ITINÉRAIRE BIS
de Xavier Daugreilh

Parce qu'il part s'installer, pour son travail, à Hong Kong, Marc a envie de voir ses parents ensemble à l'aéroport. Eux ne s'attendaient pas à se rencontrer : ils se sont séparés il y a belle lurette, et n'ont plus guère de nouvelles l'un de l'autre que par l'intermédiaire, justement, de ce fils. Jean, très père-poule, un peu ridicule, et très affecté par son départ : c'est lui qui a élevé Marc, il va se retrouver encore plus seul. Christine, partie il y a trente ans avec le médecin qui avait soigné son entorse, est plus joyeuse : désormais veuve, elle voit là l'occasion d'aller découvrir Hong Kong, avec une amie.

Entre l'ours un peu vieux garçon et la quinquagénaire joyeuse et dynamique les retrouvailles sont hésitantes, mais finalement cordiales. Au fil de la soirée, les ex deviendront plus proches, chacun déteignant un peu sur l'autre. Il y a des quiproquos, des téléphones par-delà les mers, une liaison sans lendemain, une amitié qui se fissure, un bébé qui s'annonce. On ne recommence rien, mais la vie continue.

Rien de très spectaculaire, mais, dans la succession vivement enchaînée de courtes séquences, beaucoup de vérité, un zeste d'aimable loufoquerie, une absence sympathique de clichés et une aimable philosophie de la vie. Cette comédie souriante, petite musique en mineur plutôt plaisante, est signée Xavier Daugreilh, dont on avait aimé il y a quatre ans les fantasques « Comédies passagères », couronnées du molière de la meilleure pièce comique, dans une mise en scène d'Alain Sachs, au La Bruyère déjà.
Des petites surprises loufoques
Cette fois, c'est le directeur du théâtre, Stephane Meldegg, qui dirige avec tact, dans un décor tout simple, quelques toiles peintes évoquant le Lubéron ou Hong Kong en fond de plateau, une poignée de comédiens solides qui n'en font jamais trop : Bernard Verley, attendrissant vieil ours, Annick Blancheteau, dynamique maman toujours jeune, Marc Fayet (un ancien d'« Accalmies passagères »), Attica Guedj et Meldegg lui-même, l'ami fidèle qui, finalement, trouvera, lui, le bon bout de la route.

Cet « Itinéraire bis » se déroule sans accident, mais sans monotonie, il est jalonné de petites surprises gaiement loufoques, et se suit sans ennui, avec le sourire.

ANNIE COPPERMANN

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