| Une rentrée théâtrale à l’anglaise
 Stephan Meldegg a encore frappé. Incorrigible. Il vient de nous 
          dénicher sous les cailloux du comté de Kerry un de ces petits trésors 
          de ballade populaire à trente-six voix et davantage dont il a le 
          secret et qui toujours nous attendrira par sa malice et son humanité : 
          Des cailloux plein les poches. Cela nous rappelle le temps heureux où 
          le même Meldegg nous offrait il y a trente ans le merveilleux Bois 
          lacté de Dylan Thomas qui n’était pas irlandais certes, mais celte 
          quand même. Cette fois Meldegg a fait encore plus fort. Car ces 
          cailloux plein les poches sont à deux personnages mais qui en jouent 
          quinze ! Et quels personnages, hauts en couleurs, typés, folkloriques, 
          rassemblés sur le plateau d’une production hollywoodienne dont les 
          figurants sont les habitants hébétés d’un village perdu au fond de la 
          lande irlandaise, whiskey, tourbe, humour, bonne humeur, détresse et 
          compagnie. Tout Meldegg ! Avec ce doigté, cette virtuosité à meubler 
          et animer une scène de théâtre.
 
 Et quels acteurs ! Deux phénomènes, deux clowns superbes, élastiques, 
          frégoliques, désopilants et touchants : le grand Christian Pereira et 
          le merveilleux petit Eric Métayer qui nous envahissent le cœur et les 
          yeux de plaisir et d’émotion.
 Ajoutons que le texte de Marie Jones est d’une jolie sensibilité, très 
          altermondiste mais avec intelligence. Un régal.
 
 Philippe Tesson
 Le 20 septembre 2003
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