Association de lalogoRégie Théâtrale  

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Quelques Pièces

 

EN ATTENDANT GODOT

La pièce a été créée le 3 janvier 1953, au théâtre de Babylone, mise en scène par Roger Blin et interprétée par Roger Blin, Pierre Latour, Jean Martin, Lucien Raimbourg

En attendant Godot de Samuel Beckett
En attendant Godot
maquette reconstitué du décor de Sergio Gerstein

Collections A.R.T.

Analyse

Deux vagabonds ont rendez-vous avec un personnage mystérieux. Pour tromper leur attente, ils discutent de tout et de rien.

Critiques

« Le plus grand mérite de Samuel Beckett est, tout en se mouvant dans un monde abstrait, intemporel, de ne point sombrer dans les idéologies les plus fumeuses et dans les spéculations les plus abscondes. Pour se faire , il a adopté le style du cirque, les deux héros sont pareils, dans leur redingote rapiécée et sous leur melon cabossé, à deux Augustes qui évoluent sur la piste ».
Max Favalelli - Paris-Presse

« Godot ou le sketch des Pensées de Pascal traitées par les Fratellini ». Rien ne se passe, personne ne vient, personne ne s¹en va, c¹est terrible. Godot est une sorte de chef d'oeuvre désespérant pour les hommes en général et pour les auteurs dramatiques en particulier. Je pense que la soirée du Beckett a l'importance du premier Pirandello, monté à Paris, en 1923 ».
Jean Anouilh - Arts

« J'ai beaucoup aimé En Attendant Godot. Je crois même que c'est ce qu'on a fait de mieux dans le théâtre depuis trente ans. Mais tous les thèmes de Godot sont bourgeois: ceux de la solitude, du désespoir, du lieu commun, de l¹incommunicabilité. Ils sont tous le produit de la solitude interne de la bourgeoisie. Et peu importe ce que peut être Godot : Dieu ou la Révolution... ».
Jean-Paul Sartre - Revue du Théâtre populaire

« Je ne crois pas que, né dans un pays comme le nôtre, coupé de ses légendes et si hostile à la poésie, Beckett aurait pu donner tant d'ampleur à son drame. Hors, de ses propres dispositions intérieures, l'inspiration de Beckett se rattache à une poésie très ancienne qui nous permet de saisir la solitude à laquelle la méchanceté du monde moderne a condamné l¹homme ».
Guy Dumur - Combat

« À la tombée du rideau, en entendant les clameurs enthousiastes des spectateurs emplir la salle, les critiques grincheux ont au moins compris quelque chose: Paris venait de reconnaître en Samuel Beckett l'un des meilleurs écrivains de théâtre d¹aujourd'hui ».
Sylvain Zeguel - Libération

« À la suite de la manifestation hostile du 31 janvier au Théâtre Babylone, un groupe de spectateurs empanachés, visiblement émigrés des quartiers lointains, manifestèrent bruyamment hier soir contre la pièce de Samuel Beckett En Attendant Godot, sifflets, insultes, rien n'y manqua ».
X. - Le Monde

 

FIN DE PARTIE

La pièce a été créée le 1er avril 1957 au Royal Court de Londres et reprise le 26 avril au Studio des Champs-Élysées mise en scène de Roger Blin et interprétée par Georges Anet, Roger Blin, Germaine de France et Jean Martin.


Analyse

Dans un lieu anonyme et obscur, éclairé d¹un seul vasistas, croupissent dans leur poubelle respective les parents de Ham. Ce dernier aveugle et paralytique exerce un pouvoir absolu sur Clov, fasciné par la déchéance physique de son ancien maître.

Critiques

« Ironique le destin qui veut que cet Irlandais, renégat de l'anglais auquel il a préféré la langue française, voie sa seconde pièce jouée en français, ce lundi 1er avril, devant les auditoires les plus paradoxaux que l'on puisse imaginer: Français de Paris et de Londres, Anglais, Irlandais accourus de Dublin. Le comble du paradoxe étant que, au cours de cette Quinzaine Française de Londres, on applaudissait la France en applaudissant Beckett ».
Georges Brémond, envoyé spécial à Londres Arts

« J'espère que Samuel Beckett se moque de ses admirateurs, sinon... Ayant constaté le gigantesque succès d' En Attendant Godot, M. Beckett a décidé cette fois d'aller plus loin et sous couleur d'exprimer à fond l'angoisse humaine, il a installé sur scène - nue - quatre cadavres, plus répugnants, plus abjects les uns que les autres. C'est laid, c'est sale, c'est désolant, c'est vide et misérable ».
Jean-Jacques Gautier - Le Figaro

« Avant de crier au dégoût, chacun ferait mieux de songer un peu à ce qu'il est, à ce magma d'os, de cellulite et d'eau en marche, vêtu d'une façon plus ou moins élégante, promis, avant que le siècle ait eu le temps de dire ouf, à la décomposition et aux vers, au fond d'un trou. Ce n'est provoquer personne que de sentir cela, le comprendre, en être obsédé et l'exprimer au théâtre ».
Morvan Lebesque - Carrefour

« J'ai passé au Studio des Champs-Élysées une des soirées les plus pénibles de toute ma carrière de critique. J'étais dans la situation de quelqu'un qui étouffe et qui donnerait tout au monde pour qu¹on brise un carreau...Une telle pièce ne peut se justifier que si elle est parabole, c'est-à-dire si elle propose une certaine figure de notre destinée où nous puissions nous reconnaître dans la stupeur et dans l'effroi. Ici l'outrance est telle que nous ne reconnaissons rien du tout et que nous nous détournons avec une sensations nauséeuse de ce foetus ».
Gabriel Marcel - Les Nouvelles Littéraires

« C'est un spectacle bien parisien. Y a-t-il rien de plus parisien, en effet, que l'affligeant spectacle de poubelles débordantes, exposées des journées entières sur le trottoir? La pièce de S. Beckett n'est pas inexistante, ni même existentialiste. Elle a du caractère, un style. Et c'est bien là ce qui est désolant, car toute une jeunesse est capable de s'exalter pour cette apologie du néant. Si cette exaltation ne tombait pas à la sortie, il serait prudent de surveiller les abords de la Seine. Logiquement, il n'y a pas d'autre issue ».
Robert Tréno - Le Canard enchaîné

« Fin de Partie, c'est le tableau du monde désert qui désespère de voir arriver le chevalier Perceval ou Galaad qui opèrera la réconciliation. Depuis la mort de Paul Claudel, Samuel Beckett est probablement notre seul grand dramaturge sacré... On écoute avec attention, avec émotion cette tragédie métaphysique du désespoir porté à la perfection ».
Robert Kemp - Le Monde

 

LA DERNIÈRE BANDE

La pièce a été créée le 22 mars 1960, au théâtre Récamier, mise en scène de Roger Blin et interprétée par R.J. Chauffard


Analyse

Sa dernière heure venue, un vieil homme, Knapp, écoute la bande qu¹il a enregistrée tout au long de sa vie.

Critiques

« On a un peu l¹impression d¹atteindre une limite. M. Samuel Beckett a été jusqu¹au bout du rouleau... La Dernière Bande est une sorte de poème lyrique de la solitude, un dialogue de la cendre et du feu où M. Beckett semble bien parler pour lui-même, Knapp c'est lui Beckett, demain relisant ses œuvres de jeunesse, revenant sur son premier passé, mais au-delà du monologue, y a-t-il autre chose que du silence ? ».
Robert Kanters - L'Express

« C'est très beau. C'est, au sens noble du mot, très grandiose, et c'est, je le répète « du théâtre ».Je n'en veux pour preuve que le rythme si neuf, si original de cette pièce, fait des répétitions du vieillard qui sans cesse éteint, rallume le magnétophone, fait tourner deux fois la même phrase en saute des passages entiers; c¹est le mouvement dramatique, le vrai celui de la pensée et du cœur ».
Morvan Lebesque - Carrefour

« M. Beckett est un auteur rêvé pour les professeurs. Comme il ne dit presque à peu près rien dans ses messages, on peut disserter à perte de vue sur ses intentions. De là sa gloire ».
Jean Dutour - France-Soir - reprise en 1970

 

OH ! LES BEAUX JOURS

La pièce a été créée le 28 septembre 1963 et reprise à l¹Odéon-Théâtre de France le 21 octobre 1963 au Ridotto de Venise, L'Odéon-Théâtre de France en 1964, mise en scènepar Roger Blin, interprétée par Madeleine Renaud et Jean-Louis Barraud.

«Oh les beaux jours«
Collections A.R.T.


Analyse

Sous un ciel vif orange, Winnie, une veuve d¹une «cinquantaine d'années avec de beaux restes« , s'est enlisée jusqu'à la taille dans les dunes d'un désert. Elle évoque les épisodes de sa vie passée avant que de n'être entièrement par le sable. Coquette, un peu ridicule, elle s'adresse au public sur un ton de papotage, celui même qu'elle avait avec ses amies lors d'un thé. En réalité, pitoyable et tragique, elle tente de s'accrocher à sa jeunesse pour lutter contre l'anéantissement inexorable qui a commencé de l'engloutir.

Critiques

« Je ne nie pas que Samuel Beckett sache rendre le vide fascinant. Quant à moi, j'avoue ne pas céder à ce vertige. Certes quelques confrères, les yeux révulsés, criaient au sublime. Je crains, en ce qui me concerne, que les oeuvres telles que celle-ci n'éloignent le public et que ce soit le théâtre lui-même qui, à l'instar de l'héroïne de Beckett, ne s'enfonce lui aussi pour disparaître dans le néant total auquel l'auteur aspire... ».
Max Favalelli - Aux Ecoutes

« Jamais nous n'avions atteint à tant de complaisance dans l'horrible. Lucidité ? Non, Sadisme. L'auteur se vautre dans la puanteur. Le cou se serre. La chair se hérisse. Et surtout on pèle de gêne...Le détail de la fin d'une vieillarde vue de l'intérieur: Glaçant. Ce qui tâche d'être comique n'est qu'atroce ».
Jean-Jacques Gautier - Le Figaro

« L'Art de Beckett, ce qu'il entre aussi de tendresse presque romantique dans cet art en apparence si cruel, éclate ici dans une lumière férocement discrète. Madeleine Renaud est là, la beauté même dans son instant le plus fragile et le plus pathétique. Cette soirée est inoubliable ».
Jacques Lemarchand - Le Figaro Littéraire

« Par la clarté de la langue, l'élégante simplicité de la ligne et de la construction, par la transparence des intentions et du symbole, « Oh les Beaux Jours » est l'oeuvre ( de S.Beckett) qui rejoint le plus directement le classicisme ».
Robert Kanters - L'Express

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