Association de lalogoRégie Théâtrale  
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Quelques pièces

 

LE PROFANATEUR

 

Pièce en quatre actes, création le 5 janvier 1952, au théâtre de l’Athénée. Interprétation : Pierre Poncet, Marcel Vibert, Jean Nossereau, Christian Lude, Michel Bouquet, Marcelle Tassencourt, Henry Polage, Tony Taffin, Ariane Borg.

Mise en scène : Tania Balachova. Décors et costumes : Léon Gischia.

 

Analyse

L’action se passe à Mantoue au XIIIème siècle. Le pape vient de décider une croisade contre Frédéric II de Hohenstaufen. Le capitaine Wilfried de Montferrat refuse de s’engager avec les Guelfes, sous la bannière du pape ou avec les Gibelins sous l’étendard de Frédéric II. Il refuse de « prendre parti ». Il choisit la liberté et les amours. Il affrontera la mort, non pour témoigner en faveur d’une idée - ce serait encore un engagement – mais seulement parce que tel est son goût : « Il est un héros tragique qui meurt parce qu’il refuse la tragédie »

 

Critiques

« M. Thierry Maulnier ne veut pas qu’on trouve son drame « romantique ». Ce drame n’évoque pourtant que des fous d’orgueil du romantisme (…) Et si le problème de « l’engagement » ne paraît pas épuisé par l’aventure du « Profanateur », virtuose du blasphème, je déclare pourtant que cette pièce est la plus forte et la plus belle qu’on ait créée cette saison ».
Robert Kemp Le Monde 8 janvier 1952

« L’admirable chez M. Thierry Maulnier est bien qu’un essayiste de sa force trouve dans le style dramatique une si touchante et si juste expression en même temps qu’un lyrisme auquel il ne cède que pour montrer ce dont il est capable, rompant avec lui avant que n’apparaisse la moindre facilité. Je n’ai pas applaudi, depuis longtemps, une œuvre aussi belle et aussi grave dans une langue aussi pure ».
Jules Roy Théâtre de France Tome 2

« Cet admirable Profanateur de Thierry Maulnier m’apparaît comme né d’une nostalgie - non peut –être celle que ressent l’auteur, mais de la nostalgie propre à la génération des années 50 ».
François Mauriac Le Figaro 8 janvier 1952

« M. Thierry Maulnier ne donne à son païen ni la verdeur sacrilège du soudard de Jean-Paul Sartre, 1 ni le malicieux humour anticlérical des cardinaux de Jean Cocteau. 2 Il y met prudence, finesse, grande réserve et réflexion. Il en jaillit beaucoup de pureté, de simplicité aussi et personne ne sera choqué par les personnages ni par les discours ».
François Ribadeau-Dumas Une semaine à Paris 16 janvier 1952

 

 

LA MAISON DE LA NUIT

 

Pièce en trois actes, création le 12 octobre 1953, au théâtre Hébertot. Interprétation : Annie Cariel, Jean Schetting, Annie Noël, Michel Vitold, Roger Hanin, Dominique Chautemps, Robert Bazil, Pierre Vaneck, Marcelle Tassencourt, Bernard Alone, Jacques Porteret, Pierre Nègre, Étienne de Swarte, Georges Vanet.

Mise en scène : Marcelle Tassencourt et Michel Vitold. Décors : Georges Wakevitch.

 

Analyse

Dans les quelques kilomètre de no man’s land qui séparent l’Europe de l’Est de l’Europe de l’Ouest se trouve une maison où, sous la conduite d’un passeur, se réfugient des fuyards avant de passer à l’Occident dont la frontière est fermée. Parmi ceux - ci se trouve un ministre libéral que reconnaissent deux espions communistes. L’un deux, par pitié, ferme les yeux et décide de le laisser s’enfuir mais le second intransigeant se sert de son épouse pour le retenir et le faire arrêter.

 

Critiques

« De très fortes scènes charpentent cette Maison de la Nuit et un très beau dialogue la cimente. C’est « bâti à la main ».
Guy Verdot Franc-tireur 19 octobre 1953

« Des êtres de chair et de sang vivaient un drame, une tragédie : la tragédie de notre temps, la tragédie de la pitié : un miracle ! ».
Marc Blanquet France-Soir 18 octobre 1953

« Que M. Thierry Maulnier le veuille ou non La Maison de la nuit est d’abord une pièce politique, la pièce d’un homme de droite, fasciné par le communisme, par ce communisme qui le répugne mais dont il ne peut s’empêcher, semble-t-il , de prévoir la victoire  ».
Robert Kanters L’Express 24 octobre 1953

«  La Maison de la Nuit est une œuvre forte, écrite dans une langue ferme et qui fait corps avec la pensée. L’auteur témoigne d’une honnêteté intellectuelle qu’on aimerait bien constater chez ceux qui ne manqueront pas de se déclarer ses adversaires  ».
Max Favalelli Paris-Presse 18 octobre 1953

« C’est une pièce riche en scènes émouvantes. Ce n’est pas une démonstration en faveur de la pitié, c’est la peinture même d’un sentiment qui devient peu à peu si présent qu’il vous prend à la gorge et vous mêle à l’action ».
Jacques Lemarchand Le Figaro littéraire 24 octobre 1953

« Excellent point de départ, n’est-il pas vrai ? Jusqu’à l’entracte, Thierry Maulnier saura entretenir l’atmosphère d’anxiété qu’il a rendue et qui est doublement valable puis qu’hélas elle existe et pas bien loin de nous… J’ajouterai que l’auteur à réalisé un progrès : jusqu’alors ses pièces étaient uniformément graves. Au contraire dans La Maison de la Nuit il a su, de temps à autre, détendre le spectateur par un sourire. (…) J’avoue avoir moins aimé la seconde partie. On pouvait et l’on pourrait encore y pratiquer d’importantes coupures ».
Jean-Jacques Gautier Le Figaro 19 octobre 1953

 

 

LA CONDITION HUMAINE

La Condition humaine d'André Malraux
Collections A.R.T.

 

Pièce en 25 tableaux, création 6 décembre 1954, au théâtre Hébertot. Interprétation : Maïk, Jean Brassat, Roger Hanin, Roger Jacquet, Serge Sauvion, André Lacombe, Claude Simonet, Henri Polage, Marc Aurion, Jacques Dufilho, Renaud Mary, Jean Parédes, Ludmilla Hols, Rabakopulat, Agnès Vanier, Robert Quentin, Henri Gicquel, Camille Rouard, Jean Lanier, Elisabeth Simon, Denis Julien, Michel Salina, Lucien Nat, Marcelle Tassencourt, Marie6France Planèze, Marc Gentilhomme, Dominique Renard, Serge Bouillon, Camille Guérini, Gérard Buhr.

Mise en scène : Marcelle Tassencourt. Décors : François Ganeau. Réalisation sonore : Fred Kiriloff.

 

Analyse

L’action se situe à Shanghaï, en 1927, dans un climat de conspiration de complots de transactions clandestines, autour du général Tchang Kaï Chek qui occupe la ville. Un jeune homme, Tchen, trame un attentat contre ce dernier, mais ayant échoué, il se donne la mort.

 

Critiques

« Quand on sort de ce spectacle, bourré de péripéties, de souffrances, de désespoir et de sang, on n’éprouve plus qu’un désir, celui d’une lampée d’air pur ».
Paul Gordeaux France-Soir 12 décembre 1954

« J’avoue ne pas comprendre quel a été l’objectif de notre ami Thierry Maulnier en adaptant à la scène La Condition humaine d’André Malraux. Il répondra que c’est une fin en soi et invoquera comme raison suffisante son admiration pour l’œuvre de Malraux. Mais celle-ci, par son genre, par ses caractères littéraires, par son style, commandait-elle une semblable transposition ? Je reste persuadé du contraire ;».
Jean-Jacques Gautier Le Figaro 13 décembre 1954

« On nous dit que l’œuvre de Malraux s’est d’entrée de jeux « située en dehors et au – dessus de contestations politiques ». Qu’en pense le Malraux de 1933 ? En tous cas, telle que la voici, elle n’est ni en dehors, ni en dessus. Elle est en plein dans le sujet et au coeur même de l’actualité ».
Jean Guignebert Libération 15 décembre 1954

« Je crains que contrairement au désir de l’auteur La Condition humaine ne soit considérée comme une pièce communiste. C’est me semble-t-il la conséquence la plus grave d’une transposition nécessairement simplificatrice dont, en fin de compte, l’utilité me paraît problématique ».
Gabriel Marcel Les Nouvelles littéraires 23 décembre 1954

« M. Thierry Maulnier a conservé la mauvaise foi et tiré une mauvaise pièce. Ce n’est pas la première fois que les idéologues de la bourgeoisie reprennent les thèses des pires aventuristes (sic) et prétendent donner des leçons de Communisme aux communistes en établissant une discrimination classique entre les honnêtes militants « dupés » et les « chefs indignes ». M. Thierry Maulnier ne se console sans doute pas qu’une politique sage ait fait de Mao Tse Tong le Président de la République Populaire Chinoise ».
Guy Leclerc L’Humanité 13 décembre 1954

« Adaptation égale trahison ? On le donnait à penser en sous-entendant que M. Thierry Maulnier, qui ne fut jamais communiste, ne pourrait être le collaborateur de M. André Malraux qui ne l’est plus. Et la présence constante de Malraux auprès de son adaptateur serait le meilleur gage de sa fidélité, si toutefois la probité intellectuelle de M. Thierry Maulnier intellectuelle de M. Thierry Maulnier ne le rendait superflu… M. Jacques Hébertot à mis à la disposition de cette œuvre de première grandeur tous les myens qu’elle mérite ».
Max Favalelli L’Express décembre 1954

« Hébertot, Thierry Maulnier, Marcelle Tassencourt ont eu raison, avec l’accord d’André Malraux, de nous faire retrouver vingt ans après, en la faisant revivre cette Condition humaine qui, en 1954, comme en 1933, reste à la mesure des hommes et du destin de notre temps. Qu’importe les réserves dont certaines sont pertinentes, s’agissant d’une telle entreprise et, nous sentons comme c’est le cas dans ces tableaux souvent extraordinaires d’invention théâtrale, passer en nous le souffle et le sens même d’un des textes les plus hauts de littérature mondiale contemporaine ? ».
Georges Altman Franc-tireur 13 décembre 1954

« … Il y a des réussites extraordinaires. La plus difficile, la plus convaincante est por moi l’arrivée de l’auto, tous phares allumés, face au public, la grande ombre salutaire du terroriste, l’explosion qui suit. Le rythme général est excellent. La troupe flambe d’une conviction bouleversante…Comment ne pas applaudir de toutes ses forces à l’audace, à la noblesse d’une telle entreprise ? ».
André Fraigneau Arts décembre 1954

1 cf/ Le Diable et le bon Dieu, pièce créée le 7 juin 1951, au Théâtre Antoine
2 cf/ Bacchus, pièce créée le 20 décembre 1951, au théâtre Marigny.

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