
Jacqueline Delubac
(photo DR)
Collections A.R.T.
Le lendemain, le 21, jour anniversaire de ses cinquante ans, Sacha épousait Jacqueline Delubac, après avoir déclaré à ses invités, « J’ai cinquante ans, Jacqueline en a vingt-cinq, il est donc normal qu’en ce jour elle devienne ma moitié ! ». Pour lui prouver son amour, il n’eut de cesse de lui offrir des cadeaux de prix : diamants, vison, collier de perles. La femme élégante qu’était Jacqueline se sentait alors comblée.
Au lendemain des festivités de la noce, la Comédie Française présentait, pour la première fois, l’adaptation filmée d’une pièce de théâtre, il s’agissait de la projection des Deux Couverts signée Sacha Guitry.
L’année 1936 sera marquée par le tournage d’une adaptation de la pièce Pasteur. Sacha reprit le rôle du savant, une façon de rendre hommage à son père. Le film obtint un succès semblable à celui de la pièce et reçut la médaille d’or du « Comité international pour la diffusion artistique et littéraire par le cinématographe ». De plus Sacha fut élevé au grade de Commandeur dans l’ordre de la Légion d’Honneur.

Pasteur
(photo Roger Corbeau)
Tandis que le 18 septembre, on présentait, en exclusivité au cinéma Marignan, le film Le Roman d’un tricheur, au sujet profondément amoral, était affichée, le Ier octobre, au Théâtre de la Madeleine, la centième pièce de Sacha Guitry : Le Mot de Cambronne. Ce furent, encore une fois, de véritables triomphes.

Le Mot de Cambronne
Pauline Carton et Marguerite Moreno
in Relevé de mise en scène originale
Collections A.R.T.
Puis vint la projections de deux adaptations théâtrales filmées, la première, au Colisée de Mon père avait raison et la seconde, Faisons un rêve au Marignan, suivi de la projection du Roman d’un tricheur.

Le Roman d'un tricheur
Marguerite Moreno et Sacha Guitry
(photo DR)
Tournant dans les studios la journée, jouant la comédie le soir, Sacha était débordé. Il ne lui restait que la nuit pour écrire. Jacqueline, à l’encontre d’Yvonne, était une épouse fidèle. Néanmoins, bien qu’elle ait joué dans vingt trois pièces de son époux et tourné dans onze de ses films, elle s’ennuyait auprès de lui, il ne lui appartenait jamais, elle se sentait à son tour délaissée. Si elle devenait célèbre, elle savait qu’elle le devait à son époux et s’il lui plaisait d’être une artiste applaudie, elle aurait préféré, de loin, être choyée par l’homme qu’elle aimait.
Le ménage commençait doucement à se disloquer.
L’année 1936 fut une année de bouleversement politique. L’arrivée du Front Populaire fut un événement capital en France. Sacha ne s’en souciait guère, il poursuivait son labeur d’écrivain et de réalisateur. Comme s’il avait tout son temps, il organisait des galas au bénéfice des « Gueules cassées » ou des artistes malheureux. Il lui arriva même d’apprendre à faire des tours de prestidigitation pour se produire lors d’une soirée en faveur des frères Isola, illusionnistes, tombés dans l’oubli. De plus, il n’était pas rare ni étonnant d’entendre à la radio des émissions qui lui étaient consacrées. Enfin, il ne comptait plus ses tournées à travers la France et à l’étranger où il se faisait acclamer.
En mai 1937, inspiré à la fois par l'« Entente cordiale » réunissant la France et la Grande Bretagne et le récent couronnement de Georges VI , Sacha imagina un scénario relatif à la couronne anglaise, film, intitulé évidemment : Les Perles de la couronne. À cette occasion, il reçut une subvention record et put ainsi engager les vedettes parisiennes de premier ordre : Raimu, Mistinguett, Arletty, Marguerite Moréno, Jean-Louis Barrault et Cécile Sorel. La sortie du film fut un événement dont le triomphe parisien se répercuta à Londres.

Tournage des Perles de la Couronne
(photo DR)
Deux mois plus tard, dans le cadre de l‘Exposition Universelle de Paris, un dîner de gala fut organisé au restaurant des Ambassadeurs, en présence d’Albert Lebrun, Président de la République et du corps diplomatique. Ce fut à Sacha Guitry, que revint le privilège d’ouvrir la cérémonie par une allocution de son cru.
Le 5 septembre, il inaugurait « le Bar des vedettes » émission du nouveau poste radiophonique « Radio 37 », suivi, trois jours plus tard , de la première représentation de Quadrille au théâtre de la Madeleine. Cette comédie qui remporta un immense succès devint le sujet d’un nouveau film, ainsi que le fut Désiré. Tandis qu’en France, Sacha Guitry, nommé nouveau membre de l’Académie Goncourt, était reconnu comme l’une de ses plus célèbres personnalités, hors de nos frontières, il était devenu une star universellement connue.

Quadrille
Sacha Guitry et Jacqueline Delubac
in Relevé de mise en scène originale
Collections A.R.T.
Sans perdre une minute, en octobre, Sacha se mit à l’écriture de son futur film Remontons les Champs-Élysées. Le premier tour de manivelle eut lieu le 3 mars, aux studios de Joinville.

Tournage d'En remontant les Champs-Élysées
(photo DR)
Dans un petit rôle, avait été engagée Geneviève de Séréville, la « Miss Cinémonde » de l’année. Pendant ce temps, Jacqueline Delubac, accompagnée du jeune premier Henry Garat, était partie à Nice pour tourner, sous la direction de Pierre Caron, Accroche cœur dont le scénario était signé Sacha Guitry. Le 19 juillet, au palais de l’Élysée, en présence des souverains britanniques, du président de la République française et du corps diplomatique, Sacha Guitry et Jacqueline Delubac interprétèrent un à-propos sur l’origine du « God save the King ».
Début novembre, le Théâtre de la Madeleine afficha Un monde fou. Ce fut la dernière fois que Jacqueline Delubac donna, sur scène, la réplique à son époux. C’est alors que d’un commun accord, les Guitry décidèrent l’officialisation de leur divorce.

L'Intransigeant - novembre 1938
Collections BHVP/A.R.T.