomption: je me flatte surtout de la pensée que la Bibliothèque historique a su demeurer humaine, c'est à dire que, autant que faire se peut, tous ceux qui y travaillent, personnels, lecteurs, ou collaborateurs occasionnels en perçoivent l'harmonie et y sont heureux.

Jean Dérens
Ancien Conservateur en chef de la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris

La salle de lecture de la B.H.V.P.