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Quelques Pièces

Dessin de Bayard
Coll. part.
VOULEZ-VOUS JOUER AVEC MOÂ...?
Pièce en trois actes, créée le 18 décembre 1923 au Théâtre de l’Atelier, interprétée par Marcel Achard, Lucien Arnaud, Edmond Beauchamp, Eve Longuet, dans une mise en scène de Charles Dullin
Analyse
Un cirque, trois clowns, Crockson, Auguste, Rascasse, de quoi faire mourir de rire les petits enfants. Mais sous les défroques pailletées battent des cœurs qui aiment et qui souffrent.
Critiques
« Cette fantaisie légère, ardente, et d’une mélancolie désabusée, est unique, je le pense, dans le répertoire moderne. C’est une œuvre vraiment neuve, un des rares poèmes fantaisistes et lyriques qu’un écrivain ait écrit dans le cadre du théâtre moderne, cent fois rompu à son gré ».
Pierre Mac Orlan - Revue des Deux Mondes
« Je vous engage vivement à aller entendre cette pièce, si vous aimez les jeux libres de l’esprit, la fantaisie débridée, sans parler de scènes et pirouettes à rendre jaloux les Fratellini ».
Edmond Sée - L’Œuvre
« Je ne puis dire la joie que procure un tel spectacle qui est simple, aigre et comique, et une indication merveilleuse de tout ce qui pourrait être fait ».
Lugne-Poe - L’Eclair
« ...Cette œuvre singulière et frénétique, qui tient de la parade, de la moralité et dont la bouffonnerie confine à je ne sais quel désespoir secret ».
Robert de Flers - Le Figaro
« En vérité, la génération littéraire à laquelle appartient Marcel Achard est exceptionnellement riche. Ces « enfants du siècle » se préparent à des carrières pleines d’honneurs et de gloire. J’en sais dix qui nous aideront à vieillir en paix. Et il y a parmi eux de ces hommes qui portent au front le signe irremplaçable. Et, de tous, le plus surprenant et le mieux doué, c’est peut-être Marcel Achard. Sa pièce Voulez-vous jouer avec moâ ? pourrait bien être un chef d’œuvre ».
Henri Beraud - Le Mercure de France
Extrait sonore de Voulez-vour jouer avec Moâ ? par M. Achard
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JEAN DE LA LUNE
Pièce en trois actes, créée le 16 avril 1929 à la Comédie des Champs-Élysée- Louis Jouvet, interprétée par Louis Jouvet, Michel Simon, Pierre Renoir et Valentine Tessier.

Collections A.R.T.
Analyse
Le naïf et tendre Jef aime passionnément la coquette et perverse Marcelline. Celle-ci a beau faire à Jef l’aveu de ses infidélités, il refuse d’y croire. Pour lui elle est ce qu’il veut qu’elle soit : sincère et fidèle.
C’est parce que je t’aime
Que tu m’aimes quand même
Tu m’aimes pour mon amour
Donc, tu m’aimeras toujours.
Grâce à son obstination, Jef sortira vainqueur de cette joute sentimentale.
Critiques
« L’esprit de Marcel Achard ne peut inspirer qu’une vive amitié. Il apporte au Théâtre un style libre et léger qui n’est pas un grand style, peut-être, mais qui porte la marque la plus personnelle et la plus séduisante ».
Pierre Brisson - Le Temps
« Ce Jean de la Lune est évidemment un sujet exceptionnel que seul un poète pouvait imaginer, car il arrive tout de même un moment dans l’existence où les hommes les plus confiants et les plus amoureux, s’aperçoivent que leur crédulité est excessive . Mais du moment que nous sommes dans le domaine de la rêverie - rêverie qui est d’ailleurs de la plus jolie qualité - nous n’avons qu’à admettre le cas rare que l’auteur nous présente avec infiniment de douceur et de persuasion ».
Pierre Veber - Le Petit Journal
« Si je vous parle de Jean de la Lune ce n’est point pour voler au secours de la victoire, - la comédie de Marcel Achard n’a plus besoin d’être louée, protégée, ni prônée , le public s’en charge -. c’est ravissant, même mieux que cela, beaucoup mieux. C’est la meilleure, la plus profonde, la plus charmante, la plus intelligente et aussi la plus naïve pièce que le Théâtre français ait donnée depuis des années ».
Alfred Savoir - Paris-Midi
DOMINO
Pièce en trois actes, créée le 2 février 1932 à la Comédie des Champs-Élysée- Louis Jouvet interprétée par Louis Jouvet, Pierre Renoir, Valentine Tessier.

Collections A.R.T.
Analyse
L’industriel Heller vient de découvrir une lettre compromettante signée François et, adressée à sa jeune épouse, Laurette. Qui est ce François ? Le mari furieux cherche et soupçonne son ami intime Crémone. En fait Crémone a été autrefois un flirt de Laurette et cette lettre est bien de lui. Affolée, Lorette passe une annonce dans le journal pour engager un jeune homme de belle allure. Dominique se présente et fait l’affaire. Il jouera le rôle d’un certain François et c’est sur lui que retombera la colère du mari.
Critiques
« À ceux qui objectent, sans doute, que tout cela est peu de chose et surtout assez incroyable, je suis prêt à répondre que leurs contemporains durent faire les mêmes objections à Marivaux et à Musset... Ne gâtons pas, ne discutons pas notre plaisir. Voici un dialogue d’un ton exquis, des personnages d’une fantaisie ravissante, laissons-nous emporter par tant de fantaisie, d’esprit et de grâce ».
Franc-Nohain - L’Echo de Paris
« La nouvelle pièce de M. Marcel Achard a remporté le plus vif succès. Domino continue l’heureuse série de ces œuvres légères, si merveilleusement adaptées à la mentalité d’un public délicat, toujours reconnaissant à leur auteur qui ne lui impose pas une tension intellectuelle et morale incompatible avec l’irrésistible besoin que nous éprouvons d’échapper aux réalités assez rudes de l’heure présente ».
Antoine - L’Information
« La nouvelle comédie de M. Marcel Achard s’est achevée en apothéose. C’est que le public s’ y est constamment amusé. C’est que le dialogue est presque toujours agile et léger, d’une netteté admirable, plein de flèches qui filent droit, et spirituel sans effort ».
Robert Kemp - La Liberté
« Ce fut un succès délicieux...Cette pièce donnait l’impression d’un bel animal, brillant, sain, piaffant allègre, plein de vie, caracolant au soleil. Qu’il y a de grâce en tout cela, de fantaisie, de gentillesse, d’émotion. Que de trouvailles ! Et comme l’émotion qui colore la scène finale est d’une jolie qualité ».
Paul Reboux - Paris-Soir
AUPRÈS DE MA BLONDE
Pièce en cinq actes, créée le 7 mai 1946 au Théâtre de la Michodière., interprétée par Pierre Fresnay, Yvonne Printemps, Bernard Blier.
Analyse
La pièce débute en 1939 pour se terminer en 1889. Cinquante ans de mariage d’un couple vu rétrospectivement. Souvenirs des joies, des chagrins, des trahisons, des pardons. Au terme de leur vie commune, Toussaint et Emilie font le bilan de leur union dont l’amour a tout sauvé.
Critiques
« M. Achard vient de nous donner une pièce très plaisante, très agréable, très joliment faite. La manière de mener les intrigues, d’entrecroiser les fils, certains raccourcis, le choix des mots dans les dialogues, les « trouvailles« , ces choses qu’on ne s’entend jamais dire et qu’on dit tout de même, tout cela est extrêmement fin et savoureux ».
Jean-Jacques Gautier - Le Figaro
« Ce n’est pas une pièce, c’est un chapelet de saynètes, de dialogues dans le genre de ceux que Henri Lavedan écrivait sur les mœurs et les us dans La Vie Parisienne. Oui, du Lavedan, le même mélange d’esprit et de sensibilité. En somme le genre bien français. Mais cela ne gâte pas l’idée que nous nous faisons de M. Achard. Il ne s’est pas essoufflé. C’est venu tout seul ».
Robert Kemp - Le Monde
« Marcel Achard a eu une excellente et brillante idée d’homme de théâtre. Il l’a développée avec bonheur, en tirant des effets tantôt riches, tantôt amusants : il a pu réunir les interprètes qui pouvaient le mieux mettre en valeur ces effets grâce à quoi Auprès de ma Blonde est une pièce assurée d’occuper longtemps la scène de la Michodière. Elle le mérite ».
Jacques Lemarchand - Combat
« Dix rappels et les ovations du triomphe ont salué le baisser de rideau de la nouvelle pièce de M. Achard et promis à cette pièce une carrière très probablement éclatante. Ces acclamations, à vrai dire, n’allaient pas seulement à l’œuvre et à l’auteur, elles s’adressaient en même temps aux acteurs, au metteur en scène et pour tout dire au théâtre lui-même ».
signé Trois Etoiles - Le Spectateur
PATATE
Pièce en trois actes, créée le 25 janvier 1957 au théâtre Saint-Georges, interprétée par Pierre Dux, Maurice Teynac, Simone Renant, Jandeline et Sophie Daumier.
Analyse
Depuis l’école maternelle Carradine et Rollo sont des amis intimes. Carradine jouit d’une certaine réussite dans ses affaires, Rollo, par contre, connaît échec sur échec et trime comme un malheureux pour finir ses fins de mois. L’amicale générosité condescendante de Carradine lui porte ombrage. Il est aigri et jaloux. Son plus cher désir serait d’humilier son rival. Il vient de découvrir que sa fille a une liaison secrète et que cet amant n’est autre que Carradine. Rollo tient sa vengeance…
Critiques
« Il y a des années que je n’avais assisté à une répétition générale aussi chaleureuse, aussi détendue, aussi enthousiaste que celle que nous fit connaître hier soir au théâtre St-Georges la nouvelle pièce de M. Marcel Achard, Patate ».
Max Favalelli - Paris Presse
« Dans le meilleur Achard, l’humanité, la générosité se cachent sous l’amertume de l’observation qui recouvre l’esprit des répliques enchâssant l’humour des situations ».
Jean-Jacques Gautier - Le Figaro
« De tous les auteurs dits de divertissement, Marcel Achard demeure le plus aimable, le plus habile et le seul qui soit absolument exempt de vulgarité. Son théâtre baigne dans une sorte d’état de’ grâce. On passe au Saint-Georges une excellente soirée de rires, de sourires, d’émotion discrète, de délassement ».
Morvan Lebesque - Carrefour
« Patate, la nouvelle pièce de Marcel Achard est une admirable machine de théâtre, huilée, soignée, ajustée , unepetite merveille de précision où chaque rouage engrène un mot, un geste, une attitude, un mouvement qui porte en avant les personnages et cela avec une continuité quasi diabolique ».
Pierre Marcabru - Arts Spectacles
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Dessin de J. Camat
Coll. part.
L’IDIOTE
Pièce en trois actes, créée le 22 septembre 1960 au Théâtre Antoine, interprétée par Annie Girardot et Jean-Pierre Cassel.
Analyse
Josefa, femme de chambre du banquier Beaurevers, a été trouvée évanouie, un revolver à la main, auprès du cadavre de son amant, le chauffeur des Beaurevers. Suspecte n°1, elle se défend auprès du juge d’instruction. Non, ce n’est pas elle qui a tiré le coup de feu fatal. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive. Sa cause, néanmoins semble perdue d’après le juge et le substitut…
Critiques
« Avec une touchante naïveté naturelle et une méconnaissance non moins touchante du genre policier qu’il aborde pour la première fois, Marcel Achard est passé à côté des rares occasions de suspens que lui offrait l’intrigue. Pour les mêmes raisons d'inexpérience, il semble découvrir les mots méchants que permettent les veuleries des parquets ou les inculpations hâtives. Pourquoi tant de vulgarités inutiles sur la lingerie de la soubrette ou le comportement de son amant. Pourquoi ces histoires de culotte et de frisson, au nom de la sacro sainte gaîté ?«
Bertrand. Poirot-Delpech - Le Monde
« On note au passage des répliques bien venues. Il existe des scènes menées avec l’assurance d’un homme qui connaît son métier. Il y a des mots heureux. Ça et là on retrouve le ton cher à l’aimable joueur de cœur, sur des airs mélancoliques avec des mots qui sourient. Malheureusement de place en place, c’est un tout petit peu trop joli ».
Jean-Jacques Gautier - Le Figaro
« Pour ce qui est de la pièce, si on ne s’y ennuie pas, si l’on peut même apprécier que M. Achard nous montre somme toute que la justice actuelle est une justice de classe puisque, sévère pour les petits, elle veut être indulgente pour les grands, on mentirait en insinuant que cette œuvre passera à la postérité, son auteur fut-il immortel ».
Guy Leclerc - L’Humanité
« Moi qui adore cette comédie de mœurs, il m’a semblé découvrir en filigrane une comédie satirique d’une extrême férocité. M. Achard a su voir qu’il y avait encore de quoi rire et s’amuser en société aux dépens des juges, substituts et procureurs tant civils que militaires. Il nous a donné notamment un portrait de la magistrature contemporaine digne d’un Daumier ».
Yvan Audouard - Le Canard enchaîné