SOMMAIRE

Noblesse des sentiments

Les travaux d’intérêt général sont une punition intelligente. Chaque chauffard devrait aller faire un tour dans les unités de soins hospitaliers, chaque malotru qui ne sait plus ce qu’est le respect devrait être envoyé du côté des gens âgés abandonnés de tous... Non mais !
Après avoir renversé avec sa voiture un monsieur de 86 ans, Ross a gagné le pompon. Il est condamné à lui rendre visite tous les jeudis soirs et cela durant six mois... Et comme s’exclame Monsieur Green surpris : « Pour quoi faire ? ». Pour Ross, ce n’est pas gagné d’avance... Le vieillard est du genre grincheux. Depuis la mort de sa femme, il vit en reclus. Et puis tout à coup, le mot magique ouvre le cœur du bonhomme... Le jeune inconnu est juif...
Ça change tout. Comme le renard avec le « Petit Prince », ils vont s’apprivoiser. Chacun va apporter à l’autre beaucoup plus que prévu par le juge...
Le texte de l’Américain Jeff Baron est merveilleux. Il l’est pour de nombreuses raisons : les sentiments y sont simples, remplis d’humour, d’émotion, de tendresse, d’espoir... Pas de grandes phrases, mais plein de petites, celles de tous les jours. Avec malice et générosité, le metteur en scène Jean-Luc Tardieu a merveilleusement dirigé les deux interprètes. Ross est le typique jeune américain d’origine juive. Et gay par dessus le marché... S’il n’a pas de mal à accepter son homosexualité, il a par contre du mal à la vivre. Ce gars a un cœur en or qu’il noie dans un flot de paroles. Thomas Joussier évite à son personnage de tomber dans la caricature et lui apporte une belle sensibilité. Mais le choc est incontestablement le jeu de Philippe Clay. Jusque dans les moindres détails, la démarche, la main tremblante, le regard..., il est Mister Green. Par son extraordinaire interprétation, par la compréhension de son personnage, il donne au texte une belle dimension. Une leçon de vie et d’espoir jubilatoire.

Marie-Céline Nivière

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