La presse

SOMMAIRE




Cette comédie se déroule dans un décor qui aurait fait plaisir à Line Renaud, celui d’une cabane au Canada, elle nous dresse un portrait vitriolé des stages de ‘développement personnel’ et du milieu associatif. Ici, il n’est pas question de rigoler et de prendre du bon temps, l’objectif est d’aller au bout de soi même. Marie-Jo, la responsable du stage est une vraie ‘pro’ – «que j'aie une stagiaire ou que j'en aie 50, je m'investis autant», dit-elle – Ce huis clos qui se joue avec trois personnages ne se veut en aucun cas une réflexion philosophique sur les méandres de l’âme humaine mais veut simplement fustiger nos différents travers. Malgré quelques dissonances nous allons voir s’affronter les différents protagonistes de cette loufoque histoire. Le rôle du gourou est tenu par Attica Guedj, celui du musicien raté, mythomane et nonchalant par Jean Luc Pourraz (le cabot de service dans André le magnifique et le locataire explosif dans la pièce, l’inscription de Gérald Sibleyras), alors que Joëlle Seranne, magnifique d’exubérance et de courage interprète avec un certain bonheur la seule et unique stagiaire, Béatrice. Cette dernière est le personnage pivot de la pièce amenant avec un naturel désarmant sa part de féminité, d’imprévisible et de manipulation. Bien sur les rôles vont se renverser, le moteur du comique et la réalité des personnages ne peuvent passer que par là. Elle donnera lieu à des situations cocasses mais souvent il faut bien le dire un peu répétitives. Au delà de la confrontation et des règlements de comptes qui s’installent apparaissent inévitablement les failles, la réalité des individus et la fin du jeu des apparences. Ce qui change, ici c’est l’approche empathique des auteurs pour les personnages. Il n’est point question de jugement ni de pathos mais plutôt d’une vision émouvante de l’individu dans ses failles et ses contradictions. Cette approche donne à cette pièce une dimension sociologique qui ne peut que nous renvoyer à nous même. L’écriture d’Olivier Dutaillis qui s’était fait connaître comme auteur ‘des grandes personnes’ et de Joëlle Seranne trouve là une dimension émouvante. La mise en scène fine de Stéphane Meldegg s’adapte parfaitement aux différentes situations sachant avec tact nous faire passer de la parodie à l’émotion. Au final une comédie qui allie le rire et l’émotion et remporte pour cela notre adhésion.