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Les traces de Zdenka Braunerova, artiste Tchèque, dans la culture Française

par Brigitte Brauner

( Ancien professeur de lettres et chargée de communication, retraitée de la Ville de Paris où elle a occupé plusieurs postes à la Direction des Affaires Culturelles et au Cabinet du Maire, où elle a été chargée du secteur Cinéma, Brigitte Brauner, veuve de Vladimir Brauner (exilé de Prague en 1950, ENA 1967), se consacre à des travaux de recherche en Littérature et Histoire de l’Art du XIXème siècle. Une partie de ce travail porte sur les relations Franco-Tchèques, dans lesquelles la famille Brauner a tenu un rôle important pendant presque un siècle, jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Elle a publié plusieurs articles sur ce sujet dans les bulletins de l’association l’ Amitié Franco - Tchéco-Slovaque et de la Société Paul Claudel. )


Zdenka Braunerova
Zdenka Braunerova - 1883

 

Introduction

Inventaire.

En République Tchèque, Zdenka Braunerova (1858- 1934) est cette artiste peintre, graveur, bibliophile, illustratrice, créatrice de verreries, passionnée d’art populaire qui a laissé à son pays, notamment au Musée de la Bohême Centrale à Roztoky, où se situe son atelier reconstitué, un patrimoine important : 75 toiles, 600 dessins, 108 estampes, 1070 projets de vignettes et maquettes de livres, 122 œuvres ou projets de verreries etc… Certains carnets de croquis ainsi que de nombreuses feuilles de dessins sont conservés à la Galerie Nationale de Prague. Certaines des œuvres de sa collection personnelle également, comme le dessin de Rodin La baigneuse qui se couche dans la mer Elle avait, avant sa mort, légué tout ses biens à la Société d’artistes graveurs Hollar dont elle avait été une des fondatrices en 1927. De ce legs provient l’essentiel des collections de Roztoky. Par ailleurs, le Musée des Archives littéraires de Prague contient un fonds très important, notamment de correspondances en Tchèque et en Français. Zdenka Braunerova est une figure de la culture Tchèque et un exemple de la francophilie ancienne de ce pays.

Côté français, alors qu’elle a longtemps vécu à Paris, travaillé chez Colarossi et à Barbizon, et participé à de nombreux salons, aucune de ses œuvres ne subsiste dans les collections publiques. Les traces de Braunerova en France sont de nature épistolaire et littéraire.

Tout d’abord, directement liées au monde culturel Parisien où Zdenka évolua pendant les vingt dernières années du 19ème siècle, elles doivent être dégagés de l’héritage littéraire et biographique d’ Elémir Bourges, écrivain Français, marié à sa sœur Anna, sans lequel rien de sa vie n’aurait pu se dérouler de la même façon. Ce sera un long et indispensable préliminaire.

Ensuite, outre Bourges, trois hommes et non des moindres, sont concernés : Huysmans, vers 1891, avec 5 lettres anecdotiques et quelques mentions dans son journal, à la faveur d’une sorte d’ inclination de bon aloi ; Rodin, au moment de son exposition à Prague, en 1902, avec 3 lettres de Zdenka et 2 réponses, qui sont l’expression d’un aussi bref qu’ intense coup de foudre unilatéral… ; correspondance enfin, d’une quarantaine de lettres avec Claudel entre 1909 et 1914, qui révèle une amitié partagée, spirituelle et artistique dont Bernard Michel a dit dans son livre Prague, Belle Époque 1, ce qui peut paraître légèrement réducteur, «  qu’elle constitue le sommet de toute sa vie ». À ces lettres , se rajoutent une douzaine de mentions dans le journal de Claudel 1909- 1914 , les illustrations qu’elle a faite de son œuvre, encore connues en France, et le poème de 1934 «  In memoriam ».


Interprétation.

Ces empreintes semblent ponctuer le déroulement d’une vie où dès le départ, coexistent trois sentiments, trois constantes chevillées au corps qui iront en en s’accusant : ardent désir de vivre à travers l’Art et le Beau, amour de la Bohême, profond catholicisme…. Jalons éloignés de l’œuvre artistique laissée intégralement à la République Tchèque, elles nous indiquent que la formation Française fondatrice reçue dans sa jeunesse qui lui a permis à Prague, pendant 40 ans, de jouer un rôle de relais entre les deux cultures, s’est peu à peu réduite sous le poids des événements personnels et nationaux.

La vie de Braunerova n’est pas une progression favorisée par la francophilie, l’ouverture au monde et l’adhésion aux nouveaux mouvements artistiques (ou politiques). Elle est lisible au contraire comme une concentration inéluctable vers la Bohême, une mutation successive de l’artiste au profit de la femme engagée, au tempérament exalté, aux amours inabouties, aux activités dispersées. Zdenka est humainement paradoxale, tenace et versatile, bonne mais «  roublarde », intelligente mais excessive, patriote, mais à contre courant de l’évolution de son pays dont elle est pourtant publiquement indissociable, et pour finir, désespérément catholique…


Aboutissement.

Après ces traces d’expression Française, c’est à l’exposition d’Art populaire TchécoSlovaque qu’elle contribue à organiser en 1920 à Paris, que nous aboutirons. À ce moment là, en effet, Zdenka Braunerova est dans son rôle  définitif: plus qu’une artiste de premier plan, représentative des mouvements artistiques Tchèques de l’époque, une gardienne farouche des traditions nationales, qu’elles concernent l’art populaire, l’ art graphique ou la bibliophilie  ; plus une agitatrice culturelle respectée qu’une femme véritablement influente ; plus une opposante au récent pouvoir politique en place qu’une militante impartiale de la cause nationale ; plus une catholique engagée qu’une Tchèque éclairée. Entre 1920 et 1934, année de sa mort, elle en restera là, célébrée cependant par une exposition rétrospective à Prague en 1932, entourée d’une société de fidèles. Elle aura peu à peu dépouillé la Française qui était en elle pour rester entièrement «  Bohême » comme elle et sa sœur Anna l’exprimaient dans leur jeunesse. Il nous faut maintenant approfondir cette analyse.


Prague- Paris, 1878-1894, l’empreinte Française : Élémir Bourges, ou le malentendu providentiel.

Une jeunesse privilégiée.

Zdenka
Zdenka Braunerova.
Les bois de Roztoky
Huile sur toile - 1882

 

Elle est la fille de Frantisek Brauner, avocat, révolutionnaire réformateur, allié à Palacky et Rieger dans le parti « Vieux Tchèques », emprisonné en 1848, élu Maire de Prague la même année mais destitué par l’Empereur, dont les travaux furent à l’origine de la loi abolissant les restes du servage encore survivants dans le pays. Député à la diète de Bohême pendant 16 ans, Frantisek, de mère Française, slavophile par ailleurs, est issu d’une famille bourgeoise et paysanne de Litomysl (comme Smetana). Dur au labeur, brillant et de surface austère, il épouse en 50 une Tchéco-Allemande, fille d’un savant de l’Université de Prague S. Neuman, et d’une aristocrate née Hrebenar - Herrenfelc. Dernière enfant de la fratrie qui en naîtra, deux garçons et deux filles, Zdenka grandit dans ce milieu éclairé et cosmopolite, où le débat d’idées, politiques d’abord, s’exprime en Français en Tchèque et en Allemand. Le salon de sa mère est un des premiers de Prague, elle y sera « couvée » et son tempérament artistique favorisé. Le mélange des origines et des cultures a engendré dans cette famille un anticonformisme affiché, et sous la haute stature du père, un certain féminisme se dégage des méthodes d’éducation. Jolie, douée de réelles facilités artistiques, désireuse d’y consacrer sa vie plutôt que de faire le banal mariage bourgeois que sa condition amènerait naturellement, elle fera donc partie de la première vague des artistes Tchèques, après Cermak ami de la famille, à effectuer l ‘indispensable et éducatif voyage à Paris. Augusta , sa mère , liée à une ancienne préceptrice Française de la famille Nostitz à Prague, après un long séjour romanesque à Budapest au service des Bathany, Elisa Bourges, organise à distance avec son fils Elémir, jeune journaliste cultivé qui aspire à devenir écrivain, leur premier séjour de six semaines à Paris à l’occasion de l’exposition de 1878. Il est chargé de tous les problèmes d’intendance : logement, organisation du séjour, déplacements, budgets, visite des musées et est donc en correspondance avec la famille. Enthousiasmée par cette perspective, sans l’avoir jamais rencontré, Zdenka lui envoie une lettre le 6 Mars, première de la quarantaine, en Français (entre 1878 et 1906) conservée à Prague aux archives littéraires, qui à mon sens contient tout de sa personnalité. Elle a 20 ans. Voici les extraits essentiels (orthographe respectée) :

 «  J’avoue Monsieur Bourges, que j’ai un petit penchant pour le sentimental, et que j’aime la lecture triste, c’est peut être mal ce que je fais là, mais dans la vie on a tant de gaitée que s’il n’y avait pas de poésies tristes au monde, ce serait a se brûler la cervelle, car en lisant des choses tristes on se console, je trouve, et il faut se consoler de la gaité… ( de l’art de se compliquer la vie )… Malheureusement je ne connais pas la France, mais alors je puis dire qu’il me semble que rien ne peut être si beau comme ma Bohême ; peut être c’est du patriotisme qui parle en moi, mais c’est surtout un peu la vérité car même un Français, Monsieur L. Léger, qui a vécu un temps à Prague et voyageait en Bohême, dit, en parlant de notre pays, que les Tchèques sont crus comme leurs montagnes et profonds comme leurs forêts… nous Tchèques sommes un peuple assez malheureux, et bien que nous travaillons et payions les dettes pour les autres en Autriche, on ne nous apprécie pas du tout …( patriotisme natif ) … toujours quand je lis des livres français, je me sens tellement attirée vers cette ville, ce monde que Paris est, que ce serait un péché de ne pas y aller.. ( en dehors de Paris point de salut )…c’est si rare de trouver une amie qui puisse partager votre sentiment, mais j’ai le bonheur de l’avoir trouvée, c’est ma sœur… nous allons nous promener ensemble des heures entières … » …( Anna, l’ alter ego ) …

Zdenka
Zdenka et Anna - 1883

Le plus grand bonheur que je puisse m’imaginer, voir un beau paysage et oser le regarder tant que l’on veut, et là, remplir son âme de cet idéal qu’on appelle Dieu…( amour de la nature, amour du Beau, aptitude au mysticisme )…

Cette lettre, Bourges, engagé dans une «  grande passion par correspondance » en dit ceci le 10 Avril à sa cousine Léonie Chomé «  Tu sais que j’ai reçu une lettre aussi vaste que le Sahara …et que je dois voir à l’Exposition ma Juliette un peu trop anonyme. Ce qu’il y aura de délicieux, c’est qu’après m’être bien monté la tête à son endroit, c’est de sa sœur que je deviendrai amoureux… » 2. Pressentiment exact.


Le voyage fatal.

Zdenka Braunerova
Élémir Bourges et les deux sœurs Brauner - 1883

Le 4 Mai 3 Augusta écrit à Élémir : «  C’est décidé, nous irons à Paris. Notre plan est de partir avec un train de plaisir qui part le 30 du mois de Mai et nous permet d’être 30 jours en voyage….Vous trouverez vous à la gare ? Une vieille dame énorme flanquée de deux perches toutes d’un air de province ! Je n’ai pas la moindre peur que vous fassiez la cour à mes filles, loin de cela ! Mais j’ai très grand peur que vous les trouviez laides (ce ne sont pas des Parisiennes) et que vous perdiez bientôt l’envie de nous conduire »… Grossière erreur…

Le 4 Juin 1878, jour du destin,  ainsi relaté par Bourges dans une lettre de Décembre de la même année à Anna 4 : «  C’est toi qui a frappé à ma porte un soir de Juin ; oui le 4 juin. Il me semble encore que je vous attends à la gare. J’étais arrivé une heure trop tôt. Cahen d’Anvers m’avait conduit en voiture jusque là …Ah te rappelles-tu notre premier coup d’œil ? Moi je l’ai toujours dans le cœur et la bonne poignée de main de Zdeno. Vous me disiez : «…  vous voilà attrapé en nous voyant ! Vous vous étiez imaginé des jeunes fille idéales », je ne pensais pas que vous fussiez comme vous êtes, aussi charmantes, et des âmes aussi belles ».

En cachette, quelques jours après ce coup de foudre réciproque, Anna lui glisse un billet 5 ( orthographe respectée) qui nous montre chez elle, la conjugaison du sentiment amoureux et du sentiment patriotique : «  Ne soyez pas malheureux mon chère , chère ami, ne soyez pas affreusement triste, cela détruit mes forces et vous ne pouvez pas vous imaginer quelle douleur cela me fait quand vous fixez sur moi vos yeux pleins de tristesse…vous ne pouvez pas vous imaginer ce que c’est d’être Bohême , d’avoir une patrie pauvre, malheureuse dont personne ne se soucie dans le monde. Quand on appartient à un peuple de 3 millions d’âmes qui a encore si peu de femmes intelligentes et patriotes, il est difficile d’en sortir. Si vous étiez bohême, que vous feriez des livres bohêmes, je voudrais vous épouser tout à l’heure sans même penser à la pauvreté. Mais il est inutile de faire de rêves, il faut que vous restiez français et moi je ne pourrai pas cesser d’être bohême  ».

De retour à Prague après six semaines de séjour à Paris, informée de la situation, Augusta, mère de famille outragée écrit à Bourges 6: «  Je n’aurais jamais du faire ce malheureux voyage dans un pays dont les habitudes et les mœurs sont si différentes des nôtres. Tout mon système d’éducation fait banqueroute…Je ne vous trouve pas le droit d’associer à votre sort incertain l’avenir d’une enfant qui, éblouie de votre brillante conversation vous croit un génie qui doit être bientôt reconnu de sa nation…ma fille paiera l’insouciance de sa mère avec le bonheur de sa vie » … Pas si fausse prévision. Zdenka quant à elle, est arrivée non disponible à Paris, tout habitée qu’elle est par les charmes de son professeur le peintre Antonin Chitussi, ce qu’elle confiera très vite à Elémir devenu son frère, son confident. C’est cependant une amitié teintée d’ambiguïté amoureuse, probablement assez ravageuse pour les trois, qui s’installe sur le champ entre eux pour des années.


Anna, sœur effacée.

Zdenka Braunerova, lavis , Élémir Bourges à Roztoky
Zdenka Braunerova
Élémir Bourges à Roztoky avant le mariage

Lavis

Le père s’en mêle et évidemment n’accepte point la romance, sans interdire cependant les échanges épistolaires. Il meurt opportunément deux ans plus tard sans avoir réussi à détacher son enfant chérie de l’homme de lettres Français. Les fiançailles officieuses , officielles, dureront 5 ans de valse hésitation , de voyages dérivatifs, de correspondance fluviale, de querelles , et s’achèveront le 23 Novembre 1883 par un mariage au cérémonial épineux à Saint Clément de Levy- Hradec , à Roztoky, sans mondanités aucune ,après avoir failli sombrer pour une vétille. Le couple se sauve dès le lendemain. Bourges n’éprouvera pratiquement jamais la tentation de revenir à Prague qu’il aura vu en tout et pour tout 3 fois en 1878, 1882 et au moment de son mariage. Le sacrifice est consommé. Sur cette erreur amoureuse, c’est grâce à sa sœur Anna, la désormais quasi invisible, la silencieuse, que Zdenka pourra s’ installer à Paris avec sa mère entre 1885 et 1894, s’y former et y faire les «  provisions d’idéal » auxquelles elles aspirait


Le Paris mallarméen.

Bourges, né à Manosque en 1852, mort à Paris en 1925, était au moment de sa rencontre avec les Brauner, aussi talentueux, cultivé que rempli d’ambition. En septembre 1878, alors qu’il est déjà bien introduit dans la société littéraire Parisienne, en plein enthousiasme conquérant, il écrit à Anna «  Chère âme, la situation est très simple. Il y a maintenant en littérature, Flaubert, Goncourt, Zola et Daudet, qui font des romans. Les deux premiers sont vieux, Flaubert ne fera plus rien que son livre sur les deux bourgeois dont il n’est pas content lui-même, Goncourt est dépareillé depuis la mort de Jules. Restent Zola et Daudet. Eh bien chérie, sans me faire la moindre illusion, je puis te dire qu’à force de travail dans mon trou- car je travaille bien quand je m’y mets et j’ai souvent émerveillé mes amis- je suis à peu près aussi fort qu’eux. Le crépuscule est au moins égal à tous les romans de Zola excepté  L’Assommoir ».7

De ce jeune et désarmant vaniteux, cherchant à conquérir sa belle, la notice biographique de Marie- Claire Banquart 8, dit que de Marseille, il «  monte à Paris en 1874, se lie avec Barbey d’Aurevilly et Paul Bourget, assiste aux mardis de Mallarmé, se passionne pour Wagner, écrit des articles critiques au Parlement et au Gaulois, fonde en 1883, La revue des chefs- d’œuvre.

Zdenka Braunerova
Zdenka Braunerova
Village près de Barbizon
Huile sur toile - vers 1886

En 1886, après avoir hérité de sa mère, cet érudit, ce beau causeur que Gide appréciera plus tard, solitaire, «  cénobite de lettres » comme on l’a surnommé, qui n’entra dans aucun groupe littéraire selon Gisèle Marie9 décide de vivre à la campagne. Les Mallarmé, installés à Valvins au bord de la Seine près de Fontainebleau, lui signalent sur l’autre rive du fleuve, à Samois, le Prieuré du village. Il y restera seize ans, s’enfermant parfois des semaines entières dans une totale claustration. C’est à une gloire sans concession au monde qu’il aspire mais, ce faisant, il condamne à la neurasthénie sa jeune femme habituée à un vie sociale animée.

« À cette époque cependant, le goût de la solitude de Bourges n’est pas si définitif….Le charme prestigieux de Mallarmé (qui) avait déjà attiré une colonie d’écrivains et d’artistes… (et) la présence irradiante de l’ermite Samoisien… achèveront de faire de ce coin de la forêt de Fontainebleau un lieu élu entre tous où , peu à peu sous l’influence des deux enchanteurs, s’assembleront beaucoup d’entre ceux qui devaient illustrer ce qu’on a appelé l’école symboliste, bien qu’il n’y eut pas peut être pas à proprement parler de mouvement symboliste, mais plutôt la recherche d’une formule nouvelle d’expression par un groupe de poètes et d’artistes qu’éloignaient la froideur solennelle et la parfois pompeuse vacuité du Parnasse, autant qu’une réaction contre le réalisme des Goncourt et le naturalisme de Zola ».10 Dans leur livre de souvenirs11, Eve et Lucie Paul Margueritte, amies de Sita Bourges, née en 1887, morte en 1915, évoquent cette «  Anna aux yeux de pierreries … » . Marguerite Moreno, femme de Marcel Schwob, également de la bande,  raconte12 : « Souvent, Elémir Bourges descendait de son ermitage de Samois…Sa femme l’accompagnait, elle était dans tout l’éclat de sa beauté blonde et ses discours avaient un pittoresque ravissant … ».


Zdenka Braunerova
Village près de Fontainebleau
Huile sur toile - vers 1889

Sur la rive de Bourges, s’installent le peintre Odilon Redon, les Margueritte, Henri Signoret, homme de théâtre, Edouard Dujardin le Wagnérien, Valette, Rachilde etc... Le peintre Armand Point, dont Philippe Berthelot épousera plus tard l’ancien modèle, Hélène, habite tout près, à Marlotte, et reçoit Pierre Louys, Camille Mauclair, Saint Paul Roux, José Maria Sert, le peintre Louis Anquetin, Whistler… Les Godebski , Misia qui épousera Thadée Nathanson, fondateur de La Revue Blanche et plus tard José Maria Sert, sont voisins de Mallarmé. Ainsi chaque été, toute une vie de société s’organise où s’effectue la fusion des deux rives. Il règne alors une extraordinaire animation  à laquelle Zdenka participe : théâtre, pantomime, marionnettes …on joue Aristophane, Shakespeare, des mystères chrétiens et païens accompagnés de la musique d’ Ernest Chausson ou d’ Edouard Lalo ; on déchiffre et joue des partitions de Wagner, Beethoven ,Schuman et surtout Berlioz… ces étés idylliques se reproduiront pendant les vingt dernières années du 19 ème siècle, dans ce territoire étroit de la lisière de forêt et du bord de Seine où quelque fois Bourges voit de sa fenêtre, la yole du «  délicieux Mallarmé ». Autant les mardis de la Rue de Rome, l’hiver,( où il reste à vérifier que Zdenka , accompagnée de Zeyer, fut admise,) sont brillamment compassés, «  religieux », autour du Maître, autant le plaisir de vivre et la spontanéité règnent à Valvins.

Il fallait décrire cette société Parisienne, ce Paris Symboliste qui façonnera Zdenka et dont elle transportera l’esprit en Bohême. Elle est installée à Paris au 27 Rue de Fleurus, dans un atelier où d’ailleurs sa mère Augusta s’éteindra en 1890, et où sont passés tant d’artistes jusqu’au début du 20ème siècle, dont Odilon Redon immédiatement après elle. Elle est inscrite à l’Académie Colarossi, assidue de Barbizon, tout près de Samois, où elle travaille, et sera là dans sa meilleure période de création picturale. Toute son œuvre de paysagiste en est l’illustration, essentiellement inspirée de Corot, de Daubigny et Rousseau. Elle est réellement et restera un peintre «  petit maître » de l’école de Barbizon. Elle aura aussi gagné, pendant cette période, sa capacité à faire jusqu’à la fin de ses jours le lien entre la France et la Bohême.

Bourges, élu à l’Académie Goncourt en 1902 sur proposition de Paul Margueritte, laissera une œuvre restreinte, désormais connue de rares initiés et à peu près illisible : Sous la hache en 1883, Le crépuscule des Dieux en 1884,  Les oiseaux s’envolent et les fleurs tombent en 1893 ; La Nef édité en deux parties en 1904 et 1922. Il a cependant les honneurs perfides et douteux du récent « pavé » de Charles Dantzig 13 qui reflète les modes littéraires parisiennes actuelles.


Première trace : 1891, Paris, Huysmans ou une agréable badinerie.

Flirt Français, amours Tchèques.

Zdenka Braunerova
Zdenka Braunerova
Augusta Braunerova, au 27 rue de Fleurus peu de temps avant sa mort
Huile sur toile - vers 1889

Sorties de cet extraordinaire creuset que fut la société des Bourges pour Zdenka, nous restent outre les souvenirs foisonnants à peine évoqués plus haut, 5 pauvres petites lettres palpitantes de Joris Karl Huysmans à Mademoiselle Zdenka.14 Écrites entre Février et Mai 91, elles évoquent une relation légère, pleine de civilités, attestant l’intérêt mutuel, prudent, félin en un mot, qu’ils se sont porté l’un à l’autre. Visites, cadeaux, compagnie des Odilon Redon, nous voici encore dans une douce sociabilité. Rappelons qu’en 91 Huysmans est un écrivain très reconnu, classé « décadent », qui a derrière lui le triptyque d’  À veau l’eau 1882, d’ À rebours 1884, En rade  1887. Voici quelques extraits : ….

1er Février 1891, «  Mademoiselle, je retrouve en rangeant ma bibliothèque, un exemplaire d’un Croquis qui parut l’an dernier, d’un coin de Paris pauvre, maintenant mort. Voulez vous me permettre de vous l’offrir à vous qui seule je crois bien parmi toutes le jeunes filles, aimez la vie des quartiers déshérités et la mélancolie des paysages fatigués sous un ciel gris… » Juste observation qui se vérifiera à Prague quelques années plus tard.

Samedi matin,  «  J’écris à Madame Redon pour lui rappeler la promesse qu’elle me fit un soir de monter jusqu’à ma cellule avec son mari. Et je viens vous demander de vous entendre avec elle pour le soir et de vouloir bien l’accompagner …Ce faisant, vous me rendriez content, bien content. Seulement il vous faudra un peu d’abnégation car il y a cinq étages à monter après quoi, en fait de repos, l’on ne peut s’asseoir que sur des meubles qui sont pleins de poils de chat ! »

Sans date, «  Mademoiselle, Vous avez été la plus gentille des camarades en voulant bien accepter le petit volume de croquis Parisiens que je vous promettais…J’espère que vous aurez excusé l’inconvenance du minet qui ne voulut pas paraître l’autre jour …Pardonnez au chat et à son patron … ».

La 4ème est de la même eau, adressée chez Odilon Redon, la 5ème sans date, un peu plus imagée : «  Ma chère Mademoiselle Zdenka, Le fait est qu’étant donné la hauteur où je perche, j’ai bien besoin d’amulettes pour me préserver de la foudre. Aussi vos amusants cierges, si bizarrement barbares sont ils les bienvenus…Merci enfin pour le beau diable et la petite religieuse qui sont autrement intéressants que les joujous bêtes que Paris fabrique…Mais c’est une vraie mise en demeure que ces poupées symboliques là. Elles semblent vous demander qu’on choisisse entre elles. Espérons que la nonne vaincra en moi le diable…J’espère bien aussi vous rencontrer chez les Redon, un jour, avant que vous ne repartiez loin de Paris et que je ne file à La Trappe, comme j’en ai l’intention, cette année… » 

Dans l’ouvrage Lettres à Odilon Redon 15, au 16 Février 1891 et jours suivants, on trouve deux missives de Huysmans au peintre, mentionnant ces relations intimes et «  l’accueil si cordial et si rare » de l’artiste Tchèque. Zdenka, elle, coquette née, écrit le 12 Juin de cette année 1891 à sa sœur : «  Une fois à Samois, je te raconterai bien des choses sur Joris…  Je ne peux m’empêcher de sourire à la pensée qu’il me faut maintenant partager mon cœur entre Joris et Julius »16. Depuis 1889 en effet, elle est très proche de Julius Zeyer, beaucoup plus âgé qu’elle, intellectuel Tchèque raffiné, écrivain « décadent », dandy et amateur d’art, qui ne cèdera pas à son obstination amoureuse. Il reste de ce long attachement une abondante correspondance publiée à Prague en 1941, préfacée par Vladimir Hellmut.

Huysmans entre à La Trappe en 1892 et écrit dans son journal du 20 Juin 1898 ( il pense donc encore à elle, longtemps après son départ de Paris)) : « Mais moi ! Toujours en dehors…Vécu en dehors de la littérature admise, hué comme naturaliste. Zdenka venue au moment de La Trappe, mais il n’y avait rien de sérieux là ! Et puis, c’était la non conversion alors et c’était ça, impossible. »17

L’influence d’Odilon Redon.

Zdenka Braunerova
Zdenka Braunerova
Ruelle de la Vieille Ville
Eau forte - Prague 1906

Il est intéressant de noter que Zdenka est familière des Redon au moment où celui-ci commence dans son œuvre, à sortir du noir de la gravure. La couleur peu à peu va envahir le travail du «  Prince du rêve », modifiant radicalement son univers. Dans les années 1890, il entre dans une période heureuse, il lui naît un fils, la reconnaissance arrive et cela se traduit dans ses dessins et ses toiles. L’exposition récente du Grand Palais l’a bien montré. Le mouvement inverse s’amorce chez l’artiste Tchèque pour de toutes autres exigences artistiques qui prennent racine dans son univers natal.


Deuxième trace : 1902, Prague, Rodin ou une brève éruption de passion.

Trois jours de balade en Moravie, un baiser, 3 lettres passionnées, 2 réponses flatteuses … Cette rencontre marque un seuil.


L’évolution préalable.

Zdenka Braunerova
Zdenka Braunerova
Paysage Tchèque
Illustration pour un roman de Vilem Mrstik
Gravure - vers 1896

Alors qu’en 1894, elle est rentrée à Prague, et y a certainement transporté avec elle les techniques de gravure observées chez Redon, elle a délaissé la peinture au profit de l’eau forte. L’influence de Barbizon s’atténue. Mais c’est surtout l’époque où la municipalité de Prague a engagé d’importants travaux de démolition des quartiers anciens. Zdenka, maintenant fiancée à l’écrivain Tchèque Vilem Mrstik, retourne à l’art graphique, qui est son vrai talent initial, et entre dans une «  période noire » esthétiquement plus favorable à sa vision de la ville…Révoltée par les destructions, elle grave de très nombreuses vues de Mala Strana et du quartier juif en particulier qui sont maintenant d’irremplaçables documents. Dans ces années là, elle amorce son travail de bibliophile et d’illustratrice. Elle collabore la revue culturelle propagatrice des idées décadentes symbolistes, fondée en 1894 Moderni Revue, et, probablement stimulée par l’importante exposition ethnographique de Prague en 1895, passe une bonne partie de son temps à sillonner la Moravie pour observer et collectionner les œuvres d’art populaire.

Zdenka
Zdenka Braunerova dans le jardin de Roztoky - vers 1900

La période de l’exposition Rodin.

Dans sa lettre de nouvel an 1902 à Bourges, alors qu’Anna et Sita sont avec elle, car leurs séjours à Prague sont de plus en plus fréquents, Zdenka lui écrit18: «  Je tâcherai de gagner un peu d’argent pour revoir ma chère France et y prendre une douche d’idéal….Tu peux me croire que je suffoque ici » Un grand coup de vent, quelques mois plus tard, va aérer notre artiste : l’exposition Rodin qui aura lieu du 10 mai au 15 Juillet. Cet événement est organisé à l’initiative de la Société Manès. Un groupe d’artistes tous francophones, dont Maratka, élève très aimé de Rodin, a conçu une manifestation grandiose où le Maître et ses œuvres sont honorés comme il revient à un Dieu. La municipalité a construit un pavillon spécial dans les jardins Kinski, qui abrite 88 sculptures et 75 dessins. Il y eut des discours officiels très flatteurs pour le Maître Français, des fêtes, des banquets, auxquels Braunerova, fut évidemment invitée. On entraîna Rodin dans un voyage de trois jours en Moravie avec au programme, une visite au peintre Uprka, ami de Zdenka, (ce qui explique probablement sa présence dans ce groupe à dominante masculine…), des promenades, des banquets et des spectacles folkloriques censés faire comprendre l’âme Slave au Maître Français. C’est au cours de ce voyage que se produisit l’échange amoureux entre Zdenka et Rodin, qui n’était pas à une conquête près. .Il provoqua chez cette femme de 44 ans aux amours déjà trois fois déçues, une explosion de sentiments refoulés, qu’elle saura cependant canaliser aussi vite qu’ils avaient surgi.

Zdenka Braunerova
Zdenka Braunerova
Bords de la Vltava
Huile sur toile - vers 1902

Passion humaine, passion de l’Art…

Ce sont, conservées aux archives du Musée Rodin, 3 lettres de Zdenka écrites après le départ de Rodin, 2 réponses du maître 19, 2 lettres de 1906 et 2 cartes postales de 1906 et 1908.A la faveur d’un moment unique, la femme d’abord, l’artiste ensuite, la patriote enfin s’expriment de façon conjuguée dans ces documents. Les premières missives sont d’une effarante juvénilité, et comme la toute première se conclut par un serment «  Jamais personne ne saura que je vous écris », tâchons, avec piété et sans trop la trahir, d’en faire connaître l’existence et comprendre le contenu. «  Rien n’est ridicule lorsque c’est sincère »  écrit elle d’ailleurs.

Extraits :

Le 5 Juin 1902, 11 pages : la femme «  Cher Maître, Était-ce un rêve que vous m’avez dit de vous écrire ? Non, c’était la réalité ! J’ai entendu votre voix, j’ai touché votre main ! Partout où je regarde c’est vous que je vois…. Il est 4 heures du matin ; je suis assise auprès de ma fenêtre qui donne sur de grands jardin anciens, avec un panorama de Prague au fond….Je vous revois en fermant les yeux et je sens le souffle de vos lèvres qui s’inclinent vers moi »… la patriote : « Vous êtes venu chez nous comme Jésus est venu chez les pauvres ….De vous voir, cela me paraît comme un miracle, maintenant que j’ai pu m’approcher de vous, cher divin Maître… »… à nouveau la femme : « Mon cœur a toujours fui l’amour banal, par un besoin naturel de sacrifice et d’héroïsme. N’ayant pas trouvée ce que mon cœur avait désiré, je me suis réfugié dans le monde idéal, qui fut tout ma réalité. Fière et résignée, j’ai compris qu’il ne faut rien exiger de la vie ; et voilà qu’elle me donna tout d’elle-même »…l’artiste : « l’amour de la vie et de la beauté….Votre art héroïque et passionné synthétise idéalement la Pensée de notre époque ainsi que qu l’Idéal de l’humanité éternelle… »

Zdenka et Auguste Rodin
Photographie: Rodin et Zdenka Braunerova en Moravie, le 2 juin 1902

Le 30 Juin 1902, alors que Rodin lui a fait cadeau du dessin La baigneuse qui se couche dans la mer, 12 pages :

« Vous m’avez dit des mots si touchants dans vos deux lettres qu’en les recevant, j’en pleurais de joie et d’émotion…Mais avant tout,  donnez moi vos deux mains que je les embrasse, que je vous remercie de votre cadeau si précieux. …oui, je voudrais embrasser le monde entier…J’ai une joie absolument voluptueuse à me torturer… Là avec un petit billet de vous, je me suis installée devant cette admirable baigneuse, je l’ai regardée avec cette terrible joie de l’Avare qui possède une grande fortune et qui se promène dans le monde dans des loques, pour le tromper. C’est à moi, c’est vraiment à moi et personne ne s’en doute. N’est ce pas, je suis très perverse… ? Elle est donc vraiment à moi, cette admirable femme dans la mer très bleue ? Ah si bleue !... Ce n’est plus un rêve, comme ce n’est pas un rêve que je vous aime. ..Mon âme ne peut qu’adorer mon Dieu, c'est-à-dire l’intelligence suprême, la bonté, la douceur, la force. »…  Suivent des détails autobiographiques et l’aveu qu’elle va faire ses prières du soir devant les œuvres exposées au pavillon Kinski…

Le 10 Août, 12 pages ; on se calme un peu, on domestique déjà, on élargit le sujet :

«  Une partie de votre âme ne me quittera plus et je pourrai lui faire une caresse à toute heure, jour et nuit…Vous avez apporté une nouvelle vie à mon cœur qui se croyait mort pour l’amour » … à nouveau la patriote : «  Je sens aujourd’hui toute l’amertume d’appartenir à un peuple appauvri. Car nous sommes des pauvres, cher Maître. La Bohême d’aujourd’hui, fut certes une nation glorieuse, riche en art et fière. Mais maintenant elle se réveille seulement de son sommeil que les guerres et les désastres ont amené. Ce long sommeil de plus d’un siècle fut pris pour la mort….Vous avez daigné nous tendre la main… Oui le Christ a passé chez les pauvres, car votre exposition nous a mis au rang de premiers entre les nations… »

Réponses :

Le 29 Juin 1902 : «  Ma grande amie (formule habituelle de Rodin pour ses conquêtes), « Votre lettre comme je les désirent (sic) est venue, impatiemment attendue, vraiment Prague m’a donné beaucoup…Laissez voir à votre ami toute votre beauté. Je lirai l’expression de votre vie, de votre force mystique et sensuelle comme une délicieuse attention de donner du plaisir et de la joie …ici je détruis le blasphème de ne pouvoir nous rencontrer jamais. Quelle puissance que celle de l’art qui m’a donné tant de pouvoir sur vous, sur votre âme et peut être sur vos sens ?... » ;

18 Août 1902 «  Vos lettres me sont précieuses. La vie vous a envahie et vous êtes comme la fleur et les arbres qui éprouvent les forces de la vie…puissance divine qui est celle de Dieu, car nous sommes à son image étant sa pensée ; que je suis heureux de vous savoir dans cet esprit divinement généreux …remettons nous dans la gloire du contentement, la volupté de vivre est partout… » . Elle ne lui fera plus qu’une visite à Meudon en 1906. Je soupçonne le Maître, distance oblige, de n’avoir point trop souffert de ne pouvoir la rencontrer à nouveau… Quant à Zdenka, elle trouvera rapidement des dérivatifs au brûlant et intime épisode …

De ce flot de déclarations exaltées, déroutant, alternativement fastidieux, touchant ou exaspérant, il faut cependant extraire une fois de plus,son amour absolu de l’art, la conscience aigue qu’elle a de sa patrie  et la préoccupation constante qu’elle en a. On aime passionnément à la fois, un homme, l’art en tant qu’accès au divin, et la Bohême, toujours… Ce mélange infrangible fait toute la rareté, la saveur du personnage.

Dans une lettre à Bourges de 1898 20, après sa rupture avec Vilem Mrstik, elle écrivait : «  Tu sais que je ne suis pas née pour les joies conjugales ni pour le monde, mais, l’atmosphère artistique me fait pousser des ailes… Je commence une nouvelle vie et «  la petite s’agite, comme tu disais ». Même processus en 1902, après le départ de Rodin ; elle va continuer à s’agiter…

Zdenka
Zdenka Braunerova
Vue de Prague
Huile sur toile - vers 1909

Intermède.

Entre la rencontre avec Rodin et l’arrivée d’un autre Français dans sa vie, elle aura bientôt, avec le jeune critique littéraire et écrivain Tchèque Milos Marten, une liaison amicale qui occupera son cœur et son esprit. Lui aussi est à la recherche de la synthèse des facultés créatrices de l’homme », dit Vaclav Cerny21« Sensualité et intelligence, passion de la joie terrestre et désir spirituel, volonté de puissance et humilité devant le mystère transcendant reconnu » voilà les idées dominantes, ancrées depuis des années chez Zdenka, comme on l’a vu dans ses lettres à Bourges ou Rodin, qu’elle partagera avec Marten. Ce sera aussi l’époque où elle construira son atelier dans le jardin de la propriété Brauner, le moulin de Roztoky, à une dizaine de kilomètres de Prague. Elle y organisera une certaine forme de bonheur occupée de son travail d’artiste peintre, graveur, enrichi d’une nouvelle activité créatrice, la verrerie. À l’arrivée de Claudel, Zdenka est une femme assagie de 51 ans, assez sereine, mais pleine d’un goût de vivre et d’un appétit artistique aussi personnels qu’hors du commun… Il semble qu’elle n’ait jamais évoqué avec le Poète, sa rencontre avec celui qui fut plus que le maître de sa sœur Camille.

Zdenka
Zdenka Braunerova dans son atelier à Roztoky vers 1910


Troisième trace : 1909- 1911, Prague, l’amitié de Claudel.

C’est une correspondance de 43 lettres, déposées aux archives littéraires de Prague, 11 mentions dans le journal, la dédicace du magnifique  Saint Venceslas des Images Saintes de Bohême de 1911, et un poème In memoriam en 1934 qui nous en donnent la mesure22. C’est aussi le souvenir des décors de L’Annonce faite à Marie du 6 Février 1914 à Prague et les illustrations diverses qu’elle a faites pour le poète.

L'Annonce faîte à Marie
L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel
6 Février 1914


Débuts de la «  réaction », coïncidence d’idées avec le Poète. .

Les temps ont changé. Elle est, ainsi que son inséparable Marten, réfractaire aux idées nouvelles aussi bien artistiques que politiques. Catholiques et représentants de l’arrière garde « Vieux Tchèques » ils sont restés dans le monde symboliste qui les a formés et ne sont plus entourés d’inconditionnels. L’intelligentsia Pragoise a considérablement évolué. Artistiquement, pas d’influences : ni impressionniste, (alors que Paris en regorgeait lorsqu’elle y résidait), ni nabi, ni fauviste ensuite et encore moins cubiste. Elle est entièrement investie dans l’expression artistique nationale, dans l’amour du baroque, dans l’art populaire tout en continuant pourtant à s’imprégner de culture Européenne. (Voyages fréquents à Munich, quelques retours en France entre autres). Politiquement, alors que le pays est agité des prémices de son indépendance, elle déteste ce que représente le parti «  Jeune Tchèque » et le progressisme de Masaryk, cette aspiration à une démocratie laïque qui écarte toute expression du catholicisme… En accord profond avec Claudel, partageant son côté paysan et son humour, sa spiritualité et son amour du monde, à la fois admirative et dévouée, elle va parfaitement se glisser dans le triple rôle qu il lui offrira  : auxiliaire attentive de son foyer, guide avertie du patrimoine Tchèque, et, pendant 5 ans, son illustratrice. Elle s’y consacrera entièrement.


Les lettres ou les affinités naturelles. 

Zdenka
Zdenka Braunerova
Une ferme dans le village de Milos Marten
Huile sur toile

Le Cahier Paul Claudel 9 «  Prague », œuvre de Vaclav Cerny, premier ouvrage à avoir publié cette correspondance, reste la bible pour connaître, sans erreur aucune, la relation entre Claudel et la Bohême, ainsi que son amitié avec Marten et Braunerova. Une lettre particulièrement, est à dégager aujourd’hui et à mettre en parallèle avec ce que Zdenka écrivait 8 ans plus tôt à Rodin. Claudel vient de lui faire cadeau des Odes. Le 3 Septembre 1910 elle lui écrit de Turovec ( orthographe respectée) où elle se repose et travaille :

«  Cher Monsieur, C’est ici de ce coin sauvage et perdu du monde, que je vous envoie mes souvenirs, mêlés du sentiment de plus profonde gratitude…Comment vous dire le sentiment dont mon cœur est pénétré après la lecture de vos Odes ? Le coin de terre, dans la forêt de Turovec restera dans ma mémoire un lieu sanctifié comme un confessionnal : car n’était ce pas comme un miracle que je me suis trouvée là, avec les «  Odes » dans les mains ? Et pour me rassurer que je ne rêve pas, j’ai vite soulevé la page, pour bien regarder là, où votre nom est écrit avec votre main, bien avec de l’encre- et cette dédicasse- témoigne de la plus belle et de la plus précieuse amitié …  J’ai lu, relu, et je relirai toujours votre admirable livre, car dans les heures de tristesse et de découragement, il me sera un réfuge…. Les Odes… réveillent la conscience et la forcent à un sévérité terrible vers soi même, elles me montrent l’immense échelle qu’il faut grimper encore, pour oser dire un jour : j’aime Dieu de toute ma force »…

Entre Rodin et Claudel on est passé de la passion à l’amitié mais  le ton : emphase (sarcastiquement relevée par Claudel dans sa réponse d’ailleurs), posture d’adoration, référence au divin, sont exactement les mêmes…Cette femme a besoin d’un émerveillement, à peine mis en scène, quand ses interlocuteurs sont des génies…

Le journal de Claudel entre 1909 et 191123 contient 11 elliptiques allusions à Zdenka qui contribuent de manière vivante à se faire une idée de leurs conversations. Pétulante et infatigable, Zdenka le promène, l’entraîne dans les églises baroques, lui montre son pays, lui raconte des histoires censées le lui faire comprendre. Je retirerai cette seule mention : 24 

«  Mademoiselle Braunerova veut avoir un cercueil qu’elle peindra elle-même, tout bleu avec une quantité de fleurs et de petits oiseaux » …

Il s’en souviendra pour le poème In memoriam Zdenka Braunerova» de 1934.

Zdenka
Zdenka Braunerova
Vignette pour Paul Claudel
Le pont Charles à Prague
Dessin - 1912

Deux offrandes, de Claudel à Zdenka, méritent en effet d’être évoquées.

Ce poème souvenir :25

« Il est dit de la femme forte qu’elle rira à son dernier jour,

Ainsi notre amie Zdenka qui élève un regard plein de confiance et d’amour,

Le moment étant venu de partir, vers la Vierge de son pays.

Tout est larme et sourire en elle pour cette Vierge qui lui sourit.

Elle a soixante dix ans et n’a jamais rien fait de mal.

Elle a conservé toute blanche sa robe baptismale.

Il est né sous son pinceau magnifique toutes sortes de fleurs rouges et bleues.

Toutes sortes de petits chevaux en verre ont poussé sous son souffle industrieux.

Et s’il y avait un peu d’argent parfois dans cette bourse toujours trouée,

Il était pour les pauvres, les enfants et cet humble marchand de choses sucrées.

Je ne vous verrai plus, Zdenka, providence de Monsieur le Consul et de sa famille,

Chère bonne grosse amie blonde et bleue, marraine de ma petite fille.

Ce chemin qui était bien dur parfois, vous l’avez achevé courageusement. 

«  Ah ! Qu’il est doux sur son cœur enfin de serrer ce petit enfant »…


Zdenka Braunerova
Un exemple de verrerie
1910

Et, en remontant jusqu’en 1910, voici le magnifique Saint Venceslas  des Images Saintes de Bohême 26 dont la dédicace à Zdenka est, probablement le plus bel hommage qui pouvait lui être rendu car, à travers elle, il s’adresse à la patrie, à la Bohême, telle qu’elle l’aimait. Extrait :

 « …Tiens bon Tchèque obstiné, ne lâche point l’anneau, Wenceslas,

Prie vertigineusement dans le ciel pour le grand désert de blé tout en bas…

Avec ses dures petites vallées soudain et ses larges étangs dormants,

  Pour la Bohême qui est assise entre ses quatre forêts et qui attend  …

 Pour les hommes ardents et fourbes et pour les grosses femmes au yeux bleus  

Pour le désert de blé immense et platitudineux !

Tout est plat, mais l’on voit tout seul sur le ciel un long clocher comme une fleur d’oignon,

Et (loin de la ligne noire des sapins) une mare avec l’auberge et trois maisons,

Où commence par une croix de bois la route qui mène jusqu’à Dieu,

Bordée de tristes petits pommiers qui s’en vont indéfiniment par deux. »

Zdenka
Zdenka Braunerova
Ex libris de Paul Claudel
1911


« Chère bonne grosse amie blonde et bleue » … » « Les grosses femmes aux yeux bleus… » Entre 1910 et 1934, il semble que dans le souvenir de Claudel, Zdenka ait rejoint l’archétype de la femme Tchèque  de l’époque…Or elle n’était pas blonde, un peu grasse oui, et les yeux bleus oui, intensément bleus  jusqu’au bout de sa vie comme le montrent les documents photographiques qui nous restent. Par ailleurs, elle n’a jamais été souffleur de verre, se contentant de peindre ses œuvres réalisées par un artisan verrier ; elle n’est probablement pas restée tout à fait blanche « baptismale », heureusement, et enfin, très généreuse, n’en a pas moins été dans l’ensemble toute sa vie, dégagée des soucis d’argent.

Le beau portrait inexact, qui fait partie des secrets « talismans » familiaux, est en tout cas émouvant, car il nous ramène à quelque chose d’infiniment précieux. L’amitié de Claudel aura été, dans la vie de Zdenka, un moment magnifique, qui aura contribué à lui faire toucher sa vérité humaine. On peut encore en sentir les effets.

Claudel est parti pour Francfort le 26 Septembre 1911, à sa grande tristesse. Après la préparation de la mise en scène de L’Annonce faite à Marie, donnée le 6 Février 1914 à Prague, qui amène quelques échanges, elle n’aura plus de nouvelles de lui pendant 20 ans. La guerre est passée, qui a séparé les familles et les amis. Est survenue la création de la République Tchècoslovaque, avec pour Braunerova, son lot de déconvenues « philosophiques », politiques et sociales.

Sa dernière lettre à Claudel , du 11 Septembre 1933, quelques mois avant sa mort, exprime un violent désespoir de patriote et de catholique…Il faut en retenir seulement son ardent souhait «  que le cœur de l’Europe reste catholique »… et en mesurer avec sympathie et mélancolie la pertinence historique…


Conclusion ou inventaire supplémentaire.

L’exposition de 1920 à Paris.

En octobre 1919, après la création de la jeune République de Masaryk, est arrivée à Prague, la Mission militaire Française, dirigée par un Général sexagénaire, aussi élégant que brillant, Maurice Pellé . Célibataire très endurci, il ne résistera pas cependant au charme d’un jeune femme, divorcée d’un propriétaire terrien, Iarmila Braunerova, nièce de Zdenka… Sous l’œil complice et bienveillant de la tante, après une cour « éclair » obéissant probablement au plus élémentaire exercice de stratégie militaire enseigné à Polytechnique, le Général, obtient du redoutable Vladimir, père de la belle, la main de Iara. Il quitte Prague pour rejoindre Constantinople où il a été nommé en Décembre 1920 et revient en Mars 21 pour un heureux mariage dont il aura une fille, née en Mars 22. Bonheur de très courte durée puisqu’ atteint d’une leucémie il mourra à Toulon en Mars 24.

Zdenka
Zdenka Braunerova.
Affiche pour l’exposition de 1920 à Paris

Or, dés l’été 1919, désireux de faire connaître la Tchécoslovaquie aux Français, Pellé avait eu l’idée d’organiser dans la capitale Française une exposition d’Art populaire Tchècoslovaque. Elle aura lieu au Pavillon de Marsan du 29 Avril au 30 Mai 1920. Excellente opportunité pour Braunerova qui lui en réclame littéralement l’organisation. Dans une lettre d’octobre 191927, très ulcérée de ne pas avoir eu la responsabilité de l’affaire, elle dit au Général : « J’apprends que tout est décidé : la présidence, l’organisation, les finances, tout…J’avoue que je ne vois pas quelle place je pourrais prendre à côté de Monsieur S…que je ne considère pas comme un artiste, mais comme un homme qui fait bien sa carrière et qui sait bien se servir des gens qui aident à le pousser …Je le déclare absolument incompétent de comprendre l’esprit de l’art populaire slave. C’est un Boche cubiste  »… Elle obtiendra gain de cause,à juste titre après tout, puisqu’ayant fait de longs séjours en Slovaquie Morave,elle connaît tout des objets d’art populaire, céramiques, bois sculptés, tissus brodés et costumes qui seront présentés.

Le catalogue, document assez pauvre, conservé à la Bibliothèque Forney à Paris, préfacé par Pellé, signale poliment en conclusion deux autres organisateurs : Madame Tyrkova et le Professeur Niederlé. Un conservateur du Louvre mentionne par lettre à Pellé, l’intérêt du public pour l’originalité des objets exposés, et avance le chiffre de 20000 visiteurs. Braunerova, en dépit de son hostilité ouverte au pouvoir récemment en place, a réussi à être présente, grâce à Pellé, et à jouer là son rôle d’Ambassadrice de la Bohême traditionnelle auprès de Paris. Si sa notoriété est ainsi confirmée, elle n’est cependant déjà plus recensée dans le monde artistique Tchèque.


Vue de France, place de Braunerova dans l’histoire de l’art Tchèque des années 20.

L’expression «  boche cubiste » en dit long et nous renseigne sur ses opinions et son évolution. Depuis de longues années, dans le rejet des mouvements contemporains, elle est concentrée sur son travail de graphiste et de bibliophile, ainsi que sur ses créations de verrerie. On la cherche vainement dans deux histoires de l’art, parues en Français à cette époque. Edité chez Jan Stenc en 1920, le remarquable livre d’Antoine Matejeck : L’art Tchèque contemporain, Prague 1921 ne la mentionne pas. En 1937, édité chez Félix Alcan, l’ouvrage de V. N. Nebesky : L’art moderne tchécoslovaque (1905- 1933) ne la signale pas non plus.

Et, un peu plus tard, le 29 Février 1928, un numéro spécial du Figaro consacré à la Tchécoslovaquie, complet état des lieux de la jeune République, ne la classe pas dans le chapitre «  Arts plastiques », mais dans la rubrique L’Art du livre Tchèque. On lui reconnaît dans ce domaine un rôle fondateur.

Une exposition rétrospective lui sera pourtant consacrée en 1932 à Prague. Aucun document, aucun catalogue ne nous en est parvenu.

Zdenka Braunerova à la fin de sa vie
Zdenka Braunerova à la fin de sa vie. Un épuisement heureux.


Que reste t- il donc d’elle, ici, en France, maintenant ?

Ces lettres et documents littéraires que nous venons d’évoquer.

Un article dans le «  Bénézit » ( bien connu des chineurs Français, dictionnaire critique et documentaire des Peintres, Sculpteurs , Dessinateurs et Graveurs) : elle y est signalée comme ayant exposé au Salon de 1910  .

Les œuvres en mains privées: Une toile au Château de Brangues, demeure de Claudel : un paysage de l’époque Barbizon, Les bords du Loing donné et dédicacé au Poète en 1910. Deux aquarelles et quelques gravures rescapées des exactions et spoliations diverses, dans la famille Brauner en France.

Le souvenir : extraits de nécrologies Françaises :

Dans la Revue de la quinzaine Mercure de France du 15 Juin 1934 sous la signature de Josef Cerv. :

«  Le 23 Mai dernier à midi, mourait à Prague Melle Zdenka Braunerova, artiste peintre, aquafortiste et qui, très habilement, sut remettre en honneur la vieille industrie populaire de bohême du verre peint et décoré…Personnalité extrêmement populaire parmi les artistes de Prague… elle nous intéresse particulièrement ici parce qu’elle fut la belle sœur d’Elémir Bourges » Nous revoilà dans la simplification regrettable…

Beaucoup plus juste, dans L'Europe Centrale du 2 Juin 1934, sous la signature de Junia Letty,  « En Zdenka Braunerova qui vient de mourir à Prague âgée de 76 ans mais en pleine force créatrice, a disparu la dernière des grandes «  éveilleuses  »  de la nation, la dernière de ces femmes d’élite qui furent les compagnes et parfois les émules en vaillance et en talent des Havlicek , des Palacky, des Rieger. Sa vie, riche et fêtée lui avait laissé une ingénuité d’enfant et le don de s’émerveiller toujours à nouveau …Zdenka Braunerova était de l’avis de tous les spécialistes, la créatrice du livre tchèque moderne dans l’ornementation duquel elle avait subtilement mêlé à des souvenirs français, des motifs baroques et des suggestions de folklore. Cette unité précieuse qui était son secret, se retrouvait dans le caractère et l’existence de cette artiste cosmopolite, qui était chez elle à Paris comme à Rome, mais n’était jamais aussi pleinement elle même qu’à l’ombre d’une église de son quartier ou en communion avec sa terre natale dont elle nommait toutes les plantes par leur nom. Cette vie où s’équilibraient, dans un ensemble d’une harmonieuse audace, la religion, l’art et l’amitié, fut la plus réussie de toutes ses œuvres. »

Un témoin à transmettre :

Talent dans les œuvres, génie dans la vie… Les éléments disparates quelques fois dérisoires quelques fois très précieux, que nous avons recensés le montrent : Zdenka Braunerova a tracé entre la France et la Bohême un lien singulier et fécond.

Sur un plan personnel, ce lien, plein des tristesses consolatrices et des gaîtés irrémédiables qu’elle appelait dans sa jeunesse, s’est crée à travers les êtres exceptionnels qu’elle a su toute sa vie, attirer autour d’elle.

Sur un plan général, le rôle de Braunerova à cette époque qui parait à la fois proche et reculée, montre à l’évidence l’entière conversion de sa francophilie au bénéfice de la Bohême raffinée, irréductible, avant tout catholique et baroque, à la quelle elle croyait profondément : ce pays où à travers les arts, l’architecture, la musique, elle savait qu’on trouverait toujours une de plus belles expressions de la culture Européenne.

Si l’on sait s’en souvenir, tenter de le comprendre, le ranimer en tout cas, l’itinéraire libre et anticonformiste de Zdenka Braunerova, qui a nourri tant d’échanges et déclanché tant d’influences, peut en tant que «  témoin » être encore utile à nos deux pays. C’est pourquoi je dédie cette étude réalisée du versant Français, aux futurs étudiants et chercheurs Tchèques francophones qui, à Prague, disposent de l’essentiel des belles traces de Braunerova, Bohême, femme et Européenne, tout compte fait, d’avant-garde.

Brigitte Brauner
27 Septembre 2011


Organisée avec l’association «  L’amitié Franco - Tchéco-Slovaque » et le Centre Culturel Tchèque, cette conférence a été prononcée le 27 Septembre 2011, 18 Rue Bonaparte à Paris.

Le texte en a été publié dans le bulletin 2011/ 7 de l'AFTS, 91 f avenue de Strasbourg 54OOO Nancy. Directeur de publication: Professeur Eugène Faucher.

Bibliographie complète sur demande.

Illustrations : Fonds Braunerova, Musée de la Bohême Centrale à Roztoky. République Tchèque. Catalogues Miroslav Vlk et Marcela Sasinkova.


1 Aubier, 2008.

2 Schwab, R « La Vie d’Elémir Bourges », Stock 1948.

3 Archives personnelles.

4 Schwab, R., La vie d’Elémir Bourges, Paris, Stock, 1948.

5 Archives personnelles.

6 Archives personnelles.  

7 Schwab, R, «  La vie d’Elémir Bourges  », Stock 1948.

8 « Ecrivains fin de siècle », Gallimard 2010.

9 Marie. G. « Elémir Bourges ou l’éloge de la grandeur », Mercure de France 1962. 

10 Marie G,  «  Elémir Bourges ou l’éloge de la grandeur », Mercure de France 1962.

11 « Deux frères deux sœurs », Paris 1951.

12 «  Souvenirs de ma vie », Editions Phébus, 2002.

13« Dictionnaire égoïste de la Littérature Française » , Grasset 2005.

14 Collection personnelle.

15 Corti 1960.

16 Fonds Bourges .Bibliothèque Nationale.

17 Bibliothèque de l’Arsenal, collection Lambert.

18 Archives personnelles.

19 Archives littéraires de Prague.

20Archives littéraires de Prague.

21 Cahier Paul Claudel 9 «  Prague » 1971. Gallimard.

22 Paul Claudel «  Œuvre Poétique ». La Pléiade .Gallimard, pages 441 et 896 .

23 Paul Claudel. «  Journal » tome I, La Pléiade Gallimard.

24 Paul Claudel. «  Journal » ,tome I, La Pléiade . Gallimard :

25 Paul Claudel. «  Œuvre poétique », page 896, La Pléiade. Gallimard. 

26cf Professeur E. Faucher, analyse page 40 du bulletin 199 de la Société Paul Claudel.

27 Archives personnelles.

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