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Jean-Paul COQUELIN (1924-2001)

par Francine Delacroix

Francine Delacroix

( Diplomée de l’Institut national des techniques de la documentation ( Paris ), son parcours universitaire, tant à Nanterre qu' à la Sorbonne, la conduit tout naturellement à une licence d'histoire de l’art. Passionnée dès l'enfance par l'art en général et le théâtre en particulier, grande amoureuse de la capitale, Francine Delacroix découvre la Bibliothèque historique à l'occasion d'un exposé sur l'Opéra Garnier. Elle rêve aussitôt de travailler en ce magnifique Hôtel d'Angoulème Lamoignon. Le rêve devient réalité en 1972. Fervente de théâtre, elle s'intéresse aussitôt à l' Association de la Régie Théâtrale. L'occasion de rejoindre le département spectacle se présente ; elle devient, en 1988, l'adjointe de la conservatrice d'alors, Marie-Odile Gigou.
En retraite, elle a rejoint l'Association qui garde le souvenir de son époux, le réalisateur André Delacroix. Elle poursuit sa quête fertile de documentation et travaille actuellement sur la riche conrrespondance de Jean Mercure. )

Fils de Jean, petit-fils de Constant, neveu d'Ernest, il va suivre le même chemin que sa famille.

Il naît en 1924 à Paris. Sa mère est Louise Didès, comédienne aux Variétés puis au Grand Guignol sous le nom de Louise d'Annecy. Il a trois mois quand Marie Bell 1 et André Brunot 2 , le seul élève que son grand-père ait jamais eu, se penchent sur son berceau pour lui lire la scène du balcon de Cyrano de Bergerac.

Élève à Jeanson-de-Sailly, il songe à devenir officier de marine mais il est surtout attiré par la comédie. Il travaille dans le plus grand secret des vers et des textes de théâtre jusqu'à ce que son père s'en aperçoive: « Encore un comédien ! ». Il repousse l'idée d'un nouvel acteur dans la famille, mais, devant l'insistance de son fils, il se décide à lui faire passer une audition devant Maurice Escande 3 , André Brunot, Béatrix Dussane 4 et Henri Rollan 5 . Ce jury improvisé le trouve « bon pour le Conservatoire ! ». Il y entre en 1941 dans la classe de Béatrix Dussane. C'est sans aucune autorisation qu'il participe la même année à la création au Théâtre des Noctambules d'une pièce de Pierre-Aristide Bréal et Marcel Oger, Le Diable au cœur. Il sort du Conservatoire en 1943 avec un premier prix de comédie après avoir été également élève de Georges Le Roy.

Il s'engage alors dans la Résistance ( maquis de Saint-Genis Lavai ) avant de rejoindre la 5e D.B ( Campagne d'Autriche ) et de participer aux activités du Théâtre aux Armées en fondant « La Troupe Coquelin » qu'il anime au-delà de la guerre. En Autriche, il joue notamment deux programmes : Les Fourberies de Scapin avec La Nuit d'octobre d'Alfred de Musset ou La Marguerite d'Armand Salacrou.

Il entre en 1947 dans la troupe de la Radio-Diffusion Française ( futur ORTF ) animée par André Certes et Jean Serge. Il participe jusqu'en I960 à plus de trois mille enregistrements et directs radiophoniques dont Chantecler d'Edmond Rostand. Dans cette distribution, Pierre Dux est le Coq et Jean-Paul Coquelin, le merle, rôle créé par Alfred Galipaux. Parallèlement à la radio, il intègre les tournées Karsenty, part avec la Comédie Française en Amérique du Sud ( y joue notamment Le Fleuve étincelant de Charles Morgan aux côtés d'Henri Rollan ), interprète au Théâtre de la Potinière, le rôle principal de Ce que femme veut d’Etienne Rey et Alfred Savoir, crée Ils ont vingt ans de Roger-Ferdinand au Théâtre Daunou ( la suite des J3 ) et La Femme troublée de Roger Féral avec Suzy Prim au Théâtre Michel.

Il a fait une série d'émissions sur « Coquelin, mon grand-père », à la Radio Française, entre 1950 et 1953. Il y a joué Chantecler en direct avec Pierre Dux dans Chantecler, Mme Simone, dans la Faisane et lui dans Le Merle.

Son nom est associé en compagnie de ceux de Jean Parédès et d'Harry-Max à la création en 1953 de La Cuisine des anges d'Albert Husson, au Théâtre du Vieux-Colombier. Sur le grand écran, c'est Aldo Ray qui reprendra son rôle aux côtés d'Humphrey Bogart dans un film de Michaël Curtiz ( 1955 ). Il interprète La Cuisine ... plus de 1800 fois en tournée et dans la plupart des grands théâtres parisiens.

Jean-Paul Poquelin dans La Cuisine des anges d' Albert Husson
Jean-Paul Poquelin dans La Cuisine des anges d' Albert Husson
Coll. J.-P. Poquelin

En 1955, il obtient le Grand Prix du Disque pour un Cyrano de Bergerac qu'il enregistre dans son intégralité. À L'Ambigu, il joue avec Jean Martinelli et Claude Génia dans Le Crime parfait de Frederick Knott, mis en scène par Georges Vitaly La pièce a été portée à l'écran par Alfred Hitchcock sous le titre: Le Crime était presque parfait.

Crime parfait
Collections A.R.T.

Au Théâtre Edouard VII, c'est Voyage à trois de Jean de Létraz. Marie Bell l'appelle au Gymnase pour La Bonne soupe de Félicien Marceau. En 1973, il fait partie de la distribution pour Madame Sans-Gêne au Théâtre de Paris. Deux ans plus tard, il joue à la Scala de Milan dans Le Martyre de Saint Sébastien de Gabriele d’Annunzio.

Madame Sans-Gêne de Victorien Sardou et Émile Moreau
Collections A.R.T.

Sacha Guitry lui confie un rôle dans Si Paris nous était conté (1956). Il tourne avec Marcel Pagnol { La Belle Meunière - 1948 ), Claude-Autant Lara ( La Traversée de Paris - 1956 ), Jacques Becker ( Le Trou - I960 ), Alex Joffé ( Le Tracassin - 1961 )... Spécialiste du doublage, il prête sa voix aux grands artistes étrangers.

Coll. Jean-Paul Coquelin
Coll. Jean-Paul Coquelin

Il est décédé le 25 avril 2001 à Saint-Germain-en-Laye. De son vivant, il a veillé sur la mémoire des Coquelin en rassemblant et protégeant tout ce qui a touché à la vie publique et privée de son grand-père, de son père et de son oncle. Habitant Le Vésinet, ville voisine de Rueil-Malmaison, il a prêté avec beaucoup de plaisir et de fierté ses nombreux souvenirs pour l’exposition «  Les Coquelin, trois générations de comédiens  » organisée en 1998 par la Société historique de Rueil-Malmaison.

1 Marie Bell (1900-1985), actrice de théâtre et de cinéma, metteur en scène. Elle a dirigé le théâtre des Ambassadeurs et le théâtre du Gymnase
2 André Brunot (1879-1973), sociétaire de la Comédie Française, a fait une carrière au théâtre et au cinéma. Après son départ de la Comédie Française il a rejoint la compagnie Renaud-Barrault
3 Maurice Escande (1892-1973), acteur, metteur en scène, administrateur de la Comédie Française, a formé de nombreux comédiens en tant que professeur
4 Béatrix Dussane (1888-1969), sociétaire de la Comédie Française, professeur au Conservatoire d’Art dramatique de Paris, elle eut parmi ses élèves  : Robert Hirsch, Michel Bouquet…
5 Henri Rollan (1888-1967), acteur de théâtre et de cinéma


Francine Delacroix
in Les Coquelin
Société historique de Rueil-Malmaison 1998
avec leur aimable autorisation

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