Association de lalogoRégie Théâtrale  

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Quelques pièces

 

Arthur Adamov

 

LA GRANDE ET LA PETITE MANŒUVRE

Pièce créée au Théâtre des Noctambules, le 15 novembre 1950, à 18heures, interprétée par Roger Blin,Françoise Morhange, Annie Gironay, Genica Athaniasou, Albert Médina Jean-Marie Serreau, dans une mise en scène de Jean-Marie Serreau, décors de Jacques Noël.

grande et petite manoeuvre
Affiche de Jacques Noël
Collection part. de Jacques Noël

Collections A.R.T.

Analyse

Un ouvrier (le Mutilé) a eu les bras brisés par une machine-outil. Une femme, inconnue apparemment douce mais implacable, vient pour l’aider. En fait elle l’oblige à écouter les forces maléfiques de “ l’extérieur ”. Ce sont “ les Moniteurs ” qui entraînent peu à peu vers la destruction totale de son être.

Critiques

« Tout cela n’est pas gai, certes, mais l’excès d’horreur finit par déclencher l’hilarité. C’est le propos du Grand Guignol. À cet égard nous sommes servis : au lever du rideau, un personnage possède ses quatre membres. Après le premier tableau, il lui manque deux bras. Après le deuxième, il a une jambe en moins. Après le suivant, il revient sans jambe du tout dans une petite voiture, cul de jatte. Un tableau de plus et c’est nous qui perdions la tête ».
Jean-Jacques Gautier - Le Figaro

« Une sombre histoire ! C’est la nôtre, selon M. A. Adamov qui voit l’humanité quelle que soit la mystique qui la gouverne, soumise au labeur forcé, aux surveillances et aux brutalités policières et capable seulement du jeu lugubre d’escarpolettes où les victimes d’hier deviennent les bourreaux de demain. En sortant j’ai retrouvé avec soulagement les Boul’Mich, le tohu-bohu de la jeunesse. Enfin on parlait, on riait même. Il y a donc des pays où les prédictions de M. Adamov ne sont encore que des menaces. Je respirais l’air de la Liberté ».
Robert Kemp - Le Monde

« Les gens de goût et Dieu sait s’il y en a, ont frémi à la Générale (…). Il est certain que cela est choquant et que cela offense le bon goût. J’imagine que M. Adamov s’est dit cela en passant et qu’il a décidé de n’en point tenir compte. Rien n’est plus salutaire pour le théâtre qui s’endort dans l’exquis ».
Renée Saurel - Combat

 

TOUS CONTRE TOUS

Pièce créée au Théâtre de l’œuvre, dans le cadre des « Mardis de l’Œuvre », le 14 avril 1953 interptétée par Jean-Marie Serreau, Maurice Garrel, Yves Brinville, Arlette Thomas, Solange Sicard, Dominique Chautemps, Frédérique Ruchaud, Laurent Terzieff,  Eléonore Hirt... dans une mise en scène de Jean-Marie Serreau, décors de Jacques Noël, musique de Georges Delerue.

tous contre tous
Affiche de Jacques Noël
Collections A.R.T.

Analyse

Dans un pays totalitaire, que traverse une crise économique, les gouvernements successifs, pour calmer les ouvriers réduits au chomage rejettent sur les réfugiés la responsabilité de la crise qui affame et affole les travailleurs. Un changement de régime intervient et les persécutés deviennent à leur tour les persécuteurs.

Critiques

« Cette pièce étouffante qui à la fois ravive tant d’affreux souvenirs et préfigure tant d’horreurs futures, est presque insoutenable. Mais par son mélange de réalisme brutal et d’une sorte de réalisme poétique, par la vigueur de son dialogue, elle nous confirme dans le talent d’Arthur Adamov ».
Paul Gordeaux - France-Soir

« Adamov, témoin de notre temps, exprime dramatiquement quelques-unes des absurdités et des angoisses qui le caractérisent ».
Georges Lerminier - Le Parisien Libéré

« Arthur Adamov, à nous présenter la cruelle, l’incompréhensible bizarrerie de mœurs humains, met tant d’enthousiasme appliqué qu’on ne peut que le soupçonner de voir en elle la face ignoble d’une ineffable générosité. »
Jacques Audiberti - Arts

« Ironie et pitié ne se mêlent pas seulement, mais se dépassent pour faire place à un sentiment sans nom qui, par instants nous submerge et qui est vraiment de notre temps. Il est vraiment scandaleux qu’un spectacle de cet intérêt ne puisse être donné présentement que de façon exceptionnelle alors que des pièces dépourvues de tout mérite soit jouées régulièrement et cela pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la littérature ».
Gabriel Marcel - Les Nouvelles Littéraires

 

LE PING PONG

Pièce créée le 27 février 1955, au Théâtre des Noctambules, interprétée par R.J. Chauffard, Jean Martin, Marcelle Géniat, Xavier Renoult, Jacques Mauclair, Christiane Lénier, Pierre Leproux, mise en scène Jacques Mauclair, décors Jacques Noël.

Analyse

Dans l’univers des billards électriques vivent des hommes passionnés par le mystère de ces appareils à sous. Au-dessus d’eux le « Consortium » règle le mouvement des billes. Deux amis,les étudiants Victor et Arthur tentent d’approcher « Le Vieux », directeur du « Consortium ». La situation se compliquera jusqu’au moment où, par la force des choses, elle redeviendra très simple.

Critiques

« Chargée de symboles au point d’en éclater dangereusement presque à chaque mot, cette bombe H du théâtre d’avant-garde risque de faire autant de victimes dans la salle que sur la scène ».
Jean Serge - Paris-Presse

« Adamov a dépassé l’exhibitionnisme, il en est à l’exposition. Son œuvre n’est encore que la préface d’un chef d’œuvre qu’il fera, j’en suis sûr, et qui sera comique à pleurer ».
Guy Verdot - Franc-Tireur

« Adamov a quelque chose de plus à nous dire que Feydeau. Il a installé sa pièce au coeur des mythes avec lesquels nous vivons, mais les attaque avec vigueur, mais les attaque avec virulence. En un sens Ping-Pong peut se définir comme un anti-Kafka. Le maniement du lieu commun, l’exploitation de l’imbécillité ou de la désarmante naïveté des hommes nous revoient aux préoccupations de Flaubert ».
Guy Dumur - Combat

« L’autre soir, au théâtre des Noctambules, le spectacle était surtout dans la salle. On jouait Le Ping-Pong d’Arthur Adamov et les admirateurs du « maître »- duffle-coat, queue de cheval, chandails noirs et pantalons fuseau - applaudissaient frénétiquement. Pour être, sans nul dessein provocateur, resté bras croisés, je crus ma dernière heure venue. Ma voisine, très Rendez-vous de Juillet, ne paraissait pas comprendre que je ne comprenais rien. Chaque époque a ses idoles qu’elle mérite, la nôtre a été jugée dignes des appareils à sous ».
Jean Vigneron - La Croix

ping-pong
Le Ping-pong
(photo H. Köster)

 

PAOLO-PAOLI

Pièce créée en mai 1957, au Théâtre de la Comédie, à Lyon et reprise au Théâtre du Vieux Colombier à Paris le 20 janvier 1958 dans la même interprétation : Armand Mestre, Malka Ribowska, Alain Mottet, Henri Galiardin, Isabelle Sadoyan, Julien Mallier Colette Dompietrini, mise en scène de Roger Planchon, décors René Allio.

Analyse

Dans le Paris de la Belle Époque, trois « intermédiaires », l’entomologiste Paolo-Paoli auquel des forçats de Cayenne fournissent des papillons exotiques, l’industriel Hulot-Vasseur et l’abbé Saulnier, homme d’affaires à ses heures, se sont engagés dans jeu de troc et de marchandage aux revenus illicites mais très juteux.

Critiques

« Après Brecht, après Sartre, Adamov ouvre ici une des voies possibles au théâtre réaliste historico-politique, comme tout grand théâtre satirique, comme tout théâtre social, aujourd’hui ».
Guy Leclerc - l’Humanité

« L’auteur, M. Adamian, dit Arthur Adamov, est-il l’homme qualifié pour se gausser ainsi des travers et des ridicules, pour dénoncer les vices et les crimes d’une certaine société française, nous ne le croyons pas (…) Enfin et, c’est à nos yeux le plus grave, l’auteur de Paolo-Paoli met en scène un prêtre affairiste, le charge des plus noirs péchés et en vient à salir, à travers l’abbé Saulnier, tout le clergé français. Le douzième tableau, celui qui s’attaque aux aumôniers militaires de la Grande Guerre est inadmissible ».
Jean Vigneron - La Croix

« Nul doute que Paolo-Paoli ne constitue une sorte d’événement du Théâtre Français contemporain (…) Politique qui ne renierait aucune des conquêtes du théâtre contemporain, mais au contraire les approfondirait ».
(Bernard Dort - France Observateur

« Dans l'ouvrage, j’aperçois à chaque instant ce que j’appellerai le rictus de l’apatride. »
Gabriel Marcel - Les Nouvelles Littéraires

« La haine de l’auteur pour les soldats et surtout pour les « curés »s’exprime de façon si odieuse que beaucoup de gens se lèvent et s’en vont sans que nul ne s’en étonne, les ouvreuses tiennent les portes entrebâillées. »
Jean-Marc Montguerre - Artaban

« Il faut écrire que Paolo-Paoli n’est pas plus explosif que Les Mémoires d’un Âne de la Comtesse de Ségur. Léon Bloy a été beaucoup plus loin en un temps où l’on ne badinait pas ».
Pierre Marcabru - Arts

 

LE PRINTEMPS 71

Pièce créée le 6 mai 1963 au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis.

Analyse

C’est la vie au quotidien, d’un petit groupe d’hommes et femmes pendant les trois mois qu’aura duré la Commune de Paris. La naissance de ce premier et provisoire gouvernement de la classe ouvrière dans le monde sera source de joies, d'efforts, de sacrifices, d’espérances, d’échecs, de désillusion, de misères et de deuils.

Critiques

« Il y a un certain ton de la Commune. Une ambiance, une vie extraordinaire. Il y a quelque chose de navrant, de touchant, d’inoubliable, de bébête, de merveilleux dans cette espèce de vocabulaire de la Commune ».
X… Témoignage - Chrétien

« Sa vision, (celle de A. Adamov) se ramène à ceci : d’un côté les gens extrêmement admirables, désintéressés, purs, courageux, vaillants, humains, généreux, sublimes… Leurs rangs sont peuplés de saints et de victimes. D’autre part, il y a les immondes, les lâches, les affameurs. L’ignominie fleurit sous l’arrosoir de la richesse. Pas une saleté chez les Communards. Un tas d’ordures se putréfiant au noir soleil du Capital dans la chaleur moite des marécages germano-financiers du cléricalisme. Je ne discute pas. Je ne conteste rien. J’enregistre et définis les couleurs dont se sert M. Arthur Adamov ».
Jean-Jacques Gautier - Le Figaro

« Il y a ici des gens qui disent des bêtises à l’occasion, d’autres à qui il arrive brusquement d’avoir peur, de flancher. Pas un n’est « exemplaire »au mauvais sens du mot. Ils vivent au cœur de l’Histoire, sans en saisir clairement les contours : ils sont braves et insouciants, gais, tourmentés, résolus et exténués, ils s’abandonnent parfois à des rages ou des découragements prématurés, s’accrochent à des espoirs dépassés… des Hommes, quoi ! Voilà un grand spectacle ».
Guy Leclerc - l’Humanité

« La pièce ne commence vraiment à « accrocher », à mordre, que lorsque débute la répression sanglante, l’atroce « chasse aux Communards ». Alors le spectacle rejoint l’Histoire ».
X… - Libération

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la mémoire du théâtre