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Une visite à Mr Green s'impose

Visites à Mr Green est, tout simplement, un grand, un beau, un indispensable moment de théâtre. L'un de ceux dont se souviendra certainement le jury des Molières. Philippe Clay joue un vieil homme perclus de solitude, étouffé de regrets, depuis la mort de sa femme, Yetta, et celle, symbolique, de sa fille, Rachel. Grâce à sa rencontre avec Ross, jeune cadre d'American Express, il va s'ouvrir peu à peu au monde, découvrir la tolérance, par l'amitié presque filiale que le jeune homme lui porte. En laissant entrer la lumière du jour dans l'appartement, Ross va, lui aussi, se dévoiler à Mr Green, aller, pour une fois, au bout de ce qu'il est, au bout de sa souffrance, de sa différence.

Bonheur

L'émotion née de la rencontre, dans les rires et les pleurs, nous étreint dès le début et ne nous lâche plus jusqu'à la fin de la pièce. On rit avec eux, on pleure avec eux, on doute avec eux. Le regard de Philippe Clay, l'expression de sa lassitude, de sa douleur sont poignants, tant que sont drôles ses réparties naïves, ironiques, sa façon de faire semblant pour ne pas comprendre. C'est un grand acteur. Mais le bonheur de cette pièce tient aussi par le duo des comédiens, qui se sont vraiment trouvés, comme retrouvés. Thomas Joussier n'est surtout pas un cadre « d'opérette »caricatural, virevoltant, un attaché case à la main. Tout en nuances, son jeu sensible de jeune homme qui a soif de compréhension et d'amour est sans doute le reflet de l'attachement du comédien à Visites à Mr Green. C'est lui qui a fait vivre cette pièce en France avec Philippe Clay et Jean-Luc Tardieu, qui l'a porté après le décès de John Berry, qui l'a traduite. Jeff Baron, l'auteur New-Yorkais était dans la salle pour les débuts de la pièce à Paris. Il y fut acclamé. "Ce que vous allez voir ici, est à la fois exactement ce que j'avais imaginé et une création unique réalisée par ces merveilleux artistes français", disait-il en préambule.
Unique, c'est bien le mot.

Dominique Perez

 

 

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