Le 29 avril 1908, alors qu’au théâtre des Nouveautés triomphait depuis quelques semaines Occupe–toi d’Amélie du vaudevilliste Georges Feydeau, naissait à Paris le petits fils d’un général de brigade, Adolphe Hanoteau et fils de l’ historien Jean Hanoteau, ancien polytechnicien, attaché au cabinet du Président du Conseil, Georges Clémenceau. On prénomma le nouveau-né Guillaume. Rien ne pouvait laisser présager que cet enfant deviendrait lui aussi un auteur de théâtre d’une drôlerie irrésistible, farfelue, à la limite parfois de l’anarchisme.
Pour parfaire la bonne éducation qui lui avait été donnée lors de sa première enfance, l’adolescent fut inscrit aux lycées Montaigne, Louis le Grand, au Collège Sainte Barbe et à la faculté de Droit de Paris.
Jeune homme « bien comme il faut », docteur en droit, avocat stagiaire, il épousa religieusement, en septembre 1935, Melle Monique Hugot. L’un des témoins du marié fut Maître Maurice Garçon, avocat à la Cour de Paris, dont Guillaume était le secrétaire depuis plus d’un an.
Lorsque la guerre de 1939 éclata, Guillaume fut naturellement réquisitionné pour défendre la patrie. Capitaine au 235ème régiment d’infanterie, il fut fait prisonnier et libéré lors de l’Armistice. Il rejoignit alors la Résistance et prit pour pseudonyme le nom de Lombard. Cela ne l’empêcha pas de fréquenter le quartier de Saint-Germain des Près, et de s’acoquiner avec tout un chacun. Dans son livre de souvenirs, Henri Charbonneau se souvint : « Guillaume Hanoteau trinque gentiment avec les plus compromis de la collaboration, parfois même à la table où le ministre Darnand prend, sans façon, l’apéritif avec Boubal, patron du Flore ». Toutefois à la Libération de Paris, Guillaume Hanoteau fut nommé capitaine FFI.
Au cours de l’ Occcupation, Guillaume fit la connaissance de l’extravagante Alice Sapritch, comédienne au turban et au long fume-cigarettes. Elle était alors la compagne du collaborateur, l’écrivain Robert Brasillach. Fort des confidences de quelques amis dissidents, Guillaume Hanoteau lui annonça : « que ce dernier n’avait rien à espérer de la Résistance, si ce n’est la mort aussitôt que la Libération serait acquise ». Ce qui s’avéra exact. Et Guillaume tomba bientôt amoureux d’Alice.

Alice Sapritch
(photo DR)
Peu de temps après la fin du conflit, le 2 Décembre 1945, l’éditeur Robert Denoël, ancien collaborateur notoire, fut assassiné d’une balle de révolver, alors qu’il descendait de sa voiture au coin du boulevard des Invalides et de la rue de Grenelle. Un dossier relatif à la défense de son attitude pendant la guerre et une valise contenant des lingots d’or avaient disparus. Guillaume et son ami Roland Lévy, directeur du cabinet du ministre du travail, se trouvant sur place au moment de l’assassinat, furent soupçonnés, puis innocentés après moult interrogatoires. Mais cela n’empêcha pas que maître Guillaume Hanoteau fut radié du barreau. Il n’en n’était pas vraiment désolé. N’avait-il pas embrassé la carrière d’avocat par esprit de famille ?
Henri Charbonneau, neveu de Joseph Darnand, Les Mémoires de Porthos
FFI : Forces Françaises de l’Intérieur